Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
cette oraison, il offrit en sacrifice un
animal dont les entrailles furent jetées à la mer.
     
    ***
     
    Le lourd
convoi s’ébranla sous un soleil éclatant et le vent, de force moyenne, permit
de faire hisser les voiles et de soulager ainsi la tâche des rameurs. Peu à
peu, un épais brouillard recouvrit la flotte, rendant la manœuvre difficile. Durant
deux jours et deux nuits, les bateaux naviguèrent au jugé, puis, au matin du
troisième jour, la brume se leva et l’on aperçut au loin la côte d’Afrique.
Scipion fit jeter l’ancre et ordonna aux capitaines de le rejoindre afin de
décider de l’endroit le plus propice au débarquement. Il demanda le nom du
promontoire qui se détachait dans le lointain. On lui répondit que c’était le
Beau Promontoire, également connu sous le nom de cap Bon, ce qui le mit en
joie : « J’accepte le présage, prenez cette direction. » Puis il
envoya en éclaireur une trirème afin d’établir une tête de pont sur le rivage.
    En fait,
il s’agissait d’une ruse de sa part. Il n’avait pas l’intention d’accoster dans
la région d’Aspis comme l’avait fait son malheureux prédécesseur Marcus Atilius
Regulus. Il avait jeté son dévolu sur la ville d’Utique, réputée pour la
qualité de son mouillage. Le pilote l’avait d’ailleurs prévenu que, la nuit
suivante, une tempête se lèverait et rejetterait ses navires de ce côté. Les
Carthaginois, informés de l’arrivée d’un bateau romain dans la région du Beau
Promontoire, ne manqueraient pas d’y envoyer des renforts, privant Utique des
secours qu’elle ne tarderait pas à demander. Le stratagème réussit à merveille
et les Romains établirent un solide camp retranché sur les hauteurs dominant la
ville.
    Leur
débarquement provoqua un véritable vent de panique chez les populations des
environs. Par milliers, les paysans, avec leurs femmes, leurs enfants et leur
bétail, s’enfuirent vers Carthage et s’entassèrent dans le quartier de Mégara
où l’on comptait encore de nombreuses exploitations agricoles. Réunis en séance
extraordinaire, les membres du Conseil des Cent Quatre décidèrent la fermeture
des portes de la ville et établirent des patrouilles de surveillance. L’on
craignait en effet que des espions romains ne se soient glissés dans la foule
des fugitifs et, effectivement, certains d’entre eux furent arrêtés et aussitôt
crucifiés.
    Hasdrubal,
fils de Giscon, fut désigné pour prendre la direction des opérations militaires
en dépit de la farouche opposition d’Itherbaal et des partisans des Barca.
Ceux-ci faisaient remarquer que ce général était réputé plus pour ses défaites
que pour ses victoires. C’était à cause de ses maladresses que la cité d’Elissa
avait perdu ses possessions en Ibérie et il paraissait douteux qu’il puisse
rétablir la situation. Le Sénat en décida autrement car il était le beau-père
de Syphax et le seul à pouvoir rallier à lui le souverain numide et ses
contingents. Les premières escarmouches entre Romains et Carthaginois
tournèrent au désavantage de ces derniers. Sous la conduite d’un nommé Hannon,
plus de deux mille cavaliers engagèrent le combat contre les hommes de Scipion
et se firent tailler en pièces. Ce désastre n’empêcha pas Hasdrubal d’envoyer
un autre Hannon, fils du sénateur Hamilcar, prendre ses quartiers à Salaeca [68] .
Informé de ce fait, Publius Cornélius Scipion éclata de rire : « Des
cavaliers à la caserne en plein été ! Ils peuvent bien être encore plus
nombreux à condition de conserver ce chef ! »
    Le général
romain était d’autant plus confiant qu’il avait eu la joie de voir arriver dans
son camp Masinissa, de retour d’exil, en compagnie de deux mille cavaliers,
rejoints, les jours suivants, par des centaines de vétérans ayant servi sous
les ordres de Gaïa. Le jeune prince était bien résolu à venger dans un bain de
sang le double affront que lui avait fait la cité d’Elissa : d’une part,
le priver de son héritage, d’autre part, avoir donné à son plus mortel ennemi,
Syphax, la main de Sophonisbé dont il était éperdument amoureux en secret
depuis des années. Scipion et Masinissa encerclèrent Salaeca et mirent au point
un stratagème tellement simple qu’il était étonnant de voir invariablement les
meilleurs généraux succomber à ce piège grossier. Un matin, les cavaliers
romains se dissimulèrent derrière les collines

Weitere Kostenlose Bücher