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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à cheval, ils avaient remonté le cours du Mohawk jusqu’au Fort Stanwix, là où le fleuve changeait de direction. Puis ils avaient traversé le lac Oneida avant de s’aventurer, en canoë cette fois, sur l’Oswego qui courait vers le lac Ontario. D’après les renseignements de Tim Thocker, c’était sur l’une des rives du fleuve que Cornplanter avait, depuis deux ou trois saisons, choisi de cultiver le maïs qui constituait la base de la nourriture de son peuple.
    Ainsi que l’avait expliqué Tim, il n’était pas sans danger de s’aventurer au-delà de ce qui constituait alors l’État de New York car les Anglais étaient encore bel et bien implantés en Amérique. Sous la pression des chasseurs de fourrures canadiens et des tribus indiennes qui avaient été leurs alliés après avoir été ceux des Français tant qu’ils avaient tenu le Canada, le gouvernement britannique était cyniquement revenu sur les engagements contresignés dans le traité de paix de 1783 et avait, s’appuyant sur ses solides implantations au Canada, refusé d’évacuer non seulement les forts établis le long du Saint-Laurent et des Grands Lacs mais encore ceux d’Oswegatchie, de Pointe-au-Fer et d’Oswego qui traçaient un arc de cercle menaçant autour d’Albany. Que les treize États qui avaient conquis leur liberté ne réussissent pas à s’entendre et à se fédérer en un gouvernement solide et tôt ou tard l’Anglais viendrait reprendre ce qu’il considérait comme ses droits…
    La veille au soir, les deux amis avaient arrêté leur canoë à environ un mile et demi du village iroquois. Cachant leur embarcation dans une sorte de petite crique où la végétation particulièrement dense permettait de la dissimuler, ils avaient campé à la manière habituelle des coureurs des bois : sur de longues bandes d’écorce de bouleau attachées à une perche étendue sur deux fourches et glissant doucement jusqu’au sol. Puis, quand la nuit leur était apparue suffisamment avancée, ils s’étaient mis en marche par le sentier forestier qui longeait le fleuve. Mieux valait, en effet, observer ce qui se passait chez Cornplanter avant d’y faire irruption.
    — Le plus simple, avait préconisé Tim, serait encore d’essayer de voler l’enfant puis de s’enfuir à toutes jambes. N’oublie pas qu’il est le fils de Sitapanoki et que la tribu le considère comme un être quasi divin à cause de ses cheveux couleur de soleil.
    — Je n’aime pas beaucoup ton idée. Cet enfant est mon fils et l’honneur commande que je le réclame les armes à la main. Je suis prêt à jouer ma vie contre celle de Cornplanter…
    — J’ai bien peur que, chez les Iroquois, la chevalerie à la mode bretonne ne soit pas très appréciée. Cornplanter nous trucidera l’un et l’autre et offrira nos deux scalps au Grand Esprit. On sera peut-être obligés de se battre quand même mais, si nous le pouvons, essayons de limiter les dégâts.
    Tournemine avait fini par se rendre aux saines raisons de son ami mais, à présent qu’il approchait du campement où vivait l’enfant, il ne pouvait se défendre d’une bizarre émotion qui accélérait les battements de son cœur.
    Ils restèrent assis un assez long moment, écoutant les bruits alentour, attendant l’aube. La lune n’éclairait plus que faiblement les cimes des arbres. Puis la lueur blafarde qui décomposait les ombres disparut tandis que tout devenait plus noir. Quelque part devant eux, les deux hommes entendirent le cri enroué d’un coq puis, dans la même direction, un chien se mit à aboyer.
    Dans sa tunique de daim, Gilles frissonna. Il avait froid et se frotta les mains l’une contre l’autre pour les réchauffer. Il se rendit compte alors que le jour se levait…
    Pareil à de lentes volutes de fumée, un mince brouillard montait du fleuve avec la lumière faible et grise où se dissolvait la nuit. Gilles vit alors que leur chemin forestier débouchait dans une prairie dont ne les séparait plus qu’un mince rideau d’arbres. C’était dans cette prairie que s’élevait le village iroquois, un village qui n’évoquait plus guère les campements traditionnels des nomades.
    Quelques huttes de branchages et de peaux d’élan se montraient encore ici et là, mais la plupart des cases étaient construites de rondins, comme les habitations des Blancs. Elles s’éparpillaient le long de la berge de l’Oswego de part et d’autre d’une construction plus

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