Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
Vom Netzwerk:
plus se passer, qui ne se plaint jamais, accepte tout caprice, qui voit sans voir et souffre tout.
    Succès réel du parti du Dauphin qui par la sœur faisait arriver, réussir, tout ce qui eût choqué du frère. Le roi croyait pour elle n'en jamais faire assez. Il lui donne à Versailles (où elle n'avait besoin de rien) huit cent mille livres de rente , justement quatre fois plus qu'à la Pompadour, qui en a alors 200,000. Tout à l'heure, il va lui créer une Maison, dames et grands officiers, presque au point d'éclipser la reine.
    La reine y gagna fort. Autant le roi avait été jusque-làsec pour elle, même dur, autant il fut aimable. Nul doute que la très-bonne fille n'eût obtenu cela de lui. La reine eut des étrennes et la Pompadour n'en eut plus. Le roi fit le jeu de la reine, et pria les seigneurs de la distraire un peu. Enfin il fit la chose qui ravit tout le monde. La Bête fut chassée, je veux dire Argenson. Quelle joie pour notre Infante! Qui peut lui faire cela, sinon son humble sœur, empressée à servir celle à qui on l'a immolée.
    Argenson renvoyé (février 1747), c'est toute une révolution. Nous tournons le dos à la Prusse, à la Hollande et au Piémont. Nous reviendrons de plus en plus aux alliances catholiques, aux Espagnols, aux Autrichiens.
    Même avant qu'il tombe, on a à regretter d'avoir négligé ses avis. L'alliance du Piémont manquée nous ruine en Italie, nous amène en Provence les bandes autrichiennes, dont nous étions noyés sans un hasard heureux, l'insurrection de Gênes (V. le très-beau récit de Sismondi). L'alliance de Hollande qu'Argenson travaillait, et qu'on fit avorter en envahissant ce pays, y tua le parti de la France, donna force au parti anglais et orangiste. La populace des ports fit ce qu'elle avait fait pour Guillaume III en 1672. Elle voulut, exigea un stathouder, imposa à la république un très-indigne chef, Orange, serviteur des Anglais. Notre imprudente attaque eut ce beau résultat de sceller l'union de l'Angleterre et de la Hollande, d'opérer l'anéantissement définitif de celle-ci.
    Nous demandions la paix en offrant humblement de rendre nos conquêtes. Et l'on n'en voulait pas. Cependanttout le monde était bien las, surtout les États secondaires, pauvres comparses du grand drame où ils ne gagnaient que des coups. Les obstinés eux-mêmes commencèrent à se faire plus doux aussi, quand Maurice menaça Maëstricht, le boulevard de la Hollande, quand il gagna tout près la victoire de Lawfeldt, peu décisive, il est vrai, mais sanglante. Puis il emporta Berg-op-Zoom. Sac cruel qui montra combien s'aigrissait cette guerre, et terrifia la Hollande. Si l'on prenait aussi Maëstricht, notre armée débordait, et ce riche pays, si peu fait à la guerre, se voyait appelé aux cruels sacrifices, aux affreux moyens de défense qu'il prît contre Louis XIV, s'inondant, se noyant, s'infligeant un désastre plus grand que n'eût fait l'ennemi. L'Anglais aussi, ayant anéanti jusqu'au dernier de nos vaisseaux, ayant fait son œuvre de guerre, devenait pacifique pour ne pas nous laisser reprendre avantage sur terre. Donc on négocia. Malgré le maréchal de Saxe qui raisonnablement voulait d'abord Maëstricht, on se dépêcha de traiter.
    Le but primitif de la guerre, où était-il? Et qui s'en souvenait? L'Autriche, que l'on devait détruire, malgré sa cession à la Prusse, était plus forte que jamais. Le mari de l'Infante, son établissement, sa royauté lombarde, qu'étaient-ils devenus? Notre Infante voyait tout lui échapper, l'espoir même. Le frère de son mari, Charles, le roi de Naples, s'il eût succédé en Espagne à Ferdinand (faible et malade), entendait laisser Naples au second de ses fils, non à son frère Philippe, le mari de l'Infante. Donc, celle-ci, qui, avec la Farnèse, a régné à Madrid, qui un jour eut Milan,qui (d'après le traité de 1736) pouvait espérer Naples, se voit, entre trois trônes, à terre.
    Elle savait très-bien l'intérieur de Versailles. Elle voyait monter Henriette. Celle-ci, sans esprit, sans adresse, quasi muette, nulle, avait gagné le Roi. Comment? par cela même, par l'excès de l'obéissance. On savait bien pourtant ce qui était derrière et la poussait. Que lui ferait-on faire? Comment userait-elle de ce pouvoir croissant? Trois personnes étaient inquiètes, fortement attristées: la Reine, la Pompadour, l'Infante.
    La reine, tout à coup flattée du Roi (déc. 1746, déc. 1747, De Luynes ),

Weitere Kostenlose Bücher