Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
dâinvincibilité. Les frappeurs adverses me voyaient débarquer dans un match et ils se disaient:
â Il nous reste seulement une manche à disputer et nous avons besoin de deux ou trois points pour remporter le match. Il nây a pas une chance au monde que ce gars-là les accorde.
à ce moment-là , dès quâils se présentaient dans le rectangle, les frappeurs avaient déjà  â mentalement â une ou deux prises contre eux.
Mais à Boston, ils flairaient lâodeur du sang. Ils percevaient une faille dans mon armure et sentaient que mon niveau de confiance nâétait plus aussi élevé. Et ils étaient nettement plus à lâaise. Tous croyaient désormais avoir une bonne chance dâobtenir un coup sûr ou un but sur balles à mes dépens.
Le 17 août, cinq jours après le circuit que jâavais accordé à Miguel Tejada à Baltimore, nous disputions un programme double contre les Angels dâAnaheim au Fenway Park. Nous avions remporté le premier match, dans lequel Paplebon avait été crédité du sauvetage.
Et dans la deuxième rencontre, nous jouissions dâune avance de 5 à 4 en neuvième, quand Francona mâa désigné pour fermer les livres et faire mentir ce vieil adage du baseball qui veut que les programmes doubles soient faits pour être divisés.
Le gérant des Angels, Mike Scioscia, a alors remplacé son huitième frappeur, Ryan Budde, par un frappeur suppléant, Reggie Willits.
Ce dernier a amorcé la manche en cognant un ballon dans lâallée de gauche. Un retrait.
Par la suite, le rythme du match a commencé à sâaccélérer jusquâà ce que jâen perde le contrôle: un but sur balles à Casey Kochman; des simples à Chone Figgins et Orlando Cabrera, suivis dâun solide double de Vladimir Guerrero.
Quand la manche a pris fin, les Angels détenaient une avance de 7-5. Et câest sur cette note que sâest soldée la rencontre.
En deux semaines à Boston, jâavais déjà bousillé plus de rencontres que je ne lâavais fait en quatre saisons et demie, entre 2002 août 2007.
Dans les gradins, un refrain connu:
â Gagné! I will fucking kill you!
Je ne pouvais jamais identifier les gens qui criaient des choses semblables. Je regardais constamment en direction du terrain en feignant de ne rien entendre. Parce que dès que je levais la tête pour jeter un coup dâÅil dans les gradins, cela avait pour effet de susciter encore plus dâinsultes et de commentaires désobligeants.
à un certain moment, cette atmosphère a commencé à me faire lâcher prise. Il était évident que je nâallais pas pouvoir renverser la vapeur et contribuer aux succès de cette équipe comme je lâavais espéré.
Lorsque je jouais au Texas, il y avait sur un mur du bureau de Ron Washington un écriteau qui mâétait resté en mémoire et qui disait:
â Les gens ne se souviendront pas de ce que vous avez fait, ils vont se rappeler de la manière dont ils se sentaient lorsquâils étaient avec vous.
Todd mâavait aussi répété souvent:
â Ãric, sois juste un bon coéquipier. Parce que les gens vont toujours sâen rappeler.
Et dans cet esprit, je me suis dit que la meilleure chose à faire dans les circonstances était dâagir comme le meilleur des coéquipiers. à défaut de pouvoir aider les gars sur le terrain, au lieu de mâapitoyer sur mon sort, jâallais déployer tous les efforts pour faire preuve de positivisme et essayer de les aider dans la mesure du possible.
Il nâétait pas question que je devienne la pomme pourrie de ce vestiaire. Les Red Sox formaient une très bonne équipe et les joueurs avaient essayé de mâaider à sortir du trou dans lequel je mâétais enfoncé. Câétait donc la moindre des choses que de tenter de leur renvoyer lâascenseur, aussi modestes mes résultats puissent-ils être.
Par exemple, jâaimais beaucoup mâasseoir et jaser du métier avec Paplebon. Et jâessayais de partager avec lui les expériences que jâavais vécues dans différentes situations, en espérant que cela puisse un jour sâavérer utile. Jâessayais de lâaider, ainsi que les autres
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