Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
Rockies du Colorado.
Entrés dans les séries éliminatoires par la porte dâen arrière, les Rockies avaient vécu une sorte de conte de fées pour se rendre jusquâà la série ultime.
Ils avaient été forcés de disputer un 163 e match en saison régulière pour déterminer qui, entre eux et les Padres de San Diego, allait mériter le droit de participer aux séries. Dans ce match suicide, les Rockies accusaient un retard de 6-8 en 13 e manche et, alors quâils étaient dans les câbles, ils avaient complété une spectaculaire remontée de trois points pour se sauver avec la victoire.
Avant dâarriver en Série mondiale, le Colorado avait déjà étonné le monde du baseball en balayant les Phillies de Philadelphie en trois matchs, puis les Diamondbacks de lâArizona en quatre rencontres.
En Série mondiale, toutefois, les Rockies ont rencontré leur Waterloo. Nous les avons balayés à notre tour, en quatre rencontres.
Je nâai effectué quâune seule présence dans cette série â dans le premier match â alors que nous détenions une avance de 13 à 1.
Nous étions à Denver le soir du 28 octobre, quand nous avons remporté la Série mondiale. Jâétais sincèrement heureux pour nos dirigeants â des gens de grande classe â ainsi que pour mes coéquipiers. Les Red Sox formaient une grande et belle équipe et ce titre leur revenait dâemblée.
Mais je me sentais incapable dâaller célébrer avec eux après le match. La fin de cette saison constituait pour moi la fin dâun cauchemar. Je suis donc simplement rentré à ma chambre dâhôtel et je suis allé retrouver ma famille en Arizona dès le lendemain matin.
Le défilé de la série mondiale était prévu pour le mardi 30 octobre dans les rues de Boston. Je ne voulais pas y participer. Jâavais passé les derniers mois à me faire conspuer par 38 000 spectateurs au Fenway Park et je nâavais vraiment pas envie dâaller mâoffrir en pâture à 2 millions de personnes!
En fin de compte, avec le support de mes proches, jâai décidé de mây rendre. Jâallais donc boire la ciguë jusquâà la dernière goutte. Et surtout, je nâallais pas fournir à mes détracteurs une raison de plus de me critiquer.
Le défilé sâest déroulé exactement comme je lâavais prévu. Même dans un moment de réjouissances aussi grandiose, et même sâil ne sâagissait que dâune seconde conquête en 89 ans pour leur équipe, les partisans des Red Sox mâont hué et crié des bêtises tout au long du trajet.
Pour faire diversion, jâavais déniché un t-shirt sur lequel il était écrit Yankees suck! Et à chaque fois que des gens me huaient, je brandissais le t-shirt. Les gens se mettaient alors à applaudir et ils recommençaient à festoyer. Il faut croire quâils détestaient encore plus les Yankees que moi.
Ce nâétait vraiment pas amusant comme parade. Il nây a rien qui se soit avéré amusant à Boston.
Au début de la saison 2008, on mâa remis une superbe bague commémorant cette septième conquête de la Série mondiale par les Red Sox. Encore aujourdâhui, jâai peine à la regarder. Elle ne me rappelle que de mauvais souvenirs.
Deux ans après mon passage au sein de cette équipe, à la fin dâaoût 2009, les Red Sox se sont retrouvés devant la possibilité de faire lâacquisition du releveur numéro un des Mets de New York, Billy Wagner. Ce closer , un redoutable gaucher qui avait participé à six matchs des étoiles, venait tout juste de revenir au jeu après avoir subi une greffe de tendon au coude, la fameuse opération à la Tommy John.
Réunis autour du casier de Jonathan Paplebon, les journalistes affectés à la couverture des Red Sox tentaient de déterminer si lâacquisition de Wagner dans un rôle de soutien allait sâavérer positive pour lâéquipe ou si elle allait produire le même genre de fiasco quâen 2007, quand Theo Epstein était venu me chercher au Texas.
â Gagné était excellent quand nous lâavions acquis. Gagné fut lâun des meilleurs coéquipiers que
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