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George Sand et ses amis

George Sand et ses amis

Titel: George Sand et ses amis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Albert le Roy
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tombes des affections défuntes. Dès 1833, Jules Sandeau, évincé et jetant la flèche du Parthe, la comparait à une nécropole. Plus habile, il avait évité d'être livré au fossoyeur.

CHAPITRE XXII - CONSUELO ET LES ROMANS SOCIALISTES
    A son retour de Majorque, dans une lettre adressée à madame Marliani le 3 juin 1839, George Sand se jugeait elle-même en ces termes : «Je l'avoue à ma honte, je n'ai guère été jusqu'ici qu'un artiste, et je suis encore à bien des égards et malgré moi un grand enfant.» Au cours des années suivantes, sous les influences contraires de Chopin et de Pierre Leroux, la lutte va s'engager entre les préoccupations de l'art et les sollicitations de la politique. De là, dans les romans de George Sand, un double filon qu'il nous faut suivre : d'un côté, Consuelo et la Comtesse de Rudolstadt, de l'autre, Horace, le Compagnon du Tour de France, le Meunier d'Angibault et le Péché de Monsieur Antoine. C'est le parallélisme des conceptions esthétiques et des rêves humanitaires.
    Consuelo fut composé sous l'inspiration immédiate et dans le commerce quotidien de Chopin. L'oeuvre vaut, non seulement par l'intérêt de la fable, mais encore et surtout par la délicatesse et l'agrément de l'exécution. Très touchante est l'aventure de cette cantatrice, fille d'une bohémienne. George Sand en a succinctement résumé les péripéties, à la page 176 du troisième et dernier volume. Ce sont : les fiançailles de Consuelo au chevet de sa mère avec Anzoleto, l'infidélité de celui-ci, la haine de la Corilla, les outrageants desseins de Zustiniani, les conseils du Porpora, le départ de Venise, l'attachement qu'Albert avait pris pour elle, les offres de la famille de Rudolstadt, ses propres hésitations et ses scrupules, sa fuite du château des Géants, sa rencontre avec Joseph Haydn, son voyage, son effroi et sa compassion au lit de douleur de la Corilla,  sa reconnaissance pour la protection accordée par le chanoine à l'enfant d'Anzoleto, enfin son retour à Vienne et son entrevue avec Marie-Thérèse.
    Le début du roman est un pur chef-d'oeuvre, avec de curieux détails sur la vie intime de Venise et cette attachante figure du Porpora, le professeur de chant de Consuelo qui ne tarda pas à être surnommée la Porporina. Puis c'est le début triomphal de la cantatrice au théâtre San Samuel, où elle devient l'objet des poursuites du directeur, le comte Zustiniani. Il y a là sur la vie des coulisses et des planches un brillant développement qui rappelle certaines tirades de Kean. Le sujet qu'Alexandre Dumas père avait traité avec éloquence, George Sand s'en empare et le renouvelle ingénieusement. «Un comédien, dit-elle, n'est pas un homme ; c'est une femme. Il ne vit que de vanité maladive ; il ne songe qu'à satisfaire sa vanité ; il ne travaille que pour s'enivrer de vanité. La beauté d'une femme lui fait du tort. Le talent d'une femme efface ou conteste le sien. Une femme est son rival, ou plutôt il est la rivale d'une femme ; il a toutes les petitesses, tous les caprices, toutes les exigences, tous les ridicules d'une coquette.» Consuelo en fait l'expérience auprès d'Anzoleto, jusqu'à ce qu'elle s'éloigne, sur les conseils du Porpora, et se réfugie en Bohême, dans la famille de Rudolstadt. L'héritier de cette noble race, le comte Albert, a l'âme d'un vrai Hussite. Il descend du roi George Podiebrad et de Jean Ziska du Calice, chef des Taborites. Les doctrines d'autrefois hantent son imagination extatique : «Il haïssait les papes, ces apôtres de Jésus-Christ qui se liguent avec les rois contre le repos et la dignité des peuples. Il blâmait le luxe des évêques et l'esprit mondain des abbés, et l'ambition de tous les hommes d'église.» Cette question du hussitisme, les débats et les luttes qui se sont engagés autour de «la coupe de bois» par opposition aux vases d'or des Romains, ont intéressé et passionné George Sand.
    En dehors du roman de Consuelo, elle a écrit sur ce sujet deux remarquables études historiques. Jean Ziska est un émouvant récit de la guerre des Hussites ; on y rencontre l'exacte définition des points de désaccord avec Rome. Dans Procope le Grand apparaît la doctrine de ces généreux révoltés, telle que la formule le pape Martin V dans sa lettre au roi de Pologne, Wladislas IV : «Ils disent qu'il ne faut point obéir aux rois, que tous les biens doivent être communs, et que tous les hommes

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