Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
s’accuseront mutuellement.
    — Et comment vas-tu t’y prendre dans ce cas ?
    Du fait de sa bouche pleine, il eut un peu de mal à la comprendre. Devait-il se risquer à l’imiter ? Ou même manger un morceau de gâteau imbibé de champagne en même temps que quelques fraises mignonnes ? Il avoua :
    — Pour être honnête, je n’en sais rien.
    La princesse l’observa par-dessus le bord de sa coupe et lui sourit – un sourire assez tiède, lui sembla-t-il. Elle réfléchit un instant et dit :
    — Vous n’avez qu’à décréter que le Titien retrouvé sur le Karenine est l’original. De cette manière, l’affaire est close.
    Sa main – aussi rapide que la langue d’un serpent – s’élança soudain vers l’avant et – pan ! – s’écrasa sur un moustique posé près de son assiette. Du coin de l’œil, Tron vit Moussada (ou Massouda ?) sursauter de frayeur. Ayant constaté avec satisfaction la rapidité de ses réflexes, la princesse poursuivit :
    — Sivry rachète le tableau à un bon prix et nous avons de bonnes chances d’accueillir Marie-Sophie le soir du bal.
    Tron secoua la tête avec nonchalance.
    — Cela impliquerait que le grand-prince a tué Kostolany. Or il est peut-être innocent.
    La princesse haussa les épaules et son fiancé remarqua que le généreux décolleté de sa robe noire s’abaissait au-dessus de la table.
    — De toute façon, vous ne pouvez pas le traîner en justice.
    — Mais si nous en restons là, nous n’attraperons jamais le véritable assassin. En outre, j’aurai des problèmes avec Spaur. Il fait grand cas de Troubetzkoï et craint une dégradation des relations avec la Russie.
    — Conclusion ?
    Tron déposa sur ses fraises des bois une généreuse cuillère de chantilly et y ajouta une part de gâteau à la broche avant de répondre :
    — Je vois deux bonnes raisons de supposer pour le moment que nous avons affaire à une copie.
    — Et pourquoi ne montres-tu pas le tableau à ton ami Sivry ? suggéra la princesse en riant. Si quelqu’un s’y connaît en faux, c’est bien lui !
    — J’en avais l’intention. S’il s’agit d’un original, il proposera peut-être de l’acheter. Il manque encore un Titien à sa collection.
    — Le tableau en vaut la peine ?
    — En tout état de cause, le prix sera correct. La reine semble pressée de le vendre.
    — Et il te plaît ?
    Est-ce que le Titien lui plaisait ? Tron constata qu’il ne s’était pas encore posé la question. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour répondre :
    — Je doute que Stendhal eût fait une syncope devant ce tableau. Il représente une blonde bien en chair, la bouche entrouverte et le regard en extase dirigé vers le ciel.
    Maria résuma la situation en quelques mots :
    — Cela ressemble fort à un tableau de chambre à coucher.
    — Oui, un tableau pour bigots hypocrites.
    Tron éloigna un moustique qui s’était posé sur sa manche. Puis pris d’une subite inspiration, il lâcha :
    — Pour ma part, je préfère mille fois le Corrège au-dessus de ton lit.
    Avec quel naturel il avait introduit le lit de la princesse dans la conversation ! Il ajouta d’un air distrait :
    — Surtout ce petit chat sur le bord gauche.
    Maria fronça les sourcils et le fixa un instant sans comprendre.
    — Ce petit chat est un lévrier, Alvise.
    Tron prit une mine innocente.
    — Tu es sûre ?
    — Naturellement !
    — Je crois que tu te trompes.
    La princesse posa la cuillère près de son assiette et but une gorgée de champagne.
    — Ne sois pas stupide ! Le tableau est accroché au-dessus de mon oreiller. Je le vois tous les jours !
    — Nous pourrions…, commença-t-il pour s’interrompre aussitôt – comme s’il avait perdu le fil de ses pensées (tellement le travail l’épuisait).
    Maria haussa les sourcils.
    — Monter examiner le tableau ? demanda-t-elle. C’est cela que tu voulais suggérer ?
    Il acquiesça d’un air sérieux.
    — Un coup d’œil sur le tableau suffirait à clore cette dispute stérile. Nous pourrions déterminer en commun l’espèce de l’animal.
    Avait-il employé le bon terme ? Il trouvait qu’ espèce avait une connotation grivoise dans ce contexte. La princesse donna son accord sur-le-champ.
    — Je ne vois aucune objection à un tel examen.
    Tron ressentit le besoin d’utiliser le terme d’ espèce une seconde fois (comme il sifflait au début et s’adoucissait vers la fin !). Il dit :
    — Et quand allons-nous étudier l’ espèce de cet

Weitere Kostenlose Bücher