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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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avais pas terminé, lorsqu’une voix au-dessus de nous s’écria :
    — Ah, enfin ! Je vous ai cherché partout.
    Traitez-moi de sotte si vous le souhaitez mais pendant le plus bref des instants, là, dans l’obscurité et sur le point de mourir, j’étais tellement à bout de nerfs que je crus avoir entendu le Tout-Puissant, et Il ne ressemblait en rien à ce que l’on m’avait appris. Loin d’être ce créateur omniscient devant lequel nous devions trembler et nous prosterner d’adoration, Il m’évoquait plutôt le berger aimant, quoiqu’un peu exaspéré, parti à la recherche de ses brebis égarées – c’est-à-dire nous.
    Manifestement je me trompais, je le savais. Et en même temps, je ne savais rien de tout cela. Car une idée persistait, dans mon esprit : assurément, le Dieu qui a créé le Paradis et la Terre est capable de parler à travers la bouche d’un homme ? Sinon, comment s’y prendrait-Il pour parler aux hommes ? Ou plus précisément, en l’occurrence, à une femme ?
    Je levai les yeux, stupéfaite. Un carré de lumière perçait l’obscurité, révélant une brèche dans le mur, tout près du plafond. Et dans ce halo de lumière, nous scrutant du regard, je vis un visage familier.
    — Vittoro ! m’exclamai-je. Mais comment… ?
    Une corde tomba directement devant nous.
    — Plus tard, Donna. Pour l’instant, on doit sortir de là.
    David me saisit par la taille et me souleva. J’attrapai la corde et, faisant mes prières, montai du mieux que je pus. Mon cœur s’emballa douloureusement et les bras m’en brûlèrent, mais finalement, après ce qui me parut être un temps interminable (alors qu’à peine quelques minutes avaient dû s’écouler), je passai la tête dans l’embrasure. Vittoro me hissa promptement dans un passage creusé dans la pierre, au plafond si bas qu’il fallait ramper.
    En un éclair, David suivit. Nous nous pressâmes ensemble autour de l’étroite ouverture. Vittoro s’empara de la lampe qu’il avait apportée avec lui et désigna d’un geste l’obscurité derrière lui.
    — Ce chemin mène aux remparts. Vous serez sortis d’ici en un rien de temps.
    En dessous, j’entendis la herse se relever. Morozzi était revenu avec la garde.
    — Apportez d’autres torches ! cria le prêtre, puis : « Où sont-ils ? Mais où sont-ils !  »
    Pliés en deux quasiment, nous décampâmes aussi prestement et silencieusement que possible à la suite de Vittoro, qui se mouvait avec une rapidité étonnante pour son âge. Je me cognai à plusieurs reprises contre la pierre, et bien trop rapidement genoux et coudes commencèrent à m’élancer. Je n’osais imaginer combien cela devait être pénible pour David (qui était plus grand encore que Vittoro), mais le rythme régulier de sa respiration, tout près de moi, me rassura sur le fait qu’il s’en sortait bien. Ma robe de moine ne cessait de s’enrouler autour de mes jambes, entravant ma progression ; puis le passage se mit à monter, et la progression fut encore plus difficile.
    Lorsque nous fûmes suffisamment loin de notre cachot pour parler sereinement, je repris mon souffle et demandai :
    — Où est-on ?
    Vittoro répondit par-dessus son épaule :
    — À l’intérieur de l’une des cheminées d’aération qui courent tout le long du castel . Les anciens qui ont construit cet édifice n’étaient pas des sots. Ils ont bien vu que les Romains étaient nombreux à vouloir se recueillir devant la tombe de l’ancien empereur. Sans aération, ils n’auraient pas pu allumer de torches, et encore moins respirer. Ils ont donc trouvé la parade avec ces conduits.
    Je songeai aux pièces sans fenêtres que nous avions traversées et acquiesçai.
    — Comment nous avez-vous trouvés ? demanda David derrière moi.
    À la lumière vacillante, je vis Vittoro esquisser un sourire.
    — J’avais une idée assez précise de ce que vous aviez l’intention de faire, et je me suis dit que j’allais garder un œil sur vous au cas où votre « ami », là-bas, s’avérerait être un problème.
    Je remerciai Dieu qu’il l’ait fait mais, tout de même, j’étais stupéfaite.
    — Je ne comprends pas. Comment as-tu même su où chercher ?
    — J’ai servi ici pendant dix ans, et la plupart du temps c’était d’un ennui mortel. Pour ne pas devenir fou, je me suis amusé à explorer les moindres recoins de la forteresse et à découvrir tout ce que je pouvais sur son histoire. Il

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