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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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voulu qu'on le jetât par les fenêtres.
    Le Régent, avec tout son esprit, eut l'attitude d'un sot. Brisé par sa douleur, sa mauvaise conscience, il ne trouva pas la réponse qui était si facile. La princesse avait avec elle son confesseur en titre, et c'était un privilège du sang de France de ne pas dépendre de l'ordinaire, d'avoir son prêtre, et ( même excommunié ), d'avoir par lui communion. Les larmes aux yeux, bien bas, il dit au curé qu'il fallait avoir compassion, qu'elle n'avait que le souffle, qu'un rien pouvait la faire mourir.
    C'était le bon moyen de rendre l'apôtre intraitable. Il criait, tempêtait. Le Régent se mourait de peur qu'elle n'entendît. «Eh bien, dit-il pour le faire taire, faisons venir notre archevêque. Il nous mettra d'accord.» Moyen dilatoire très-mauvais. M. de Noailles, le faible Janséniste qui avait détruit Port-Royal, craignait tellement les molinistes que, pour se relever, sedéfendre, il demandait (lui au fond doux et humain) que l'on continuât la persécution protestante.
    Devant cet aboyeur Languet, il fut tout aussi pitoyable que le Régent. Il eut peur, et cacha sa peur, sous un masque de sévérité courageuse, trancha du saint Ambroise contre le prince débonnaire.
    Il dit tout haut, dans cette chambre pleine de monde: «Monsieur le curé, vous avez fort bien fait, et je vous défends d'agir autrement.» Languet, grandi d'une coudée, vainqueur, s'établit à la porte, campa là quatre jours et quatre nuits entières. Il fallait bien manger. Mais, dans ses très-courtes absences, il laissait deux prêtres pour factionnaires.
    Cruelle aggravation aux tortures de la femme en couches. Si nerveuse en ce dur moment, celle qui se sent épiée, écoutée, et d'oreilles malveillantes, ne peut plus rien et risque de périr. C'est la scène de Junon assise à la porte d'Alcmène, tenant ses deux mains jointes, serrées, les doigts entrelacés pour nouer sa rivale, la faire crever. Il n'en fut pourtant pas ainsi. Les cris d'enfant qui éclatèrent, dirent assez que la délivrance avait eu lieu. Plus de danger. Languet leva sa faction.
    Dans son épigramme maligne, Voltaire, cinq mois d'avance, baptisait l'enfant Étéocle , et Lagrange-Chancel disait que, de Cynire et de Mirrha devait naître le bel Adonis . Ce fut cependant une fille.
    L'orgueilleuse souffrait horriblement d'un tel éclat. Et quoi de plus cruel que d'accoucher sous les sifflets? Les rieurs furent impitoyables. Voltaire, pensionné du Régent, mais alors amoureux de la dévote maréchalede Villars, fit, fort étourdiment, pour plaire à ce parti, une nouvelle épigramme sur la naissance incestueuse et sur les peurs de l'accouchée (ce mot date la pièce d'avril 1719, et dément la fausse date de 1716): «Enfin, votre esprit est guéri des craintes du vulgaire,» etc.
    Tout ce bruit lui rendait cruel le séjour de Paris. Accouchée le 3 ou le 4, dès le 10, lundi de Pâques, elle se fit transporter à Meudon. [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE X
GUERRE D'ESPAGNE—MORT DE LA DUCHESSE DE BERRY—DANGER DE LAW
Mai-Juillet 1719
    La guerre commençait sans grand bruit (mars-avril). L'Espagne aurait pu l'éviter. Car la France, à l'époque de la conspiration de Cellamare, n'ayant pas encore le Pérou de Law, redoutait cette dépense. Dubois avait de son mieux adouci, mutilé les pièces. La France et l'Angleterre ne faisaient à Philippe V d'autres conditions que de gouverner l'Espagne par l'Espagne elle-même, c'est-à-dire d'éloigner les brouillons italiens qui, sans moyens, sans force, étourdiment, compromettaient son trône, troublaient la paix du monde. C'est exactement ce que demandaient les plus sérieux Espagnols. Il était insensé, coupable, d'armer malgré elle l'Espagne, de la forcer de combattre. Si elle avait encore un peu de vie, on devait bien la lui garder.
    Les prêtres et les femmes n'ont peur de rien, parce qu'ils risquent moins que les autres. L'abbate, l'amazone, poussaient la guerre en furieux. La rude leçon de Sicile n'avait rien fait. Ils refaisaient la flotte; ports, chantiers, arsenaux, tout travaillait en hâte. Le plus simple bon sens eût dû leur faire comprendre qu'on ne leur donnerait pas le temps de finir tout cela. Ils provoquaient, défiaient la guerre, mais au jour du combat ils n'auraient rien de prêt encore. Isolés en Europe, ayant leurs meilleures troupes enfermées en Sicile, ils acceptèrent la lutte contre les trois grandes puissances du monde,

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