Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
Vom Netzwerk:
Versailles et voulaient y jeter le grappin. Le moyen eût été d'y mettre une seconde dauphine, une sœur de lamorte (une naine toute noire, dangereux diablotin). Elles s'y prirent maladroitement et révoltèrent le roi. Par un procédé double, en lui écrivant des tendresses, elles animaient le Dauphin contre lui. «Dévotes, harpies, catins,» tâchaient de le rendre amoureux. Elles parlaient au nom du roi d'Espagne, qui n'en savait un mot. L'Infante en vint enfin, dans sa fureur d'enfant gâtée, au point qu'elle gronda son père, le menaça. Cela trancha. Le roi fit écrire à Madrid que nous nous avions ici trop d'horreur pour l'inceste, qu'on n'épousait pas les deux sœurs. Il suivit d'Argenson, il accepta son plan de demander plutôt une Saxonne, de regagner ainsi la Saxe et la Pologne à l'alliance française.
    Après la Saxe la Hollande. D'Argenson insistait pour qu'on fît celle-ci médiatrice. Des conférences furent ouvertes à Bréda. Il y reprit son plan de nous regagner le Piémont en lui donnant Milan, en resserrant la part de l'Infant, notre gendre. Propositions secrètes qui transpirent à Madrid. L'Infante et la Farnèse pleurent, crient. Un tonnerre de sanglots s'entend des Pyrénées. Quel est l'indiscret? Le roi même. Il dénonce là-bas celui qu'il approuvait ici. Comment? Par extrême faiblesse. Il avait une lettre suppliante de Philippe V mourant. Il sentait que l'Infante serait désespérée, furieuse, si (sans lui dire un mot) on lui ôtait Milan, la couronne de fer, pour la donner au Savoyard. Il eut peur de sa fille, rejeta tout sur Argenson.
    Celui-ci était seul. Il pouvait se vanter d'avoir réuni tout le monde, mis les partis d'accord. Tous contre lui.Il eût fallu bien du courage dans la Pompadour pour l'aider contre la cour et la famille. Ce triste visage (à la crème, qu'on voit dans le pastel) n'en était guère capable. Elle baissait. L'année 1746 fut terrible pour elle. Le pouvoir lui venait, mais la vie s'en allait, d'abord la santé, la beauté. Si le Roi eût été un peu absent, elle eût pu remonter. Il ne le fut qu'un mois, et elle ne put pas respirer. Ministre tout le jour, la nuit chanteuse, actrice, mise au lait et crachant le sang, elle s'exterminait. Et le Roi était ennuyé. Aux ballets où elle figure, il bâille. «J'aime la comédie,» dit-il, et il y bâille aussi. Il ne se plaît un peu qu'aux Italiens, au spectacle où elle n'est pas. Elle semble finie déjà (1747). Elle a l'air épuisé, «sucé,» dit d'Argenson. Elle souffrait du mépris de Paris. Point d'affront qu'à Versailles elle n'ait du Dauphin, de Mesdames. La nuit, c'est pis encore. Le Roi allait toujours chez elle, ce qui trompait les simples. Mais en réalité, c'était pure habitude. On sut lui mettre en tête qu'elle était très-malsaine. Sous tel ou tel prétexte, il couchait sur un canapé ( Hausset ).
    «La Pompadour va être renvoyée. Le Roi vivra dans sa famille.» ( Arg. , 1747.)
    La famille? qu'était-ce? Non, certes, le Dauphin. C'est un peu la Dauphine, une bonne Allemande. C'est beaucoup, c'est surtout la fille aînée du Roi, la très-douce madame Henriette, sa petite sœur Adélaïde.
    Madame Henriette était une pâle fille du Nord, très-maladive et très-timide, qui avait près du Roi comme un respect tremblant, presque peur. Cela lui plaisait. C'était un cœur charmant et bon, cœur brisé et lavictime de son père qui l'avait traité durement. Élevée presque avec le petit d'Orléans et jouant avec lui, elle avait bien cru l'épouser. Mais le Roi était tout à fait pour les Bourbons d'Espagne, ne voulait nullement approcher Orléans du trône. Il aimait mieux d'ailleurs l'Infante. Il immola Henriette, ne la maria point. Qu'arriva-t-il? Cette bonne sœur n'en fut pas moins toujours du parti de l'Infante à qui on la sacrifiait. Comme les chiens battus qui d'autant plus s'attachent, elle se donna toute à son père. La cabale dévote lui faisant un devoir de l'envelopper, le gagner, elle trouva ce devoir très-doux. Élevée par la vieille madame de Ventadour, une dévote bien peu scrupuleuse, Henriette prit le rôle qu'on voulait; elle força sa timidité, fit chez elle des soupers au roi ( Luynes , Argenson , Campan , etc.). Chose certainement pénible à une si modeste personne, et si souvent malade. Mais elle se vainquit tellement qu'il se trouva chez elle à l'aise plus que partout ailleurs, s'habitua à elle, comme à un doux animal domestique dont on ne peut

Weitere Kostenlose Bücher