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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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n’y avait que quelques pièces où Morozzi pouvait vous emmener sans éveiller vos soupçons, si son intention était bien de vous piéger. Alors, j’ai cherché jusqu’à ce que je vous trouve.
    Avec quelle aisance minimisait-il l’exploit qu’il avait accompli en nous sauvant la vie ! J’étais sur le point de le lui dire lorsque nous arrivâmes à hauteur d’une meurtrière. Soudain, je me retrouvai à contempler la ville : je distinguais clairement la basilique en ruine, ainsi que le fleuve tout proche, dont les méandres allaient se perdre dans l’obscurité.
    — Quelqu’un d’autre est-il au courant pour ici ? demanda David.
    Je voyais où il voulait en venir. Morozzi avait sonné l’alarme ; si les gardes connaissaient la cheminée d’aération, nous serions de nouveau piégés.
    — Ils sont fichtrement peu, répliqua Vittoro. La plupart des gars n’étaient pas curieux comme moi. Mais si quelqu’un sait quelque chose, il ne dira jamais rien à ce prêtre fou, de toute façon.
    David n’avait pas l’air convaincu :
    — Et pourquoi pas ?
    Le capitaine lui fit un grand sourire.
    — Parce qu’ils veulent que Borgia soit le prochain pape, voilà pourquoi. Ils savent qu’il prendra soin d’eux, bien mieux que les autres cardinaux.
    — Borgia ne peut pas être pape, l’interrompis-je. Plus maintenant. Morozzi va semer le doute en l’accusant de nous avoir envoyés tuer Innocent. Toutes les richesses qu’il aura réussi à accumuler ne pourront rien contre ça.
    — Morozzi ne dira pas un mot, rétorqua Vittoro. Oh, bien sûr, il en aura envie, mais il comprendra qu’avec vous envolés, il n’a aucune preuve.
    J’étais en train de me dire qu’il avait peut-être raison, après tout, lorsque David intervint :
    — C’est bien beau tout cela, mais qu’en est-il de mon peuple si Innocent vit suffisamment longtemps pour publier l’édit ?
    Il me regarda intensément. À présent que je savais que c’était Morozzi, et non Innocent, qui avait ordonné l’assassinat de mon père, David pouvait être pardonné de douter de ma motivation à finir ce que nous avions commencé. Mais en cela il se trompait. De fait, entre le moment où j’étais entrée pour la première fois dans le ghetto et celui où j’en étais sortie avec la fiole du sang de Rébecca, les juifs étaient devenus des êtres humains, pour moi. Ce sentiment nouveau ne diminuait en rien ma soif de vengeance, mais avait engendré en parallèle une féroce envie d’accomplir la mission pour laquelle mon père avait donné sa vie et, ce faisant, de priver Morozzi de la victoire.
    Empoignant le bras de Vittoro, je m’exclamai :
    — On ne peut pas partir, pas encore. On doit finir ce pour quoi on est venus ici au départ.
    Vittoro me regarda comme une démente.
    — Je ne peux pas vous mener à Innocent, encore moins maintenant. Morozzi se taira peut-être, mais on peut être sûrs qu’il va s’assurer de la sécurité du pape.
    — Soit, mais il pense m’avoir dérobé le moyen par lequel je projetais de tuer Innocent. (J’expliquai brièvement à Vittoro l’histoire du médaillon.) Il croit nous avoir désarmés, mais il se trompe.
    — Par le diable, mais comment ? lança Vittoro impérieusement.
    Plongeant la main sous ma robe, j’extirpai la fiole d’une petite bourse matelassée. Vittoro l’examina pendant que j’expliquai :
    — Car j’ai toujours le moyen de tuer Innocent, et je n’ai pas besoin de m’approcher de lui. Il me suffit de trouver l’endroit où l’on garde prisonniers les garçons que l’on saigne pour lui.
    Le capitaine prit une profonde inspiration, puis souffla lentement. Je vis l’incertitude se peindre sur son visage. Il savait bien que la sagesse lui dictait de nous faire sortir du castel le plus vite possible. Innocent allait mourir de toute façon, probablement sous peu, et Borgia aurait enfin l’occasion de devenir pape.
    Mais rien de tout cela n’aurait lieu à temps pour empêcher la destruction du peuple juif. À présent, plus que jamais, ce fou de Morozzi serait déterminé à faire en sorte que l’édit soit publié dans les plus brefs délais.
    — Le Cardinal…, commença Vittoro.
    — Est-ce lui qui t’a envoyé ici ? l’interrompis-je, soucieuse de le stopper avant qu’il ne dise ce que je craignais d’entendre.
    C’était l’homme de Borgia, il me l’avait fait assez clairement comprendre. Mais cela signifiait-il qu’il allait faire passer les

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