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Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Titel: Histoire De France 1618-1661 Volume 14 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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simple petit mot d' union entre Monsieur et le Parlement, ce mot, qui rappelait la Ligue, eut un effet terrible. «La tendresse de cœur pour l'autorité royale,»la pensée de ces temps maudits, firent repousser, détester l' union ....
    Pour achever la Fronde, en étouffer le faible souffle, un pesant éteignoir tombe dessus, le chapeau rouge, qui coiffa Retz, l'anéantit. Mazarin avait cru en faire la feinte seulement pour le perdre dans le peuple. Mais le pape haïssait Mazarin. Il fit Retz cardinal, pensant le faire plus fort; et ce fut le contraire, il le tua deux fois: dans la cour, dans le peuple (18 février 1652).
    Le héros, le vainqueur de ce moment, c'est Mazarin. Il va de succès en succès, Condé de revers en revers. On se dispute en France la main de ses nièces; ses pas victorieux sont marqués par des mariages. Les Épernon déjà sont à lui. Les Vendômes ont ambitionné de mêler le sang d'Henri IV au sang des Mancini. M. de Bouillon, pour son aîné, pour l'héritier de sa principauté, recherche une autre nièce; ce qui donnera au Mazarin le frère de M. de Bouillon, Turenne, pour arrêter Condé. Celui-ci, perdu en Guienne, ne se voyant au nord qu'une petite armée d'Espagnols que conduisaient fort mal deux étourdis, Beaufort et Nemours, traverse toute la France et reprend son armée. Voilà Condé devant Turenne.
    Condé avait trouvé une auxiliaire inattendue. Une femme encore avait pris la grande initiative. Mademoiselle de Montpensier, fille de Monsieur, mais fort indépendante de son père par sa fortune immense, était dépitée, à vingt-cinq ans, de n'être pas mariée. Elle avait le cœur haut, la grande émulation des reines célèbres, les Christine de Suède et les Henriette d'Angleterre. Elle voulait un trône, et d'abord elle s'étaitproposée à l'Empereur. À la rigueur, elle eût descendu à prendre l'archiduc pour régner sur les Pays-Bas. Mais son rêve favori, c'était le mot d'Anne d'Autriche sur Louis XIV, avant sa naissance et pendant la grossesse: «C'est ton petit mari.» L'enfant avait quatorze ans, elle, vingt-cinq. Et cette grosse différence allait encore augmentant; Mademoiselle perdait de sa première fleur; son teint rougissait trop, son grand nez devenait rosé. Donc, elle imagina, dans sa sagesse, que le meilleur moyen d'épouser le roi, c'était de le battre; que Condé, chassant Mazarin, payerait sa vaillante alliée en la faisant asseoir sur le trône de France.
    Pour mettre les choses au pis, la princesse de Condé, souvent malade, ouvrait une autre chance; si Condé était veuf, qui épouserait le héros, sinon l'héroïne qui l'aurait soutenu? Donc, en se jetant dans la guerre, cette intelligente Clorinde pouvait y gagner deux maris.
    C'est dans ses Mémoires qu'il faut lire la grotesque épopée, son intrépidité dans une occasion sans péril. Elle y montra du moins que, pour vouloir, oser et se mettre en avant, il suffit de ne rien savoir, de ne rien voir, de peu comprendre. Elle ferma les portes d'Orléans, et donna à Louis XIV, pour premier début de son règne, la mortification de reculer devant une femme, la chance d'être vaincu, peut-être enlevé par Condé, ce qui fut très-près de se faire (Laporte).
    Condé eut un grand avantage, il entra à Paris. Il croyait dès lors tenir, dominer, entraîner Monsieur et le Parlement. Mais son étonnement fut grand en voyant,au Parlement, et à la Cour des Aides, où il alla, les magistrats lui reprocher en face et son traité avec l'Espagne, et l'argent de l'Espagne qu'il venait de recevoir, et son audace à se représenter devant les tribunaux qui venaient de le déclarer coupable de lèse-majesté. Il se troubla, s'emporta, mais ne put rien nier. Un simple président des Aides l'accabla, lui parlant de par la loi, de par la France, bravant la sinistre figure qui respirait le meurtre. Il fut bien clair dès lors que les magistrats sentaient derrière eux la bourgeoisie armée, qu'ils repousseraient Mazarin, mais n'adopteraient pas Condé, et que, si celui-ci mettait dans Paris sa petite armée étrangère, ce serait à force de sang.
    C'est ce qui rendait si bonne et si forte la position de Mazarin. Le ministre italien semblait encore, ayant le roi de son côté, contre l'allié de l'Espagne et l'armée espagnole, représenter le vrai parti français. La question de nationalité, mise en jeu, prime toujours et domine la question de liberté. Plus d'un frondeur sincère, plutôt que d'ouvrir Paris

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