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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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avait omis d’éteindre un foyer de cendres incandescentes. Aussi
tombèrent-ils comme des mouches sous les coups que leur portaient les hommes de
Masinissa, placés aux endroits stratégiques du camp, en particulier à proximité
des puits vers lesquels les fuyards se dirigeaient naturellement.
    De leurs
positions situées à une dizaine de stades de là, les Carthaginois, observaient
les flammes détruire les retranchements de leurs alliés. Bientôt, portées par
le vent, des étincelles mirent le feu à leurs propres baraquements et
fortifications. Là encore, les soldats d’Hasdrubal se rassemblèrent sans armes
pour tenter d’éteindre les foyers d’incendie et furent surpris par l’entrée en
force des troupes romaines qui avaient progressé en silence et massacrèrent
leurs adversaires désarmés ou surpris encore endormis sur leurs lits. Au petit
matin, le sol était jonché de plus de quarante mille cadavres, la plupart
calcinés. Seuls deux mille fantassins et cinq cents cavaliers, conduits par
Syphax et Hasdrubal, avaient pu s’enfuir dans la direction d’Utique,
abandonnant cinq mille prisonniers, dont onze sénateurs, cent soixante-quatorze
enseignes militaires, deux mille sept cents chevaux et sept éléphants.
    Publius
Cornélius Scipion n’eut guère le temps de profiter de cette victoire inattendue
car ses adversaires reconstituèrent rapidement leurs forces. Syphax reçut ainsi
le renfort de quatre mille mercenaires ibères qui avaient jadis combattu sous
ses ordres près de Carthagène et qui avaient repris du service, sachant qu’il
se montrait fort généreux dès lors que ses intérêts étaient menacés. Hasdrubal,
lui, opéra une levée en masse dans les cités libo-phéniciennes de la côte.
Bientôt, les deux chefs se trouvèrent à la tête de trente mille hommes qui se
rassemblèrent au lieu-dit Les Grandes Plaines [69] , à cinq jours de
marche d’Utique.
    Le général
romain, accompagné de Masinissa, se porta à leur rencontre mais tarda à engager
la bataille. Durant trois longues journées, les deux armées s’observèrent et
seules quelques patrouilles isolées croisèrent le fer. Au matin du quatrième
jour, les trompettes résonnèrent dans les deux camps et chacun gagna les
positions définies la veille au soir lors des ultimes réunions des
états-majors. Les légionnaires se rangèrent sur trois lignes. La première était
constituée par les hastati, la seconde par les principes et la troisième par
les triaires tandis que les vélites, armés de courts javelots, se plaçaient à
proximité des retranchements adverses.
    Dès le
début de l’engagement, les cavaliers italiens et numides chargèrent
furieusement la cavalerie lourde carthaginoise qui ne tarda pas à s’enfuir. Les
mercenaires ibères, isolés, subirent les assauts des légionnaires.
    Ignorant
tout de la région et sachant que Scipion ne les épargnerait
pas – leurs chefs ayant signé des traités d’amitié avec Rome, ils
étaient considérés comme des rebelles et des parjures –, ils se firent
tuer jusqu’au dernier non sans infliger de lourdes pertes à l’ennemi.
    Après
cette défaite, Hasdrubal regagna Carthage à la hâte, pressentant que les
troupes du proconsul viendraient sous peu assiéger la ville. Syphax, lui, se
retira dans ses États pour rassembler ses derniers fidèles et tenter une
contre-offensive. Mal lui en prit car, lors d’un engagement avec un détachement
romain, il fut jeté à terre par son cheval blessé mortellement d’un trait de
javelot. Immédiatement encerclé par une nuée de cavaliers, il fut conduit
jusqu’aux Castra Cornélia et mis aux fers. Pour Masinissa, l’heure de la
revanche était arrivée. Le prince massyle, décidé à s’emparer de Cirta, demanda
au proconsul de lui livrer Syphax. Quand les défenseurs de la cité, juchée sur
un piton escarpé et entourée de gorges profondes, virent leur souverain chargé
de chaînes, ils préférèrent capituler.
    Le fils de
Gaïa gagna la citadelle où Sophonisbé, la fille d’Hasdrubal, se jeta en larmes
à ses pieds, l’implorant de ne pas la livrer aux Romains :
    — Jeune
prince, les dieux et ton courage t’ont rendu maître de ce palais et je suis
désormais ta captive. Tu as sur moi droit de vie et de mort et je suis prête à
voir ma tête rouler sous la hache du bourreau. Cependant, quel que soit le sort
que tu me réserves, je sollicite de toi une faveur : ne me livre pas à
Scipion.

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