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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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entrerions.»—«L'Empire sera pour vous, répondait Villars, le jour que vous serez dedans.»
    Mais Fleury, en traînant, gagne le 12 octobre, la saison pluvieuse. On passe alors le Rhin. Pourquoi? pour rien du tout. On revient. Car il pleut.
    C'est-à-dire que l'Autriche peut se tourner vers l'Italie.
    Là même, autre déception. Villars avait cru tout facile. Mais comment? Par la chute de Fleury, que l'on espérait. Le Piémontais aussi. Il était plus sincère pour nous qu'on ne l'a dit. Mais, Fleury restant maître et le ministère de la paix, il avait tout à craindre. Villars avait beau lui prêcher qu'il fallait accabler l'Autriche, pendant quelle était désarmée. Sourd et muet, le Savoyard s'en tenait à son Milanais. C'était déjà beaucoup, et plus sans doute que ne permettait l'Angleterre. Cette amie de l'Autriche, qui déjà empêchait la France de l'attaquer en ses membres extérieurs, aux Pays-Bas, aurait-elle permis que le fougueux Villars, entraînant le Piémont, la frappât au Tyrol, et la menaçât au cœur même?
    Villars eut un moment d'espoir, voyant, en février,l'armée des Espagnols qui enfin arrivait. Il y court. Mais déjà ils lui tournaient le dos, s'en allaient au Midi. Ils ont leurs ordres, ne veulent pas comprendre que leurs conquêtes du Midi ne seront rien, si on laisse l'Autriche armer derrière, se relever. Villars leur montre au Nord le gros nuage noir qui se forme au Tyrol. Rien de plus ferme que les fous. La Farnèse et Philippe défendent expressément qu'on agisse d'ensemble. Il faut qu'on coure à Naples. Plan stupide qui fut couronné du succès. Comment? Par un miracle qu'on ne devait pas attendre, par la valeur imprévue, étonnante, de nos soldats novices, qui tinrent les Autrichiens au Nord, montrèrent tous les courages, celui même qu'on n'attendait guère, un sang-froid merveilleux. Et cela (on peut dire) sans généraux. Villars était mort de chagrin. Deux vieillards lui succèdent, Coigny, Broglie, et gênés, de plus, glacés par les lenteurs voulues du Piémontais. Broglie, à la Secchia, presque pris, échappe en chemise. Mais partout nos petits soldats ont une solidité d'airain. Les Autrichiens, qui ont des corps merveilleux pour l'attaque, la charge Hongroise aveugle, la rage en manteau rouge des Croates altérés de sang, avec cet enfer militaire qui trouble l'imagination, n'émurent en rien les nôtres. Ils reçurent à merveille tous les généraux ennemis qui venaient un à un se faire tuer en menant ces charges. Peu de prisonniers des deux parts. Aux batailles furieuses de Parme, de Guastalla, il fut constaté que la France, sans avoir jamais vu la guerre, était toujours la France de Malplaquet et de Denain.
    Chose fort nécessaire, de salut pour les Espagnols,pour l'infant Don Carlos, qui, dans son agréable promenade de Naples, aurait été bien dérangé. Les trente, quarante mille Allemands que nous tuâmes au nord de l'Italie lui seraient tombés sur le dos. Il put triompher à son aise, n'ayant qu'à recevoir les clefs des villes qui venaient au-devant. Il put même, sur les petits restes des garnisons tudesques qui fuyaient du Midi, gagner une fort jolie bataille qui lui coûta peu (Bitonto, 25 mai 1734).
    Au Nord, la vaillance inouïe de cette jeune France de la paix, précisément la veille (24 mai 1734), avait éclaté, et non moins l'éclatante lâcheté de son gouvernement. Il ne s'agissait plus du trône de Pologne, mais de la vie de Stanislas, enfermé dans Dantzig par l'armée russe, et que cette cité défendait. Cent mille hommes, Russes et Allemands, occupaient la Pologne. Trente mille serraient Dantzig. Elle était soutenue par sa foi à la France. Lui-même, Stanislas, croyait très-fermement que le père de la reine de France ne pouvait être abandonné. Les glaces empêchaient seules, disait-on, le secours. Elles fondent, on ne voit rien encore. Le 10 mai (joie immense!), on distingue quelques vaisseaux. Ils sont liés par leurs ordres précis. Ils descendent des hommes, mais, voyant tant de Russes, ils les rembarquent, laissant Dantzig dans le désespoir.
    Un Français, un Breton, Plélo, était notre ministre à Copenhague. Homme d'esprit, connu par des vers agréables, membre de l'Entre-sol (le club de l'abbé de Saint-Pierre), il était de ces rêveurs qui anticipaient l'avenir, qui avaient au cœur la patrie. Il rougit pourla France en voyant cette reculade. Il eut un sentiment aussi de pitié, de chevalerie, pour la

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