Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
Vom Netzwerk:
autres.
    Lorsque je rouvris les yeux, le médecin en avait terminé avec la saignée et était en train de transférer le sang dans une jatte sur la table, à côté du au lit. Laissé sans surveillance, l’enfant continuait à saigner. Il gémit de nouveau, et je dus mettre mon poing dans la bouche pour m’empêcher de hurler.
    David me serra l’épaule, inclina la tête de côté en silence pour me rappeler de rester en arrière, et s’avança auprès du médecin. Sa tenue de frère dominicain le couvrait entièrement : ses bras pliés étaient dissimulés dans les manches de sa robe, son visage complètement caché par le capuchon. Il prit garde de pencher la tête en signe de déférence et de parler d’une voix douce.
    — Signore dottore , dit-il, le père Morozzi m’envoie vous chercher.
    L’homme leva les yeux, fixa David un instant puis fronça les sourcils.
    — Il sait que je suis occupé.
    — Bien sûr, signore, mais il dit que c’est urgent. Si vous aviez l’obligeance de venir avec moi, je suis sûr que cela ne prendrait que quelques minutes.
    Le médecin hésita. L’idée de contrarier Morozzi semblait le déranger, tout autant que d’interrompre sa tâche.
    — Le traitement du Saint-Père n’est pas prêt. Je ne peux partir…
    — Mon frère dans le Christ le surveillera pour vous, lui dit David en s’écartant pour me montrer.
    J’imitai David en gardant tête penchée et mains dissimulées, car je savais pertinemment que leur simple vue trahirait mon sexe.
    L’espace d’un instant, je crus que le médecin allait refuser, mais il finit par secouer la tête en signe d’exaspération et s’écarta du lit. « Ne touchez à rien » me dit-il en passant. En quittant la pièce, David me lança un bref regard, destiné à me rappeler que j’avais très peu de temps devant moi.
    À peine les deux hommes sortis, j’entrai en action en m’approchant du lit. L’enfant que l’on venait de saigner me fixa attentivement. J’approchai un doigt de mes lèvres en priant pour qu’il garde le silence, et sortis prestement la fiole de sang de sous ma robe. Ses camarades d’infortune ne bougeaient pas du tout ; ils étaient certainement trop terrifiés ou affaiblis pour se rendre compte de ce qu’il se passait.
    Il fallait encore que je trouve comment me débarrasser du sang déjà présent dans la jatte. L’odeur de cuivre qui s’en dégageait me donna la nausée. Je retins ma respiration, pris le bol à pleines mains et regardai désespérément autour de moi. Du coin de l’œil, je vis le garçonnet bouger. Il leva l’autre bras, lui aussi couvert de traces d’incisions, et m’invita de son doigt à regarder sous le lit.
    Je fonçai tête baissée en faisant bien attention à la fiole, et extirpai le pot à pisse. Avec un soupir de soulagement, je versai le sang dedans et remisai le pot sans ménagement où je l’avais trouvé. Je secouai ensuite la fiole plusieurs fois comme Sofia me l’avait recommandé, afin que le sang se mélange de nouveau : il avait commencé à se séparer en un sérum fluide et jaunâtre au-dessus et un liquide rouge plus épais (solide, presque) au-dessous. Je vérifiai bien et versai tout de suite le contenu de la fiole dans la jatte, que je reposai sur la table à l’endroit exact où elle se trouvait au départ.
    Pendant tout ce temps, le petit garçon me regarda faire en silence. À peine en avais-je terminé que j’entendai la voix de Vittoro dans le couloir, où il avait attendu pour intercepter David et le médecin.
    — Mille excuses, dottore , était-il en train de dire. Le père Morozzi a dû partir subitement, mais je suis certain qu’il voudra vous parler dès son retour.
    — Quelle barbe de me faire ainsi perdre mon temps, se plaignit le médecin. Il sait pourtant bien que je ne peux pas être partout à la fois. Et le Saint-Père qui attend !
    En arrivant dans la chambre, il me surprit en train de mettre un bandage sur le bras du garçon. Je n’aurais pas dû, assurément. Non vraiment, je ne peux expliquer cet acte, mis à part que ce n’était qu’un enfant, terrifié et souffrant. Pour sûr vous auriez fait la même chose à ma place.
    — Mais qu’est-ce que vous faites ? s’écria le docteur. Je vous avais dit de ne toucher à rien.
    David s’avança promptement.
    — Frère… Francis voulait bien faire, dottore . Avant, il s’occupait de… chevaux. Je suis sûr qu’il ne cherchait pas à mal, n’est-ce pas,

Weitere Kostenlose Bücher