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Hannibal, Sous les remparts de Rome

Hannibal, Sous les remparts de Rome

Titel: Hannibal, Sous les remparts de Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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femme, il a choisi de commettre un parjure et de
trahir les espoirs que nous placions en lui. Sous peu, il regrettera amèrement
ce geste idiot car mes légions ravageront ses domaines et il ne doit s’attendre
à aucune pitié de notre part. Longtemps, nous avons fermé les yeux sur ses
volte-face perpétuelles et avons espéré qu’il serait sensible à cette marque
d’indulgence de notre part. Il est temps, oui grand temps, de mettre un terme à
cette comédie. Levez l’ancre dès demain et faites voile vers l’Afrique pour
annoncer à votre prince qu’entre lui et nous, c’est désormais la guerre à
outrance. Qu’il se prépare à mourir au combat ! Ce serait la plus
glorieuse des fins pour lui. Si nous le faisons prisonnier, il aura beau
implorer mon pardon, il figurera enchaîné dans le cortège que je conduirai dans
les rues de Rome pour célébrer mon triomphe et ses enfants connaîtront
l’amertume de l’esclavage.
    De retour
à Lilybée, Publius Cornélius Scipion fut pressé de questions par ses officiers.
Il ne voulut pas prendre le risque de leur avouer la vérité par crainte qu’ils
ne lui conseillent de retarder son expédition. Aussi, feignant la plus grande
satisfaction, il confia à ses adjoints :
    — Nous
avons perdu beaucoup de temps et nos amis numides nous pressent de les
rejoindre au plus vite. Ils brûlent d’en découdre avec Carthage et s’étonnent
de notre lenteur où ils voient l’amorce d’une trahison. Tout délai
supplémentaire les entraînera à ouvrir des négociations avec le Conseil des
Cent Quatre et celui-ci dispose d’assez d’argent pour corrompre nos alliés.
Qu’on hâte donc les préparatifs ! À la prochaine lune, la flotte prendra
la mer.
    En
quelques jours, Lilybée devint le centre d’une agitation fébrile. Les légions
installèrent leurs camps à l’extérieur de l’enceinte, faute de pouvoir trouver asile
dans la citadelle. Quant au port, il regorgeait de navires de toutes tailles et
beaucoup durent mouiller au large. Scipion se trouvait à la tête d’un corps
expéditionnaire de trente-cinq mille fantassins et cavaliers. Laelius, le
commandant de la flotte, fit monter à bord les rameurs et les matelots ainsi
que des vivres en grandes quantités. On embarqua des provisions de blé pour
quarante-cinq jours, puis ce fut au tour des chevaux et des machines de siège
d’être hissés à bord des bateaux. Alors, et alors seulement, le proconsul
convoqua Laelius et le pilote chargé de conduire l’expédition, un marin
expérimenté qui connaissait tous les pièges de la grande mer. Il vérifia qu’ils
avaient pris soin d’entreposer dans les cales des réserves d’eau suffisantes
pour les hommes et les chevaux. Quand il fut rassuré sur ce point, il donna
l’ordre aux légionnaires et aux contingents alliés de gagner les navires de
transport à bord d’une multitude de barques. Un matin, une sonnerie de
trompettes donna le signal du départ.
    Les quatre
cents navires de transport formaient la partie centrale de l’armada et étaient
escortés, sur la droite et sur la gauche, par vingt trirèmes et quinquérèmes.
Un ingénieux système de signalisation permettait aux capitaines de se repérer.
Le navire amiral était équipé de trois feux, ceux de transport de deux et les
autres d’un seul.
    Tous les
habitants de Lilybée étaient sortis de leurs demeures pour admirer le
spectacle. Jamais une flotte aussi nombreuse n’avait été rassemblée par Rome.
Celle de Lucius Manlius Vulso et de Marcus Atilius Regulus ne comptait que
trois cent cinq navires. L’année suivante, l’expédition envoyée à leur secours
était forte de trois cent cinquante unités. Là, on était en présence d’un
demi-millier de navires et Publius Cornélius Scipion, conscient du caractère
extraordinaire de l’événement, rassembla tous ses capitaines pour une prière en
commun. La voix brisée par l’émotion, il prononça ces quelques mots :
« Dieux et déesses protecteurs de Rome, habitants de la terre et de la
mer, je sollicite votre aide et vos faveurs. Puisse mon action passée, présente
et future, tourner à l’avantage de ma cité et de ses alliés. Accordez à mes
valeureuses troupes la victoire et veillez à ce que tous reviennent sains et
saufs dans leurs foyers, couverts de gloire et de butin. Donnez-moi la grâce de
rendre au centuple aux Carthaginois les souffrances qu’ils ont fait endurer à
nos concitoyens. » À la fin de

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