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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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les deux époux, Finnegan reposa doucement la main de Judith sur sa robe blanche et, opérant un silencieux mouvement tournant, gagna la porte qu’il referma derrière lui.
    — Bien qu’elle ait tué celle qui m’était aussi chère qu’une mère, il en sera fait comme vous le désirez, Judith. Je ne peux pas vous le refuser. Je n’en ai même pas le droit après les torts immenses que je me suis donnés envers vous…
    — Les torts ? Quels torts ? Celui d’avoir cru que j’avais voulu tuer cette fille ? Ah, c’est vrai : je vous ai aussi entendu dire, tout à l’heure, à Finnegan que j’avais tué cette pauvre vieille Rozenn. C’était nouveau pour moi, cela…
    — Comprenez-moi, Judith. Fanchon avait fait tout ce qu’elle pouvait pour diriger mes soupçons sur vous. Pongo avait trouvé accroché à un buisson, à l’endroit où elle s’était tenue pour manier sa fronde, un fragment de dentelle provenant d’un de vos jupons…
    Elle eut un petit rire plein de tristesse et d’amertume.
    — Et sur ce bout de dentelle vous avez conclu que je pouvais tuer froidement une vieille femme qui ne m’aimait pas, sans doute, mais qui ne m’avait rien fait, une femme de mon pays ? fit-elle avec une fierté douloureuse qui emplit Gilles de honte. Fallait-il que vous me détestiez et que vous me méprisiez ?
    — Ne le croyez pas, je vous en supplie…
    — Allons donc ? Ne vous avais-je pas donné, d’ailleurs, toutes les raisons de me mépriser pour cette folie qui s’était emparée de moi et qui m’avait jetée dans une existence qui eût tué mon père de honte s’il avait seulement pu l’imaginer ? Je n’étais plus moi-même, je crois. Le suis-je vraiment, d’ailleurs, depuis que le comte de Cagliostro m’avait fait l’honneur de me prendre pour assistante ? Il est des moments où je ne le sais plus…
    — Judith, vous vous faites du mal. Je vous en supplie, ne…
    Mais elle ne l’écoutait pas. Le regard à nouveau perdu sur l’horizon bleu, elle continua :
    — Pourquoi m’avoir emmenée, Gilles, si vous ne m’aimiez plus ? Pourquoi ne m’avoir pas laissée à ma misère, à ma folie ? Vous seriez libre puisque je croyais notre mariage nul…
    — Mais il ne l’était pas. Devant Dieu, devant ma conscience vous êtes toujours ma femme et vous le serez…
    — Jusqu’à ce que la mort nous sépare ? Je sais, je sais… À présent, je vous en prie, laissez-moi, j’ai besoin d’être seule.
    Il hésita un instant à s’approcher d’elle, à prendre cette main que Finnegan avait abandonnée mais il n’osa pas.
    — Me pardonnerez-vous mes injustes soupçons et le mal qu’ils vous ont fait ?
    Sous le moelleux tissu blanc de sa robe, ses épaules eurent un mouvement plein de lassitude.
    — Je n’ai plus de colère contre vous, si c’est cela que vous souhaitez entendre. Je n’ai que des regrets auxquels vous ne pouvez rien. Laissez-moi seule, je vous en prie…
    Il obéit sans insister et quitta la chambre sur la pointe des pieds. Il ne vit pas, sur le visage détourné de Judith, les larmes qu’elle ne pouvait plus retenir…

    Contrairement à ce que l’on aurait pu supposer, Pongo ne rattrapa pas Fanchon et en ressentit une grande indignation. La disparition inexplicable de la jeune femme, qu’aucune trace ne signalait hors de la maison et que personne n’avait vue, lui avait fait l’effet d’une atteinte à sa science des pistes et à son flair de chasseur. Fanchon semblait s’être volatilisée dans le vestibule même de « Haute-Savane » et ce ne fut que le lendemain, après avoir fouillé maison et jardin avec acharnement, que Pongo découvrit, dans une des caves, un étroit passage caché par des fagots qui débouchait dans une petite grotte au flanc du morne. Curieuse comme un chat, la camériste de Judith avait beaucoup fureté dans la maison et avait dû garder pour elle sa découverte.
    — Laissons-la à son destin, dit Gilles quand l’Indien vint lui rapporter le résultat de ses recherches, mais fais boucher ce souterrain. Je n’aime pas beaucoup savoir qu’un chemin d’invasion arrive jusque dans la maison. Legros ne devait pas le connaître car il n’aurait certainement pas négligé pareil atout.
    — Lui plus se manifester. Peut-être parti ? Ou bien renoncé ?
    — Cela m’étonnerait. Ce genre d’homme ne renonce guère. Bien sûr, il n’a rien tenté contre nous depuis deux mois mais cela ne veut pas dire,

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