Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
rôle de closer avec lâéquipe canadienne. Et plus ma carrière avançait, moins le poste de partant me convenait. Je nâaimais pas faire semblant dâêtre un athlète sans émotion quand je montais sur la butte. Je voulais exploiter ma vraie personnalité.
Et comme jâétais un athlète émotif, un mauvais match à titre de partant signifiait que jâallais devoir ruminer mes erreurs pendant mes quatre jours de repos. En tant que releveur, câétait lâinverse. Pas question de sâapitoyer sur son sort! Il fallait être prêt à rejouer le lendemain. Sinon, ça pouvait coûter une autre victoire à lâéquipe.
Quand Tracy avait perdu patience après ce départ du 3 juin 2001, jâavais donc passé quelques semaines dans lâenclos des releveurs. Il mâavait utilisé dans des sorties de deux ou trois manches, la plupart du temps en milieu de rencontre, avec un succès mitigé. Puis les dirigeants de lâéquipe avaient décidé de me renvoyer une fois de plus dans les mineures (lâéquipe-école AAA était désormais établie à Las Vegas) afin que je puisse rester actif et retrouver ma touche comme partant. En 2000 et en 2001, ma vie ressemblait parfois à une randonnée à bord dâun ascenseur. En haut, en bas. Majeures, mineures. Bon match, contre-performanceâ¦
En tant quâathlète, jâabordais chaque renvoi avec la même philosophie. Je me souviens dâavoir dit à lâun et lâautre des gérants des Dodgers que jâétais le principal responsable de mes renvois dans les mineures et que je nâavais quâà faire le travail si je désirais rester dans les majeures en permanence.
Malgré cette philosophie, chaque retour dans les mineures devenait un peu plus difficile à vivre que le précédent.
Quand on touche un salaire de plusieurs centaines de milliers de dollars dans les majeures et de seulement 30 000 $ dans les mineures, la différence est assez remarquable. Une fois quâon goûte aux avions nolisés, aux luxueuses suites dâhôtels, aux repas soigneusement préparés et aux généreux per diem des ligues majeures, la perspective de remonter à bord des vols commerciaux régionaux ou des autobus des ligues mineures, et lâidée de retourner dormir dans des motels trois étoiles finit par sembler moins intéressante.
Il y a par ailleurs dâautres sources dâinquiétude, comme le coûteux appartement quâon laisse derrière soi dans la ville des ligues majeures et dont il faut continuer à payer le loyer avec son salaire des mineures. Et bien dâautres inconvénients.
Dans mon cas, il y avait surtout ma blonde Valérie et notre petite fille, Faye, qui nâavait pas encore un an. Chacune de ces réaffectations replongeait ma petite famille dans les valises et dans lâincertitude. Et à chaque fois, cela se produisait parce que mes performances sur le terrain nâétaient pas ce quâelles étaient censées être.
Les Dodgers mâavaient rappelé quelques semaines plus tard, en juillet 2001, alors que je ne comptais quâune seule victoire à ma fiche. Une victoire en trois moisâ¦
Et lorsque la saison avait pris fin, mon dossier indiquait six victoires, sept défaites et une moyenne de points mérités de 4,75. Mes 130 retraits sur des prises en 151 2/3 manches démontraient à nouveau que jâavais tout pour réussir, mais les résultats escomptés nâétaient pas venus.
Malgré les nombreuses blessures qui nous avaient affectés au monticule, nous avions bouclé la saison 2001 au troisième rang dans lâOuest, à seulement six matchs des Diamondbacks de lâArizona. Et ce sont les Diamondbacks qui avaient eu le bonheur de remporter la Série mondiale quelques semaines plus tard. Collectivement, les Dodgers annonçaient donc des jours meilleurs. Nous nâétions pas loin de former une équipe de premier plan.
Au cours de lâhiver suivant, le nouveau directeur général Dan Evans avait entrepris de corriger la principale faille de lâéquipe en restructurant et en donnant plus de profondeur à la rotation de partants. Et une fois cette tâche complétée, il était clair quâil nâallait pas me laisser une troisième
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