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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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siècle n'apparaît pas encore,—il y ait eu un mouvement, ce fut à coup sûr un bienfait. Il serait dur, injuste, de le méconnaître et de le mépriser.
    Il faut noter d'abord d'après les dates une chose trop peu remarquée. La fièvre de superstition qui gâta bientôt tout cela n'en est pas le point de départ. Ce fut un mouvement de justice, de raison indignée, de conscience, une réaction de liberté, qui donna le premier élan.
    La persécution commença (1727), l'indignation suivit.Au fanatisme faux elle en opposa un sincère (1728), qui s'exaltant devint délire, folie (1729), et plus tard folie dépravée.
    Ce pauvre peuple ne bougeait pas du tout. Personne n'avait envie de guerre. Mais les ultramontains avaient intérêt à la faire, à exploiter leur rare avantage (un cardinal roi). Du plus haut au plus bas, ils avaient le gouvernement, les moyens de la tyrannie. Elle s'organisa par trois hommes sans foi et sans opinion.—Hérault, le lieutenant de police, leur fit un livre universel, qui comprit la population, nota chacun, et le mit à sa classe, ou bon , ou neutre , ou appelant . Les neutres mêmes étaient suspects.—Les appelants , livrés à la Justice, la trouvèrent âpre, active, dans Chauvelin, nouveau Garde des sceaux, homme de grande portée, mais très-faux, au fond parlementaire, qui conquit sa grandeur en écrasant le Parlement.—Désignées par Hérault, atteintes par Chauvelin, les victimes tombaient au geôlier, au fils de la Vrillière, S. Florentin, ministre des prisons. Elles y tombaient souvent pour l'oubli éternel. Deux fois on y entre en ce siècle, et deux fois on y trouve des prisonniers tellement oubliés, qu'on ne peut savoir même pourquoi ils furent mis là-dedans.
    Voilà la mécanique. Quels sont ceux qui vont en jouer? Sauf Bissy (un bigot étroit, dur et sincère), tous avaient droit de figurer en Grève.—Le centre était Tencin, et le fameux salon où maritalement il figurait près de sa sœur; lupanar de l'agiotage, que tous avaient sali, que la Fresnaye inonda de son sang.—Lafiteau, le fripon, que Dubois, pour punir sesvols, déporta, fit évêque dans un méchant coin de Provence.—Les mœurs ultramontaines éclataient dans Rohan, cardinal femme, fier de la peau des rousses qu'il tenait de sa mère Soubise, impudemment coquet, étalant sa beauté dans ses bains italiens. Encore plus cette école marquait en deux mâles effrénés, les évêques de Laon et de Soissons, deux échappés de Des Chauffours.
    Avec de tels Pères de l'Église, la Terreur s'essaya, d'abord dans un coin de la France. Tencin, archevêque d'Embrun, fait chez lui un Concile, «ordonné par le Roi,» et par précaution le Roi «défend aux Pères de sortir de la ville sans sa permission.» Les évêques une fois enfermés là, on leur livre un des leurs, un évêque de quatre-vingts ans, le vénérable Soanen. Sans l'écouter, on le condamne, on l'exile en Auvergne, aux froides montagnes, où il meurt. Cela s'appela le Brigandage d'Embrun (1727).
    Le second meurtre est celui de Noailles, vieil archevêque de Paris. Il avait réclamé contre Embrun avec douze évêques. On l'obsède, et il se rétracte. Puis, il revient à lui, il rétracte sa rétractation. Enfin dans ce vertige du flux et du reflux, balloté, battu, imbécile, il adopte la Bulle et meurt. Le siége de Paris passe aux mains d'un des plus forts mangeurs de France.
    Toute autre est la voie janséniste, très-digne de respect. Moderne à son insu, en invoquant la Grâce, le vieux dogme de saint Augustin, elle est pourtant l'essai des libertés nouvelles, l' appel à la conscience .
    La dureté et le petit esprit qu'ils montrèrent trop souvent ne peuvent faire oublier cela. Plusieurs furentde vrais saints. L'un d'eux, l'évêque Vialart, fut opposé aux Dragonnades. Leur diacre, le bienheureux Pâris, un pauvre homme, était doux, humain, de charité sans bornes, laborieux, vivant de son travail. Notez qu'avant sa vie mystique, il avait accompli tous les devoirs de l'honnête homme, fils soumis et obéissant, frère admirable qui ne se retira qu'après avoir marié, établi son cadet, etc. Jeûnant trop (pour donner aux pauvres), il devint plus qu'à demi fou. Il avait pour sa thébaïde une loge de planches dans une cour humide du quartier Saint-Marceau, où jeune encore il mourut de misère (1 er mai 1727).
    Dès l'été, des malades vinrent se traîner sur son tombeau. Tels guérirent par leur foi, l'excès de leur

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