Guerre Des Gaules
des légats Lucius Munatius Plancus et Laïus
Trébonius. Il envoya une légion, levée en dernier lieu, dans la
Transpadane, et cinq cohortes chez les Eburons, dont la plus grande
partie habite entre la Meuse et le Rhin, et qui étaient gouvernés
par Ambiorix et Catuvolcos. Ces troupes furent placées sous les
ordres des légats Quintus Titurius Sabinus et Lucius Aurunculéius
Cotta. Semblable distribution des légions devait, pensait-il, lui
permettre de remédier très aisément à la pénurie de blé. Et,
néanmoins, les quartiers de toutes ces légions, sauf celle que
Lucius Roscius avait été chargé de conduire dans une région tout à
fait pacifiée et très tranquille, n'étaient pas à plus de cent
mille pas les uns des autres. César résolut d'ailleurs de rester en
Gaule jusqu'à ce qu'il sût les légions en place et les camps
d'hiver fortifiés.
25. Il y avait chez les Carnutes un homme de
haute naissance, Tasgétios, dont les ancêtres avaient été rois dans
leur cité. César, pour récompenser sa valeur et son dévouement, car
dans toutes les guerres il avait trouvé chez lui un concours
singulièrement actif, avait rendu à cet homme le rang de ses aïeux.
Il était, cette année-là, dans la troisième année de son règne,
quand ses ennemis secrètement l'assassinèrent ; plusieurs de
leurs concitoyens les avaient d'ailleurs encouragés publiquement.
On apprend la chose à César. Craignant, en raison du nombre des
coupables, que leur influence n'amenât la défection de la cité, il
fait partir en hâte Lucius Plancus, avec sa légion, de Belgique
chez les Carnutes, avec ordre d'hiverner là, d'arrêter ceux qu'il
savait responsables du meurtre de Tasgétios et de les lui envoyer.
Sur ces entrefaites, tous ceux à qui il avait confié les légions
lui firent savoir qu'on était arrivé dans les quartiers d'hiver et
que les fortifications étaient faites.
26. Il y avait environ quinze jours que les
troupes hivernaient, quand éclata une révolte soudaine, excitée par
Ambiorix et Catuvolcos ; ces rois étaient venus à la frontière
de leur pays se mettre à la disposition de Sabinus et de Cotta et
avaient fait porter du blé à leur quartier d'hiver, quand des
messages du Trévire Indutiomaros les déterminèrent à appeler leurs
sujets aux armes ; aussitôt ils attaquèrent nos corvées de
bois et vinrent en grandes forces assiéger le camp. Mais les nôtres
s'armèrent sans retard et montèrent au retranchement, cependant que
les cavaliers espagnols, sortant par une des portes, livraient un
combat de cavalerie où ils eurent l'avantage ; les ennemis,
voyant l'entreprise manquée, retirèrent leurs troupes ; puis,
à grands cris, selon leur coutume, ils demandèrent que quelqu'un
des nôtres s'avançât pour des pourparlers ; ils avaient à nous
faire certaines communications qui n'avaient pas moins d'intérêt
pour nous que pour eux et qui étaient de nature, pensaient-ils, à
apaiser le conflit.
27. On leur envoie pour cette entrevue Caïus
Arpinéius, chevalier romain, ami de Quintus Titurius, et un certain
Quintus Junius, Espagnol, qui déjà avait eu plusieurs missions de
César auprès d'Ambiorix. Celui-ci leur parla à peu près en ces
termes : « Il reconnaissait qu'il avait envers César de
grandes obligations à cause des bienfaits qu'il avait reçus de
lui : c'était grâce à lui qu'il avait été délivré du tribut
qu'il payait régulièrement aux Atuatuques, ses voisins, et César
lui avait rendu son fils et son neveu, qui, étant au nombre des
otages envoyés aux Atuatuques, avaient été traités par eux en
esclaves et chargés de chaînes. En ce qui concerne l'attaque du
camp, il a agi contre son avis et contre sa volonté, il a été
contraint par son peuple, car la nature de son pouvoir ne le soumet
pas moins à la multitude qu'elle ne la soumet à lui. Et si la cité
a pris les armes, c'est qu'elle n'a pu opposer de résistance à la
soudaine conjuration des Gaulois. Sa faiblesse est une preuve aisée
de ce qu'il avance car il n'est pas assez novice pour croire qu'il
puisse vaincre avec ses seules forces le peuple romain. Mais il
s'agit d'un dessein commun à toute la Gaule tous les quartiers
d'hiver de César doivent être attaqués ce jour même, afin qu'une
légion ne puisse porter secours à l'autre. Des Gaulois n'auraient
pu facilement dire non à d'autres Gaulois, surtout quand le but
qu'on les voyait se proposer était la reconquête de la
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