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Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Game Over - L’histoire d’Éric Gagné

Titel: Game Over - L’histoire d’Éric Gagné Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Martin Leclerc
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nous quittions la salle familiale des Red Sox pour rentrer à la maison, il nous fallait traverser des allées remplies de partisans. Nous étions là, ma femme et moi, tenant par la main ou transportant dans nos bras nos trois enfants en bas âge, et des gens m’insultaient, d’autres allaient jusqu’à lancer des objets dans notre direction.
    J’avais été estomaqué par le comportement des partisans qui m’avaient apostrophé quelque temps plus tôt dans le bar de l’hôtel à Baltimore. Mais là, nous venions d’atteindre un niveau de bassesse épouvantable. Il n’y avait aucun respect pour la famille, pour les enfants, ou pour ce que j’avais accompli dans le passé. Il n’y avait plus de respect pour quoi que ce soit.
    J’ai vécu à Boston exactement l’inverse de ce que j’avais connu à Los Angeles.
    Quand j’étais chez les Dodgers, les partisans capotaient dès que je me levais pour commencer à m’échauffer. Les gens de L.A. chantaient, hurlaient et dansaient quand je faisais mon entrée sur le terrain. Le Dodger Stadium était magique pour moi. Je m’y suis même fait ovationner après avoir saboté la sortie qui a mis fin à ma séquence de 84 sauvetages consécutifs.
    Ã€ Boston, par contre, je me faisais huer dès que je sortais la tête de l’enclos. Les gens me chahutaient même quand j’allais me chercher un verre d’eau! Je me faisais huer tout le temps, sans cesse. Les gens voyaient apparaître le bout d’un de mes souliers à crampons et ils se mettaient à exprimer leur répugnance.
    Peu de temps après les matchs à Baltimore, nous disputions un match à Boston et je venais de compléter une manche au monticule. Et juste comme je m’apprêtais à rentrer à l’abri, un spectateur m’a lancé une bouteille remplie d’eau. J’ai été chanceux, il m’a seulement atteint à une jambe. Estomaqués, des coéquipiers sont sortis de l’abri pour invectiver le type qui avait commis ce geste invraisemblable.
    Il y avait toujours une tension dans l’air. On pouvait ressentir, voir et entendre que les gens étaient furieux après moi.
    Ã€ travers tout cela, je tentais de rester concentré sur le plus important. Il fallait régler ces problèmes de tipping , corriger ma mécanique et recommencer à performer à la hauteur de mes capacités au plus sacrant. Nous avions des matchs à remporter. Et plus urgent encore: il fallait fermer la gueule à ces enragés.
    C’était devenu une obsession. Un désespoir. Je n’en dormais presque plus la nuit.
    Je me rappelle avoir réveillé Valérie à trois ou quatre heures du matin afin qu’elle puisse m’aider à corriger mon élan. J’étais juste à côté du lit et je lui demandais d’étudier mes élans et de me dire si elle percevait des différences de l’un à l’autre.
    â€” Tu es certaine que c’est pareil? Est-ce que tu penses que je devrais tenir mon gant un peu plus haut?
    La pauvre essayait de m’aider et de me rassurer du mieux qu’elle le pouvait.
    Les joueurs des Red Sox voyaient aussi que je me débattais comme un diable dans l’eau bénite pour tenter de renverser la vapeur. Et ils étaient tous extrêmement corrects avec moi. Ils faisaient preuve de beaucoup d’empathie. Des gars comme Mike Timlin, David Ortiz ou Manny Ramirez venaient me parler. Ils se montraient positifs et essayaient de désamorcer la situation.
    â€” Relaxe un peu! Va sur le monticule et amuse-toi, disaient-ils.
    Mais comment pouvais-je m’amuser? Je ne pouvais même plus aller capter des ballons durant l’exercice au bâton avant les matchs parce que les gens me huaient constamment. Qu’on le veuille ou pas, il est impossible de ne rien entendre quand 38 000 personnes te crient après.
    Il y a des athlètes qui sont capables de tracer une ligne très nette entre ce qu’ils vivent sur le terrain et la vie qu’ils mènent auprès de leur famille. Certains affirment qu’ils se foutent complètement du résultat des matchs et qu’ils oublient tout aussitôt qu’ils quittent le vestiaire.
    Pour ma part, j’en étais totalement incapable. Les aspects du rôle de closer que je

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