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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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foudre. Mais qu'était-ce, bon Dieu! et quelle chute si, de cette fille du grand roi, on regardait en bas, jusqu'à cet insecte, Riom! Qu'il en revînt un mot à Madame, tout était perdu.
    Dans un beau livre (récent), la Folie lucide , on voit ce qu'est une idée fixe. Nulle chimère et nul crime où cela ne puisse mener. On y voit de plus une chose, c'est que ces demi-fous sont rusés, très-propres aux intrigues. Ce sont d'excellents instruments pour ceux qui savent s'en servir.
    Par celle-ci bien dirigée, ne pouvant pas de front emporter le Régent, on fit une attaque indirecte. On pensa qu'il serait plus docile et plus malléable, si préalablement on avait sur lui cette prise, de le tenir par un secret d'État.
    On croyait qu'il en était un, dangereux, redoutable, qui pouvait servir aux Jésuites, et qui sait à l'Autriche? C'est le secret que Marie-Antoinette voulut plus tard tirer de Louis XVI; secret que, seuls, quatre hommes ont su: Louis XIV, le Régent, Louis XV et son petit-fils.
    La fille du Régent, l'enlaçant et le caressant, lui aurait dit: «Si vous m'aimiez, vous me diriez une chose dont je suis curieuse. Je donnerais tout pour la savoir ... le secret du Masque de fer .»
    Soulavie dit qu'elle n'avait d'autre but que d'en amuser un amant. Et d'autres sots ont dit que le secret était sans importance. Mais alors comment expliquer qu'il ait été si bien gardé de roi en roi, avec tant de mystère? J'ai dit ce que j'en pense. Cene put être autre chose que la suppression d'un premier enfant d'Anne d'Autriche, enfant adultérin qui, se trouvant l'aîné, eût supplanté Louis XIV. La maison de Bourbon aurait été dépossédée. Ses ennemis trouvaient piquant, utile, de savoir par le Régent même que l' ordre de succession avait été interverti , que Louis XIV et Monsieur n' étaient que des cadets [6] .
    Il avait trop d'esprit pour ne pas deviner qui la poussait. Mais elle avait trop de violence pour céder, subir un refus. Elle cria, ordonna et pleura. Et enfin elle employa l' ultima ratio des femmes. Elle se mit dans ses bras, dit qu'elle mourrait sans cela, qu'il le fallait, qu'enfin pour l'obtenir elle donnerait tout au monde. Le Régent ébranlé s'attendrit, se troubla, et la furieuse, en échange, jura encore de donner tout. Il n'y tint pas, dit le fatal secret.
    Elle avait oublié Riom, ou pensé qu'après tout, maîtresse absolue du Régent, elle dédommagerait amplement son amant en faisant sa fortune. Mais Riom, déjà sur le pied d'un mari, se fâcha. Elle dut s'ingénier, chercher quelque expédient qui la dispensât de tenir parole.
    Elle venait de recevoir parmi ses dames (en septembre 1717) une jeune dame belle et dévote, mal mariée, très-vertueuse, madame d'Arpajon. C'était la petite-fille de l'architecte Mansart ( Saint-Simon ). Vertu humble et humiliée. La duchesse s'amusait à l'appeler «ma bourgeoise.» Pauvre personne qui semblait ne pouvoir résister en rien.
    Les grands, pour pécher sans péché, font par leurs gens certaines choses. Les casuistes ont la bonté de conniver à ce genre d'équivoque. La duchesse, alors en si bonnes mains, eut l'idée d'immoler cet agneau à sa place, de se la substituer. On parlait fort alors d'une affaire de ce genre. (V. Madame , sur la duchesse de Retz.)
    Elle pensait que le Régent, qui admirait cette dame, profiterait avidement de l'occasion. Mais elle-même,par l'imprévu, par sa brusquerie sauvage, fit manquer tout. Elle renverse violemment la chaise de la dame, s'en empare et la tient, qui crie et se débat. Lui, étonné, myope, hésite. L'oiseau au piège, pris des mains, de la tête, ne pouvant mieux, jette ses pieds «et rue». Il reçoit un coup juste à l'œil,—la fine pointe du petit talon que l'on portait alors,—et juste à son bon œil; il voyait à peine de l'autre.
    Duclos appelle cela un coup d'éventail. Mais en Hollande, où des témoins, qui avaient vu ou entendu, contèrent la chose à Du Hautchamp; on dit tout simplement la honteuse aventure.
    On ajoutait un mot invraisemblable. Le lendemain, au Conseil, d'Aguesseau aurait fait cette plaisanterie: «S'il est aveugle, faisons régent M. le Duc, qui, du moins, n'est que borgne.» Le Régent se serait fâché, et le hasard eût précipité la chute du ministère.
    Mais d'Aguesseau, poli, doux et respectueux, n'eût pas dit un tel mot. D'autre part, le Régent savait peu se fâcher. Il y eut certainement autre chose. Pour le bien de l'Église et la chute des

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