Game Over - L’histoire d’Éric Gagné
le début du camp, les Dodgers invitaient quelques dizaines de joueurs à se rassembler à Los Angeles, où lâorganisation avait lâhabitude de tenir une espèce de mini-camp préparatoire.
La solution à mon problème était à la fois simple et claire: il fallait faire disparaître cette gênante blessure au plus vite.
Je savais quâil existait une solution à mon problème. Dans lâunivers du baseball professionnel circulait un élixir qui promettait de régler ce genre de contrariété assez facilement: les human growth hormones ( HGH ).
Depuis que jâavais atteint les rangs AA trois ans auparavant, jâavais été témoin dâune foule de petites scènes et jâavais entendu une foule de bribes de conversation qui laissaient croire que de nombreux joueurs consommaient des substances visant à améliorer leurs performances. Et je nâavais jamais jugé qui que ce soit par rapport à ces agissements.
Pour un non-initié comme moi, il était plutôt difficile dâimaginer ou de savoir exactement qui avait recours à de tels produits, quelles substances étaient utilisées et quels étaient leurs effets. Jâentendais à lâoccasion des termes que je ne connaissais pas, que je ne comprenais pas et que je ne cherchais pas à comprendre. Le sujet était définitivement tabou, et personne nâen parlait ouvertement dans les vestiaires.
En quelques occasions, par contre, jâavais brièvement discuté de cette question avec un coéquipier. Et il terminait toujours nos discussions en me tendant une perche, sur un ton presque badin.
â Si tu as besoin de quelque chose, je suis là , ne te gêne pas!
Ou encore:
â Tiens-moi au courantâ¦
De quoi aurais-je pu avoir besoin au juste? Je nâen avais aucune idée. Alors ces discussions en restaient là .
Jusquâà ce fameux printemps de 2002, ma seule expérience avec une substance visant à stimuler les performances était survenue à mon insu.
Au cours de la saison 2000 â ma première saison complète dans les majeures â, jâétais dans le vestiaire des Dodgers et jâavais tout bonnement lancé:
â Je ne sais pas ce que jâai aujourdâhui, on dirait que jâai les jambes mortes!
Quelques minutes plus tard, un coéquipier sâétait approché de mon casier en me tendant un café. Je nâavais à peu près jamais bu de café de ma vie mais je mâétais dit que la caféine allait probable-ment me rendre un peu plus énergique. Par contre, quelques minutes après lâavoir bu, je mâétais rendu compte que quelque chose nâallait pas.
â Câlice! Quâest-ce qui se passe avec mes cheveux?
Je me tirais les cheveux à deux mains et je ne les sentais plus. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Autour de moi, mes coéquipiers rigolaient.
â On a juste ajouté une petite pilule, un greenie dans ton verre!
Dans les vestiaires, on appelait ça «spiker» un café. Les joueurs prenaient un comprimé dâamphétamines, lâouvraient et le versaient dans un verre de café. Ãnormément de joueurs «spikaient» leur café de cette manière à lâépoque. Câétait une pratique courante, ancrée dans les mÅurs depuis des décennies.
Lâannée suivante, en 2001, jâai été témoin dâun événement qui mâa frappé. Je me trouvais alors dans la salle dâentraînement du Dodger Stadium et je regardais tranquillement la télé.
Un soigneur et un médecin de lâéquipe se trouvaient dans la même salle que moi et discutaient entre eux. Ils parlaient dâune situation quâils jugeaient problématique, puis ils sâétaient dirigés vers la porte de sortie comme sâils avaient voulu parler plus librement. Juste comme ils sâapprêtaient à quitter la salle, une troisième personne sâétait jointe à eux, et elle leur avait demandé dâexpliquer comment agissaient les hormones de croissance et quels étaient leurs effets.
La conversation était clairement perceptible. Le soigneur et le médecin expliquaient que câétait un produit indétectable, qui nâétait pas illégal et qui était utilisé dans certaines
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