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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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plus même payés, et ne s'échangeant pas, on meurt de faim. De là ces fureurs, ces menaces de mort contre Law et le Régent. Le peuple parisien sort de son caractère, jusqu'à insulter, poursuivre des femmes. Aux Champs-Élysées, on reconnaît la livrée de Law; on jette des pierres à son carrosse, qui promenait sa fille: une pierre atteint, blesse l'enfant.
    On fit à Londres la gageure, et de forts paris même, que le Régent «ne passerait pas le 25 septembre.» Cela arriva en un sens. Cet homme, jadis de tant d'esprit, aujourd'hui lourd, apoplectique, est déjà mort en tous ses dons charmants. Plus d'amabilité, de politesse même. Les quatre métiers de Paris, le haut commerce, venant se plaindre à lui, il s'emporte, il adresse à ce corps respectable les injures du coin de la rue. La seule voix qu'il entend, c'est celle de son Dubois, impétueux, impérieux, qui le fait obéir, le traîne hébété dans sa voie, comme instrument de sa fortune. Le Parlement qui s'ennuie à Pontoise,pour revenir, s'arrange avec Dubois, enregistre l' Unigenitus . Le Grand Conseil l'imite, sur l'intimation du Régent et des princes qui viennent tout exprès pour y siéger.
    L'athée Dubois, Rohan (la femme évêque), l'intrigant Bissy et deux autres, forment maintenant le Conseil de conscience, qui nommera aux bénéfices, selon les volontés papales. Le Régent ne s'en mêle plus «ayant désormais la tête trop fatiguée.» Triste finale de nos longues luttes religieuses. Ignoble enterrement de la vieille Église de France.
    Si bas est tombé le Régent qu'il semble n'avoir rien gardé de ce qu'on aurait cru en lui indestructible, le courage. La foule sait trop bien le chemin du Palais-Royal; le 24 septembre il va coucher au Louvre sous la protection du petit roi. Et ses craintes sont telles qu'il faut qu'on lui pratique un escalier secret par lequel à toute heure il peut descendre au lieu inattaquable, la chambre à coucher de l'enfant.
    Law cependant osait rester encore. M. le Duc y avait intérêt et d'autres; ils le couvraient. Cependant les Pâris, ses violents ennemis, étaient revenus de l'exil. Leur faction fit supprimer la Banque (10 octobre). Ils avaient obtenu le 30 une défense générale de sortir du royaume sans passe-port, annonce claire des mesures violentes dont on frapperait les enrichis, des spoliations, des procès, d'un visa nouveau et peut-être d'une nouvelle Chambre de justice. Qui le premier y eût été traîné? Law sans nul doute. Et qu'eût-il dit? Eût-il pu se défendre sans accuser les princes, et les profusions du Régent, et les brigandages de M. leDuc? Celui-ci réfléchit, arrangea le départ de Law. Dans une belle voiture de promenade à six chevaux, il monta avec le chancelier de la maison d'Orléans, et une dame, jeune et jolie, hardie, fort intéressée à coup sûr à ce qu'il échappât. C'était la marquise de Prie.
    Hors de Paris attendait une autre voiture, du duc de Bourbon, une rapide voiture de voyage pour le mener à la plus proche frontière. Un fils de d'Argenson, intendant sur cette frontière du Nord, l'arrêta à Maubeuge, demanda à Paris ce qu'il fallait en faire. Réponse: «Le laisser passer, mais lui retenir sa cassette,» une cassette des bijoux de sa femme, dernière ressource du proscrit. [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XVII
LA PESTE
1720-1721
    Un Anglais écrit à Dubois (le 15 janvier 1721): «Lord Stanhope a été tenté d'aller vous féliciter du coup de maître par lequel vous avez fini l'année en vous défaisant d'un concurrent si dangereux pour vous et pour nous.» Dubois se donnait le mérite d'avoir rendu ce service essentiel à l'Angleterre. De septembre en décembre, la baisse s'était faite à la Bourse de Londres, et elle aurait été bien autrement rapide, si la ruine, la fuite de Law, n'avaient décidément tourné les capitaux vers Londres.
    Notre amie l'Angleterre consolait son orgueil de ses folies récentes en regardant avec complaisance la situation de la France, en ce moment si misérable, courbée sous trois fléaux, frappée de trois Terreurs:
    La Terreur financière. —Pâris rentre implacable,juge ses ennemis et tout le monde, épluche toutes les fortunes.
    La Terreur des Jésuites. —Dubois est leur Tellier, qui fourre à la Bastille tout ce qui n'est pas serf de Rome.
    La Terreur de la peste. —On établit partout des cordons sanitaires. De la Provence, elle s'avance au nord et marche à grands pas vers la

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