Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
prêtre saisit sur-le-champ.
    — Ce qui le disculperait, lâcha-t-il. Chez qui l’a-t-il achetée ?
    — Chez le marchand d’art assassiné.
    — Qui ne peut plus confirmer ses dires, déduisit Terenzio. Votre suspect a donc besoin de prouver qu’il s’agit d’une copie.
    Tron hocha de nouveau la tête.
    — Par malheur, ni la reine ni le colonel ne sont en mesure…
    Le prêtre lui coupa la parole.
    — De reconnaître s’il s’agit d’un faux ? supposa-t-il avec un sourire plein d’orgueil. Cela ne me surprend pas !
    Il ordonna les plis de sa robe de bure au-dessus de son genou.
    — Même un expert aurait du mal à distinguer les copies de l’original.
    Un instant. Avait-il mal entendu ? Ou le prêtre avait-il bien parlé de plusieurs copies ? Tron le regarda d’un air crispé.
    — Vous avez bien dit « les copies » ? Il y en avait plusieurs ?
    Le père Terenzio hocha la tête sans la moindre gêne.
    — Le colonel Orlov m’en a commandé deux. L’une pour l’archiduc Maximilien et l’autre pour Vienne.
    — Et il vous a passé la commande en personne ?
    — Parfaitement, c’est lui qui a passé commande et c’est lui qui a payé.
    — Vous n’avez jamais rencontré la reine ?
    Le dominicain secoua la tête.
    — À mon grand regret, je n’en ai jamais eu l’occasion.
    — Marie-Sophie savait-elle qu’il existait une deuxième copie ?
    — Pourquoi voulez-vous qu’elle l’ignore ?
    — Parce qu’elle n’en a jamais parlé.
    Le prêtre poussa un petit sifflement.
    — Le colonel aurait donc acheté une deuxième copie à son insu ?
    Il réfléchit un instant.
    — Vous voulez dire qu’il l’aurait vendue à Venise ?
    — Pourquoi pas ?
    Tron haussa les épaules afin de suggérer qu’il tenait cette hypothèse pour une simple théorie.
    — D’un autre côté, il n’est pas exclu que vous ayez vendu ici une autre copie.
    Le père Terenzio sourit d’un air amusé.
    — Je ne peux pas vous démontrer que vous avez tort, commissaire. Mais je gage que vous ne pouvez pas démontrer non plus que vous avez raison.
    Il écrasa sa cigarette sur le plancher.
    — Allez-vous maintenant me demander de ne pas quitter la ville ?
    Tron fit non de la tête.
    — Je vous prierais juste de passer demain matin au commissariat pour examiner le tableau.
    — Qu’entendez-vous par demain matin ?
    — Vers dix heures, cela vous convient ?
    Le prêtre haussa les épaules.
    — Comme vous voulez.
    Il sortit une nouvelle cigarette de sa manche, mais la tint entre ses doigts sans l’allumer.
    — Avez-vous aussi l’intention de convoquer le colonel Orlov à dix heures ?
    Non, pensa Tron, ce n’était pas dans ses intentions. Même si une telle confrontation ne manquerait sans doute pas d’intérêt.
    — Souhaitez-vous le rencontrer ?
    La réponse du dominicain ne se fit pas attendre. Soudain, sa voix traduisit la colère.
    — Le colonel m’a indirectement accusé d’avoir fabriqué une deuxième copie dans son dos. Peut-être devrait-on lui donner l’occasion de s’expliquer.
    Il fixa Tron d’un regard furieux. Ses yeux noirs brillaient au milieu du lacis que les ombres de l’échafaudage traçaient sur son visage.
    — Oui, commissaire. Vous devriez le convoquer.

20
    Il portait un léger costume d’été, des bottes avec des guêtres de couleur claire et une canne en bois de frêne pour chasser les chiens méchants et les enfants importuns. Son chapeau de paille (qu’il ne mettait presque jamais et jetterait dans un canal une fois qu’il aurait terminé) suffisait à le rendre méconnaissable. Bien entendu, il n’avait pas d’arme sur lui.
    Il regrettait de devoir improviser une fois sur place. Pourtant, cela ne l’inquiétait pas outre mesure. Il avait toujours admiré les virtuoses capables d’un travail rapide. En outre, il était rare que les entreprises à risque aient la précision d’une montre suisse ; il survenait toujours un contretemps.
    La cloche de l’église Carmini sonna quatre heures et demie lorsqu’il atteignit le campo Santa Margherita. Comme il s’y attendait, la chaleur oppressante de cette fin d’après-midi retenait encore chez eux la plupart des habitants de Dorsoduro. En dehors de deux femmes vêtues de noir qui accrochaient leur linge à la fenêtre, la place était déserte.
    Après l’avoir traversée, il s’engagea dans l’ombre de la calle della Chiesa où il découvrit deux petits enfants, pieds nus, vêtus de haillons brunâtres, en train de jouer

Weitere Kostenlose Bücher