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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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pas jeunes, aidaient à cela. Fleury le savait bien, et il en vit l'essai (juillet 1731), lorsque, à Fontainebleau, elles produisirent leur princesse, un jolie petite Allemande, toute jeune (M. le Duc eût pu être son père). La petite, fort lasse de Chantilly, et brûlant pour Versailles, s'avança fort et plut. Elle eut pour son mari un premier signe de faveur, au moins un joujou militaire (régiment des dragons Condé). Fleury y coupa court. Bientôt vint la Mailly. Amour hebdomadaire, un quasi-mariage, qui ne fit rien au rêve, à l'idéal de Chantilly. Y envoyer le roi (quel qu'en fût le prétexte), dans ce lieu charmant, dangereux, ce fut un coup habile, un moyen admirable de le mettre à cent lieues de l'affaire discutée, de lui faire oublier la guerre pour la guerre au mari jaloux.
    M. le Duc l'était extrêmement, et amoureux. Il n'avait qu'elle, dans la solitude et l'exil. Contre les galants ordinaires, il alla jusqu'à l'enfermer. Que faire contre le Roi? Il ne pouvait pas la cacher, lorsque le Roi, revenant de Compiègne, passait par Chantilly.Pouvait-il l'empêcher de voir sa vénérable mère? de voir sa chaste sœur à leur joli Madrid, où le Roi se grisait la nuit? En décembre 1736, M. le Duc est en pleine faveur. Et, pour le constater, sa mère reçoit pour la petite femme un don solennel de diamants (Fleury n'est pas toujours avare), les lui plante en aigrette au front (de Luynes). Elle en garda sa part. Comblé et caressé, désespéré, son fils l'a marquée d'un mot au fer chaud: «N'était-ce pas assez d'avoir vendu vos filles, sans trafiquer de votre bru?»
    Revenons. Dans ces jours de la suprême décision, 17 et 18 août, le Roi resta à Chantilly, revint le 19 à Versailles. La reine était à l'heure, on peut dire, de sa Passion, entre la vie, la mort. Stanislas paraissait le plus lâche des hommes s'il ne partait, s'il n'écoutait l'appel très-pressant de son peuple. Le 20 au soir, le père s'arracha de sa fille, pour le plus périlleux voyage qui jamais se fût entrepris, pour traverser l'Europe, tant d'États ennemis, pouvant à chaque instant être arrêté, tué, par ceux qui souvent contre lui avaient tenté l'assassinat. Sa fille, qui se mourait d'angoisses, tremblait de rien montrer, d'accuser par ses pleurs le départ de son père. Le Roi, justement à cette heure, le soir du 20, au lieu de rester avec elle, alla coucher à la Muette. Apparemment Fleury craignait qu'à ce départ tragique, à ce déchirement, la reine, qui eût touché les pierres, n'en tirât quelque mot pour son père et pour son pays.
    Stanislas part le 20, à travers mille dangers arrive à Varsovie (5 septembre 33). Il est l'élu national d'un peuple qui veut vivre encore. Soixante mille seigneurs,gentilshommes, votent pour lui. Brillante cavalerie, mais dispersée, qui craint pour ses foyers. Aucune armée organisée.
    Le traître Auguste a désarmé d'avance. Cependant l'Allemand n'est pas entré encore, et l'on n'aura affaire qu'aux Russes. Dix mille Français, si on les avait eus, eussent fourni un noyau suffisant. Stanislas y comptait. Retiré à Dantzig, il attendait la flotte de Brest, qu'il avait laissée sous la garde d'un homme sûr, déterminé, de parole, Duguay-Trouin. Il ignorait la comédie qui se jouait de Walpole à Fleury. Le premier, devant Brest, avait quelques vaisseaux anglais qui allaient et venaient [29] . Cela fournissait à Fleury cette ignoble et menteuse excuse: «Nous n'osons pas sortir.» Horace dit: « Ce serait une atteinte aux libertés commerciales que les traités assurent à la navigation de la Baltique. » Horace s'y oppose... «Demandez à Horace...» Voilà l'hiver, les glaces. La Baltique est fermée.
    La ville de Dantzig s'obstinait noblement à défendre son roi, légalement élu. Elle bravait les Russes qui arrivaient. Qui croirait que si tard, ne voulant rien au fond (qu'amuser et tromper la reine!), on eut l'indignité, le 18 novembre encore, de faire écrire le mannequin royal, d'encourager les résistances et les parolesde Louis XV, et d'enhardir Dantzig à se faire écraser?
    Sur le Rhin, on avait trouvé moyen de ne rien faire non plus. Nous avions cent mille hommes; l'Autriche, par le dernier effort, n'en eut que soixante mille. Villars et les Bellisle voulaient que l'on perçât dans l'Allemagne, qu'on lançât la Bavière, qu'on mît en liberté tant de haines muettes. Fleury disait: «Sans doute, si nous avions l'Empire pour nous, nous

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