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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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en Espagne! Que d'honneurs au nouveau martyr chez nos dévots Bretons! Que de malédiction pour l'usurpateur, le Cromwell!
    Frapper le duc, la duchesse du Maine, c'était grandir M. le Duc. Bonne raison pour les épargner. Ou tint quelques mois la princesse emprisonnée, Richelieu,mademoiselle Delaunay et autres, furent quelque temps à la Bastille, mais avec toute sorte d'agréments, de douceurs. Richelieu y tenait boudoir, recevait ses maîtresses. La Delaunay avoue qu'elle n'a jamais été heureuse qu'à la Bastille. Pour le fripon de président, le Régent, pour punition, lui mit en main cent mille écus, pour tenir table ouverte aux parlementaires, dans l'exil qu'ils subirent en 1719. Il croyait l'acquérir dès lors comme un homme à tout faire.
    On ne pouvait punir sérieusement. Et cependant, il y avait vraiment crime et conspiration. Notre ingénieux Lemontey s'arrête trop ici au comique et au ridicule de la petite cour de Sceaux, aux langueurs paresseuses de l'ambassadeur Cellamare, etc. Ces misères de Paris se rattachaient à une trame effectivement très-dangereuse, à cet inconnu de Bretagne, aux jacobites anglais, attendant toujours Charles XII, au moteur général Alberoni, qui, après sa défaite navale, faisait le doux et l'humble comme un serpent à demi-écrasé. Il reconstruisait des vaisseaux. L'Angleterre et la France pouvaient attendre qu'avec le peu qu'il reprendrait de forces, il tenterait un coup, au printemps, et en Bretagne et en Écosse. On ne pouvait rester dans cette attente, qui paralysait tout. La guerre était plus sûre. Dubois, dit-on, ne l'entreprit que contraint et forcé par le gouvernement anglais. Je ne sais. Sans nul doute, il valait mieux pour le Régent, pour la France, prévenir l'Espagne et brûler dans ses ports les vaisseaux qu'elle aurait envoyés aux Bretons.
    Le 8 décembre, les papiers saisis étant arrivés à Paris, on arrêta l'ambassadeur d'Espagne, Cellamare. Pas décisif qui impliquait la guerre. Le 27 décembre, le jour même où les Anglais la déclarent à l'Espagne, le Roi, dans son nouveau métier de Banque, agit violemment comme Roi, proscrit l'argent pour forcer de prendre ses billets. Ordonné qu'à Paris et dans les grandes villes, on ne peut payer en argent que les petites sommes au-dessous de 600 livres. Au-dessus, on payera en or ou en billets . L'or alors était rare; il devint recherché et cher. Les billets prirent la place, débordèrent et inondèrent tout.
    La Guerre, la Banque, à la fois sont lancées. Guerre courte, guerre facile; on pouvait le prévoir. Et la Banque semblait offrir des ressources infinies, une caisse sans fond, où le Roi prendrait sans compter.
    Pauvre hier, voilà le Roi riche. Toute espérance est éveillée, toute convoitise est excitée. Peu, bien peu à la cour, s'informent des gens du passé, du piètre duc du Maine qui va dire son chapelet en prison, et de la petite furieuse qu'on envoie sous la garde de son neveu, M. le Duc, rager d'abord en héroïne de théâtre, puis pleurer, prier en enfant, dans le vieux fort noir de Dijon.
    Jamais la cour ne fut plus gaie, plus brillante qu'aux représentations d' Œdipe , où l'on avait pensé pouvoir outrager le Régent. À la première, le 18 novembre, tous les malins étaient contre lui et les siens, et l'on eût voulu les siffler. Mais peu après, tout fut pour lui.
    Voltaire alors n'était connu que comme un fortjeune homme, brillant élève des Jésuites, un polisson spirituel à qui l'on avait fait l'honneur précoce d'une année de Bastille, mais que les ennemis du Régent, le vieux maréchal de Villars et autres caressaient fort.
    Il y avait dans la pièce de quoi plaire à tous les partis. Elle est pour et contre les prêtres. On les attaque. Mais ils triomphent au dénoûment; ils se trouvent à la fin n'avoir dit que la vérité. Ils y prononcent la sentence: «Tremblez, malheureux rois, votre règne est passé.»
    Les Jésuites en furent charmés comme d'une tragédie de collège qui prouvait combien leur élève avait fait de bonnes études. Lui-même, il adressa sa pièce et sa préface à son savant professeur, le P. Porée, par l'intermédiaire d'un de ses patrons, le P. Tournemine, l'un des trois Jésuites régnants sous le feu roi, et secret négociateur entre Sceaux et Madrid.
    On sait qu'à l'exemple des Grecs, l'auteur même joua dans sa pièce. En personne, l'espiègle y portait la queue du grand prêtre. À la fin, on le vit dans la loge de

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