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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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Empereur, noyer la Prusse de barbares. Nos victoires inutiles de Flandre servaient si peu à Frédéric qu'il dit: «Autant vaudraient des batailles au bord du Scamandre ou bien la prise de Pékin.» Au moment où il espérait quelque diversion de la France, il apprit qu'au contraire notre armée d'Allemagne affaiblie pour celle de Flandre, venait de repasser le Rhin. Marie-Thérèse, impératrice, était encore plus implacable, enflée d'orgueil et de fureur. Elle ne voyait, n'entendait plus. Frédéric, par expérience, savait qu'elle ne devenait bonne qu'en recevant les étrivières. Il les lui prodigua. À chaque refus, une victoire.
    D'août en octobre 1745, la ligue (d'Autriche, Saxe, Angleterre, Piémont) était vaincue partout. En Flandre on avait pris Bruges et Gand, et l'on investissait Bruxelles. En Italie, une armée espagnole, partie de Naples, et ayant joint notre armée de Provence, secondée des Génois, avait séparé brusquement le Piémontais de l'Autrichien. Ce qui est bien plus grave, les Montagnards d'Écosse avec le Prétendant descendent à Édimbourg (2 octobre). La claymore à Preston brise l'épée anglaise. Les enfants de Fingal et l'aigre cornemuse traversent l'Angleterre et directement vont à Londres.
    Tout est merveilleux dans l'affaire, sublime et fou. C'est un chant d'Ossian. Charles-Édouard, second fils du roi Jacques, qui n'avait rien de lui, rien des Stuarts, mais tout de la Pologne et de sa mère Sobieska,unit trois avantages, beau et intrépide, ignorant, ne sachant rien du réel, du possible. Quand notre embarquement manqua (en mars 1744), il eût trouvé tout simple de passer en bateau sur des coques de noix. Il resta ici, remuant Versailles en dessous par son frère, plus adroit. Par Tencin il agit, par Richelieu qui espérait commander une descente.
    Versailles hésitait fort, voulait, ne voulait pas. On prêta seulement deux vaisseaux à un armateur irlandais, de Nantes, qui disait «faire la course.» On ne donna nulles troupes, quelques armes à peine, et peu, très-peu d'argent. Le brave prince ne s'arrêta pas à tout cela. Il avait son roman en tête, de laisser là les Jacobites trop prudents, mais de se jeter tout d'abord dans les Hautes Terres, chez ces vaillants sauvages aux courts jupons d'Écosse, sans calcul et prêts au combat. La folie polonaise avec la folie gaélique, cela pouvait faire quelque chose d'extraordinaire, de grand. L'absurde de la chose, l'improbable aidaient au succès. Arrivant seul et sans force étrangère, il avait plus de chance. Nul souci des moyens. Il calculait si peu qu'il avait pris l'habit le plus impopulaire, le plus mal vu en Angleterre, celui du séminaire écossais de Paris.
    Tout se fit par gestes et regards, car il ne savait pas leur langue, ni eux la sienne. Ils le virent, furent émus. Dès qu'ils furent douze cents, la cornemuse en tête, ils descendirent dans Édimbourg; alors, ils furent trois mille. Sans se compter, ils chargent les Anglais à Preston, Pans, et les défont. Toute l'Écosse se déclare. Mais la difficulté était de mener jusqu'à Londresces fils de la montagne, si attachés au sol natal. Beaucoup laissent le prince, qui n'avance pas moins. Plus il enfonce en Angleterre, plus il espère deux choses: que le vieux loyalisme va remonter au cœur des Jacobites anglais; que la France, l'Espagne, rougiront à la fin, ne voudront pas le voir périr.
    Le secours fut étrange: trois compagnies françaises, juste assez pour nous compromettre sans le fortifier. Les Jacobites, d'autre part, loin d'avoir quelque élan, furent plutôt effrayés. Ils ne voulaient rien faire sans une grosse armée de la France. Les wighs, les anti-jacobites ne bougeaient pas non plus. Il en fut justement comme à l'invasion de Guillaume en 1688. Nul mouvement ni de l'un ni de l'autre parti. Mais cette fois, la chose fut d'autant plus plaisante qu'elle eut lieu au moment où les Anglais croyant la guerre très-loin, en Allemagne, bouillonnaient de vaillance, guerroyaient de paroles, impitoyablement soufflaient le feu, le fer. La guerre? Mais la voici, à deux journées de Londres. L'un dit: «Je suis marchand;—moi banquier;—moi fermier.» C'est l'affaire du Roi, des soldats.
    Situation comique. Celle d'Auguste III devant le roi de Prusse ne l'est pas moins; il s'enfuit en Pologne, et Frédéric, pour la seconde fois, gardant la Silésie, a fait plier Marie-Thérèse. Le Savoyard, chassé par nous de la Savoie, de tous ses États

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