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Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia

Titel: Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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frère Francis ?
    Je hochai la tête en silence, tout en priant ardemment pour que le dottore et les gens de son espèce finissent dans le septième cercle de l’Enfer. Je pris grand plaisir à l’imaginer plongé dans le fleuve de sang bouillonnant que l’on nomme le Phlégéthon, où j’espérai de tout cœur qu’il passe l’éternité.
    — Nous allons vous laisser, fit Vittoro. De nouveau, toutes nos excuses, dottore .
    Le médecin continuait encore à maugréer que nous avions déjà remonté le couloir.
    — As-tu réussi ? demanda David en chemin.
    Je lui assurai que oui et nous repartîmes d’où l’on venait, dans l’étroit corridor, puis dans la cheminée menant au toit, que nous retraversâmes dans l’autre sens pour nous engouffrer dans un autre passage débouchant sur une seconde cour, à l’étage de la garnison. Le temps que nous arrivions là, je comprenais parfaitement ce que Vittoro voulait dire en affirmant que même les rats devaient se perdre dans le castel . J’étais totalement désorientée et n’aurais eu aucune idée de la direction à prendre si le capitaine n’avait été là pour nous guider.
    Soudain surgit une patrouille : une dizaine de gardes portant plastrons de cuirasse, casques à plumes et hallebardes. Ils avançaient au trot. Plus loin, nous entendions le martèlement d’autres bottes.
    Nous nous précipitâmes vers un recoin obscur et attendîmes qu’elle passe. Mon cœur battait la chamade, malgré les protestations indignées de mes côtes. Si nous étions pris maintenant, Morozzi aurait plus d’éléments qu’il n’en fallait pour nous accuser. Quelqu’un finirait par lui dire que nous nous étions trouvés à proximité du sang destiné au pape. Les garçonnets seraient soumis à la question…
    L’envie de vomir me monta à la gorge. J’implorai Dieu comme jamais auparavant mais cela ne convenait toujours pas, car mes prières consistaient essentiellement à mettre en garde le Seigneur sur le fait que s’Il permettait à une telle chose d’arriver, j’y verrais la preuve qu’Il était un imposteur, un charlatan ne méritant pas notre adoration. Ce qui n’est probablement pas la meilleure façon d’obtenir les faveurs du Tout-Puissant.
    — Ils vont fermer toutes les issues, expliqua Vittoro lorsque la patrouille se fut éloignée. La seule chance de Morozzi à présent est de vous empêcher de sortir d’ici.
    — Mais tu as déjà songé à cela, poursuivit David. N’est-ce pas ?
    Le capitaine haussa les épaules.
    — À dire vrai, j’étais plus intéressé par le fait de vous trouver. Pour le reste, je m’étais dit qu’on verrait plus tard.
    — Il doit bien y avoir un endroit où nous cacher, suggérai-je prestement. Jusqu’à ce que le calme revienne. Ensuite, il nous suffira de nous éclipser discrètement.
    — Il y en a même cent, répliqua Vittoro en secouant la tête, peut-être plus, mais vous risquez d’être pris dans chacun d’eux. Il serait plus sage de vous faire sortir maintenant. Je vais rester en arrière et semer la confusion autant que je le peux. Les gars ne m’en voudront pas. Comme je l’ai dit, ils sont du côté de Borgia.
    — Le capitaine a raison, intervint David. En plus, si notre plan a fonctionné et qu’Innocent meure, le castel sera totalement verrouillé jusqu’à ce que tout le monde ait obtenu sa part du butin.
    Je ne pouvais qu’approuver son analyse. Je me souvenais par trop de ce qui s’était passé à la mort de Sixte iv, huit ans auparavant. En compagnie de mon père et d’une grande partie de la maison de Borgia, j’avais été évacuée à la campagne pendant que le Cardinal livrait sa grande bataille (perdue d’avance) pour obtenir la papauté. Il y avait eu des émeutes dans les rues et des incendies dans toute la ville, et le chaos avait régné jusqu’à ce que le conclave élise enfin le candidat du compromis. Cela pouvait fort bien arriver de nouveau.
    — Vous devez sortir d’ici, trancha Vittoro. (Il jeta un bref regard autour de lui et prit une décision.) Par ici.
    Nous prîmes un escalier ; à peine avions-nous eu le temps de descendre quelques marches que nous devions nous arrêter net pour laisser passer une autre patrouille. Appuyée contre le mur, je retins mon souffle en voyant un jeune garde regarder par-dessus son épaule et froncer les sourcils, comme s’il avait vu ou entendu quelque chose. Il finit par continuer son chemin, et je pus enfin respirer,

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