Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
au bar pour boire une bière. Nous étions en train de discuter quand soudain, des gens se mettent à crier:
â Gagné fucking sucks!
Il y avait quatre ou cinq types qui mâinsultaient à pleins poumons! Des partisans de mon équipe! Sur le coup, je suis resté bouche bée. Je nâen revenais tout simplement pas et je me demandais à quoi cela pouvait bien rimer. Je nâavais jamais vécu pareille situation de toute ma carrière. Je nâavais même jamais entendu parler de scènes semblables à celle-là .
à partir de ce moment précis, jâai compris quâil nây aurait pas de lune de miel à Boston et que les choses allaient rapidement dégénérer si je ne parvenais pas rapidement à corriger ce foutu problème de tipping .
Jâai donc commencé à scruter les vidéos de chacun de mes matchs pour tenter de déceler les signes que je pouvais inconsciemment transmettre aux frappeurs. Et je me suis mis à passer des heures supplémentaires dans lâenclos afin de modifier ma mécanique. Un élan que jâavais passé des années à parfaire et à maîtriser.
Deux jours après cette pétarade, le 12 août, nous complétions notre série de trois matchs face aux Orioles. Nous détenions une avance de 3 à 1 et il y avait un retrait en huitième. Okajima venait dâaccorder un but sur balles et Francona a décidé de me confier le quatrième frappeur des Orioles, Miguel Tejada, qui sâamenait à la plaque.
Avec un compte de trois balles et deux prises, Tejada a catapulté une rapide de lâautre côté de la clôture au champ gauche, pour porter le pointage à 3-3. Nous nous sommes finalement inclinés par la marque de 6 à 3.
Ãa faisait seulement 10 jours que jâétais arrivé à Boston, et lâavance que lâéquipe détenait en tête de la division avait déjà presque fondu de moitié, passant de sept à quatre matchs.
Quand les journalistes sont arrivés dans le vestiaire ce soir-là , je leur ai livré exactement le fond de ma pensée. Un commentaire parsemé de jurons qui en disait long sur mon état dâesprit.
â Iâm not doing my job right now. Iâm letting everybody here down, I need to step up my game. We should have won three games out of three and I fukinâ blew two of them. They brought me in to do a job and Iâm not doing it. Itâs ridiculous. These guys play eight great innings and I go out there and blow it. Itâs a shame.
Ma confiance, que je croyais inébranlable, commençait à fondre comme neige au soleil. La pression, qui était naguère ma principale source de carburant, se multipliait soudainement par 100 et devenait franchement lourde à porter. On aurait dit quâune trappe venait de sâouvrir sous mes pieds.
â Câest de ma faute! Câest de ma faute!
Je ne cessais dâenfoncer le clou et de me répéter que jâétais responsable de ces défaites. Et je me suis rapidement rendu compte que les partisans qui mâavaient insulté à Baltimore ne constituaient que la pointe de lâiceberg.
Je me suis mis à recevoir des lettres de menaces, parfois de menaces de mort. Mon appartement était situé tellement près du stade que je ne pouvais mây rendre en voiture. Et quand je quittais le Fenway Park à pied après les matchs, des gens me suivaient jusquâau pas de ma porte en me criant des insultes et en proférant des menaces.
â Gagné! I will fucking kill you!
Je ne pouvais plus aller au restaurant. Ni sortir pour prendre une bière. Jâétais confiné à mon appartement parce que les gens me haïssaient . Jâai dâailleurs cru plusieurs fois que les enragés qui me pourchassaient allaient finir par me sauter dessus. La situation est devenue tellement explosive quâil a fallu à un certain moment que les Red Sox demandent à la police de me raccompagner jusquâà la maison après chaque rencontre.
On aurait dit que les gens croyaient que je faisais exprès pour connaître de mauvais matchs.
Quelques semaines après mon arrivée à Boston, Valérie et les enfants étaient venus me rejoindre afin que nous puissions passer quelques moments en famille avant la rentrée scolaire.
Après les matchs, quand
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