Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Histoire De France 1618-1661 Volume 14

Titel: Histoire De France 1618-1661 Volume 14 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
Vom Netzwerk:
reçoit, fait soigner les blessés. Mais tout cela ne suffisait pas. Une seule chose pouvait sauver celui-ci, c'était que la Bastille prît parti tirât de ses tours et le reçut sous son canon.
    Les Broussel tenaient la Bastille. Un fils du vieux Broussel en était gouverneur. Se décida-t-il en ce jour sans l'aveu de son père, sans l'aveu des frondeurs, des Miron, Charton, Blancmesnil, de la vieille et pure Fronde? Je ne le pense pas. La désertion du cardinal de Retz, qui s'était fait ermite à Notre-Dame depuis qu'il avait le chapeau, n'avait pas enterré avec lui le parti. Il existait disloqué, discordant. On le voit bien, malgré l'ombre fatale que jette ici la partialité des Mémoires. À croire ceux-ci, Mademoiselle a tout fait. Qui lui permit de faire? Celui qui lui baissa le pont-levis et qui la mit dans la Bastille. Et qui celui-là? C'est la Fronde.
    La vieille Fronde avait à choisir entre la brutalité militaire du parti de Condé et l'infamie de Mazarin. Elle choisit, et sauva Condé.
    Il était temps. Car on voyait la seconde armée royaliste qui, de la Seine, venait pour prendre en flancCondé, déjà trop faible contre celle de Turenne. Encore dix minutes, il était perdu.
    On voyait tout cela des tours distinctement. Et le fils de Broussel fut trop heureux quand Mademoiselle lui montra l'ordre, faux ou vrai, de Monsieur pour tirer sur l'ennemi .
    Quel ennemi?
    Les canons braqués sur la ville furent tournés vers Charonne, où était le roi. Qui allait tirer sur le roi?
    Ce fut un conseiller nommé Portail, donc le Parlement, qui tira.
    Il n'y eut que trois volées et trois petits boulets. Mais, si la Fronde n'eût été déjà divisée et morte par l'abandon de Retz, ce n'était plus la Fronde, mais la révolution d'Angleterre. Et c'était le Long Parlement . [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XXIV
FIN DE LA FRONDE—LE TERRORISME DE CONDÉ—MASSACRE DE L'HÔTEL-DE-VILLE
1652
    Au messager qui porta la nouvelle et lui montra les tours couronnées de fumée, Condé dit: «Tu me donnes la vie.» Et il faillit l'étouffer de ses embrassements.
    Ce feu ne pouvait guère pourtant intervenir de près dans le combat. Il n'eût pas empêché Condé d'être écrasé aux pieds des tours. Il ne portait qu'au loin. Il était admirable pour frapper à Charonne sur le roi et sur Mazarin.
    Cela même effraya. On le prit comme la voix de Paris, comme menace de la grande ville, comme signification définitive que la Fronde adoptait Condé, que la Révolution ne reculerait plus, mais se transformerait et frapperait la royauté.
    Mazarin fut surpris, atterré. À toutes les portes, il avait cru avoir des gens à lui. Il était sûr d'entrer, et ne songeait qu'à amener la reine et les dames en triomphe. Il resta aplati, ne profita pas de ses forces. S'il eût permis à Turenne de droite, à la Ferté de gauche, de pousser leurs armées, de s'unir en formant un coin, ils entraient infailliblement; ils perçaient à travers Condé, perçaient jusqu'à Paris, ayant de moins en moins à craindre les boulets qui volaient par-dessus leurs têtes. Ils auraient ri sous ces canons tirés dans les nuages, et trouvé à la porte Saint-Antoine un monde de gens impatients de la leur ouvrir. Mais Mazarin perdit la tête. Turenne, je crois, garda la sienne. Pour la seconde fois, il épargna Condé. Froid, calme et prévoyant, il se soucia peu, pour faire triompher Mazarin, de marquer dans l'avenir de sa maison, celle de Bouillon, du sang d'un prince, et du carnage horrible où allaient périr pêle-mêle nombre des grands seigneurs de France.
    La porte Saint-Antoine s'ouvrit, non sans peine, à Condé. Il y fallut des prières, des menaces, et l'intérêt aussi qu'excitait sa bravoure héroïque. «Voulez-vous faire périr M. le Prince?» Cela emporta tout.
    Mais, à la porte Saint-Denis, on n'entra que de force et en cassant la tête à l'officier bourgeois qui commandait, d'un coup de pistolet.
    L'entrée ne fut pas gaie. C'étaient des vaincus qui entraient et qui venaient chercher asile. Une armée moitié espagnole, et des faux Espagnols de Flandres. Des files de bagages infinis et des blessés sans nombre, un encombrement désolant. Rien de moins rassurant,d'ailleurs, que de mettre dans une ville si riche tant d'hommes de pillage et de sang. On les logea entre Saint-Victor et Saint-Marcel, dans un faubourg muré, gardé par la Seine et la Bièvre; on pouvait dire qu'ils étaient dans Paris et qu'ils n'y

Weitere Kostenlose Bücher