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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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comparaître «ceux avec qui Damiens avait eu des rapports.» Cela voulait dire les Jésuites.
    Le procureur du Roi, au nom du Roi, demanda et obtint arrêt,—l'arrêt de Ravaillac, l'arrêt le plus cruel du plus complet supplice qui fut jamais (brûlé et tenaillé, rompu, tiré et démembré, enfin brûlé encore et mis en cendres). L'imagination défaillante ne put rien au delà. Les juges, en leur amour ardent pour le meilleur des rois, cherchèrent en vain, ne trouvèrent mieux.
    Le Roi souffrirait-il cette abomination? «On a dit qu'il eut quelque idée d'enfermer Damiens chez les fous.» ( Hausset , 165). Il aurait fait un acte sage. Emporter l'infamie d'autoriser cela, pourquoi? pour assurer sa vie? c'était prendre sur soi, sur son nom, sur son âme, un horrible fardeau, et pour tous les mondes à venir.
    Damiens, et son petit canif (qui n'entra pas, glissa, Richelieu le dit au Procès ), Damiens avait rendu au Roi un vrai service. Il l'avait relevé. Avant , huit Parlements lui refusaient l'impôt. Ses financiers ne trouvaient plus d'argent. Chauvelin avait dit: «C'est le dernier soupir de la monarchie expirante.» ( Argenson. )
    Mais après l'écorchure, quel changement! Les femmes pleurent. Le Parlement, bon gré mal gré, se calme, ayant peur qu'on ne dise: «Ils sont pour Damiens.»
    Le Roi d'ailleurs était quelque peu engagé. Il avait dit au moment: «Je pardonne.» C'est qu'il croyaitmourir, paraître devant Dieu. Guéri, il écouta tous ceux qui le priaient de se garder par la terreur.
    Donc, cette chose horrible eut lieu le 28 mars. J'aime mieux que le greffier raconte. Il suivit l'homme, et il vit tout, tant qu'il en resta un morceau:
    «Descendu dans la chapelle de la Conciergerie, l'accusé n'a rien déclaré. Là, les prières chantées, et la bénédiction du Saint-Sacrement donnée, l'arrêt lu dans la cour, et le cri fait par le bourreau, il a été mené en tombereau à la porte Notre-Dame. Je lui ai dit, «qu'ayant porté ses mains sanguinaires sur l'Oint du Seigneur et le meilleur des rois, ses supplices suffiraient à peine pour venger la Justice humaine; que la Justice divine lui en réservait de plus grands, s'il ne révélait ses complices.— Réponse. Ni complot, ni complices. Mais j'ai insulté M. l'archevêque. Je lui en demande pardon.»
    «Les commissaires (Maupeou, Molé, Pasquier, Severt) étaient à l'Hôtel de Ville pour l'écouter. Il ne dit rien de plus (quoique la tentation fût grande de retarder de si excessives douleurs). Sur l'échafaud, on lui brûla d'abord la main qui tenait le couteau. Je lui demandai ses complices. Il ne dit rien, fut alors tenaillé aux bras, cuisses et mamelles; et dessus on jetait huile, poix, cire, soufre et plomb fondus. Il criait: «Mon Dieu, de la force! Seigneur, ayez pitié! Dieu! donnez-moi la patience.»
    Il était fort. Et quatre forts chevaux ne purent l'écarteler. On en ajouta deux, avec peu de succès. Le bourreau, excédé, peut-être ayant pitié (de quoi il futpuni), monta et demanda aux commissaires «la permission de donner un coup de tranchoir aux jointures,» ce qui fut refusé d'abord «pour le faire souffrir davantage.» ( Barbier , VI, 507.) Cela aurait trop abrégé. Nombre d'amateurs distingués, de grandes dames, qui avaient loué cher les croisées de la Grève, n'auraient pas eu pour leur argent. Les commissaires auraient paru peu zélés pour le Roi. Cependant à la longue, pour en finir avant la nuit qui venait, on permit de trancher. Les deux cuisses partirent les premières, puis une épaule.
    Il expira à six heures un quart, le jour finissant (28 mars 1757).
    Il n'a pas blasphémé, dit Barbier, ni nommé personne. Mais pour la religion, les confesseurs n'en sont pas trop contents ( Barbier , VI, 508).
    Pour le confesser et l'absoudre, on exigeait qu'il en devint indigne, qu'il nommât des complices (qu'il n'avait jamais eus). Il s'en passa. Et il resta visible, par son procès, qu'il n'était ni de l'un, ni de l'autre parti théologique, qu'il avait cru agir «pour Dieu et pour le peuple (65)... Ayant été touché de voir à Paris, à Arras le peuple vendre tout ce qu'il a pour vivre.» (103, n os 156-157.)
    Les quatre commissaires furent payés après le supplice, reçurent des pensions du Roi ( Barbier ). L'affaire fut excellente pour Meaupou, dont le fils deviendra plus tard chancelier.
    Rien de mieux mérité. Ils rendirent le service de laisser le procès dans l'obscurité désirée. Ils permirent au

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