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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chaîne remontait et disparaissait comme par miracle. Les religieux refermaient alors la fosse. Et, le repas terminé, les hommes en blanc se levaient de table et, après avoir rendu grâces à Dieu, s’en retournaient d’où ils étaient venus.
    Les deux anciens disaient alors à Perceval : « La chaîne d’or que tu as vue est extrêmement précieuse, et la couronne aussi. La salle où nous nous tenions est une salle royale, sache-le bien, et tu y reviendras le jour où tu verras apparaître, devant la cité de Sarras, une nef dont la voile sera ornée d’une croix vermeille. Son apparition te signifiera que vient de t’échoir la couronne d’or. Alors, tu seras roi d’une île qui est toute proche d’ici, et où l’on trouve tout en abondance, où nul ne manque des biens nécessaires à l’existence d’êtres humains, car un homme de grande valeur y a régné et l’a ainsi amplement pourvue. Celui-ci ayant été ensuite, pour tous ses bienfaits, choisi pour être roi d’un plus grand royaume, les habitants de l’île désirent à présent que son successeur soit d’égale valeur. Veille donc, Perceval, lorsque ce jour viendra, à te montrer digne de leurs espérances, car c’est une terre bénie que cette île-là, sois-en certain. Fais en sorte également d’y transporter les corps de ta sœur et du Bon Chevalier dont le bouclier était orné d’une croix vermeille. » C’est à ce moment-là que Perceval s’était réveillé, abasourdi par tout ce qu’il venait de voir et d’entendre dans son rêve.
    « Que penses-tu de tout cela ? demanda-t-il à Bohort. – Je sais une chose, répondit Bohort, et cette chose est certaine : avant de mourir, Galaad t’a dit que tu étais désormais le gardien des merveilles. » Perceval demeura un long moment silencieux. « Les merveilles ! murmura-t-il, quelles pourraient-elles être, à présent que le saint Graal a disparu ? – Tu oublies la chaîne et la couronne d’or, répondit Bohort, et tu ne sais ce qu’est la fosse que tu as vue dans ton songe, la fosse d’où s’échappaient tant de cris. – C’est vrai, admit Perceval, et je voudrais bien percer tous ces mystères. Vois-tu, Bohort, nous avons été, nous, témoins de prodiges que personne d’autre n’a eu le bonheur de contempler, mais je ressens toujours en moi un grand vide, quelque chose comme si j’étais passé à côté d’un immense trésor sans même le remarquer. – Nous ne sommes que des hommes, répondit Bohort, et nous ne voyons que ce que Dieu juge bon de nous montrer. »
    Bohort demeura plus de trois mois auprès de Perceval. Un jour que celui-ci se trouvait dans la salle du Palais Spirituel, priant devant la tombe de Galaad, il entendit sonner très haut une trompette d’airain, du côté de la mer, et cet appel lui rappela le songe qu’il avait fait. Il s’approcha d’une fenêtre et, regardant au-dehors, aperçut une grande nef dont la voile était ornée d’une croix vermeille. Quand la nef eut jeté l’ancre dans le port, Perceval en vit sortir des hommes vêtus de blanc qui portaient deux magnifiques coffres, l’un d’or, l’autre d’argent. Ils se dirigèrent tout droit vers le Palais Spirituel et y pénétrèrent. Là, ils ouvrirent le tombeau de Galaad et déposèrent le cercueil dans le coffre d’or. Puis, ils procédèrent de même avec celui de Lawri qu’ils déposèrent dans le coffre d’argent. Une fois refermés les coffres, ils les transportèrent dans la nef, Perceval les y suivit.
    Mais, avant de monter à bord, Perceval prit Bohort dans ses bras et lui dit : « Bohort, mon ami très cher, je dois suivre le destin que Dieu a tracé pour moi. Je ne te reverrai plus, mais sois sûr que je te garderai dans mon cœur tant que je vivrai. Salue pour moi le roi Arthur, la reine Guenièvre et tous nos compagnons de la Table Ronde. Car tu dois revenir à la cour et rendre compte de ce que nous avons fait. » Les larmes inondaient les joues de Bohort tandis que Perceval s’embarquait. Les hommes en blanc levèrent l’ancre et la nef, dont les voiles étaient gonflées par un vent puissant, eut tôt fait de disparaître à l’horizon, sous les yeux ébahis des habitants de Sarras qui s’étaient rassemblés pour regarder ce surprenant spectacle.
    Le lendemain, Bohort constata que le Palais Spirituel commençait à se détériorer. Pierre par pierre, les murs s’effondrèrent tout au long de la journée et, le soir, il ne resta

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