Gisors et l'énigme des Templiers
mythologiques, il
est impossible de croire à l’innocence des Templiers. Ils ont renié Jésus et
craché sur la croix. On les a obligés à le faire ? Certes, mais ils l’ont fait . Et qui est donc cet « on » qui
obligeait les pauvres Templiers à accomplir ces actions peu orthodoxes ?
De toute évidence, l’Ordre du Temple était double, mais pas seulement comme on
le dit d’habitude, par la synthèse de ceux qui prient et de ceux qui
combattent. Il était double à cause du secret dont on l’entourait et qui
cachait obligatoirement quelque chose. Le Temple est un ordre
noir . Ou plutôt, il existait un Temple Noir ,
auquel était aveuglément soumis l’autre. Écoutons encore Wolfram von
Eschenbach, qui savait ce qu’il en était : « Depuis lors la pierre
est gardée par ceux que Dieu lui-même a désignés. » Et quand, un royaume
est sans roi, on lui envoie un homme du Graal, autrement dit un Templier, et
« il faut que le peuple respecte le roi ainsi choisi ». Et enfin,
« c’est en secret que Dieu fait partir ses élus ». Le propre d’un
ordre noir est de faire croire qu’il n’existe pas. Et la Jérusalem que sont
censés défendre les Templiers n’a pas plus de réalité spatiale ou temporelle
que le Montsalvage de la légende du Graal.
C’est là que réside le secret des Templiers. Malgré la
torture et les sévices, ceux qui savaient n’ont pas parlé. Mais ce qu’ils n’ont
pas dit était inavouable, et incompréhensible pour ceux qui auraient bien voulu
les écouter, et, à la limite, totalement intolérable.
Comme l’authentique message christique, celui qu’on a
soigneusement et consciemment éliminé des Évangiles. Toute vérité n’est pas
bonne à dire. Clément V le savait fort bien, et c’est pourquoi il a
esquivé le jugement en faisant acte d’autorité, acte sacré auquel il avait
d’ailleurs droit.
La question n’est plus de savoir qui était coupable ou
innocent dans cette affaire qui dépasse de loin le cadre historique où on a
voulu l’enfermer. La question appartient à un tout autre domaine, celui de la
mystique de saint Bernard et celui de la légende du Graal. Qu’elle aborde un
aspect inquiétant, il ne faut pas s’en étonner, car dans ce plan supérieur, il
n’y a ni bien, ni mal, ni blanc, ni noir.
La question est triple : que savaient exactement les
Templiers ? Quel était le Secret pour lequel ils sont morts ? C’était un secret inavouable , du moins à l’époque. L’est-il
encore pour nous aujourd’hui ?
Ce secret des Templiers, il gît dans des ruines, les ruines
du Temple. Or les ruines du Temple sont partout et nulle part. Il dort
peut-être dans les souterrains de Gisors, protégé par des tonnes de gravats et
un revêtement de béton. Le tout est de savoir ce que l’on cherche.
Bieuzy-Lanvaux, 1986
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