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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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pour l’héritage du duc de Bourgogne. Les Flamands furent écrasés à Rosebecque. Cependant il fallut revenir au plus vite pour réprimer à Paris une nouvelle révolte des Maillotins. Cette fois les troupes royales entrèrent « les glaives au poing ». La répression fut sévère et, pendant trois semaines, les cours martiales prononcèrent des exécutions (1382).
    L’œuvre de Charles V sombrait dans ces désordres. Par bonheur, l’Angleterre, au même moment, sous un roi pareillement trop jeune, l’étourdi Richard II, n’était pas moins troublée : le duc de Bourgogne, qui avait de l’esprit politique, quoiqu’il l’appliquât surtout à ses propres affaires, ne se trompait peut-être pas quand il disait que les révolutions se tenaient et se répandaient d’un pays à l’autre. Tandis qu’apparaissaient ces symptômes inquiétants, Charles VI atteignit sa majorité. Ses intentions étaient bonnes. Il rappela les conseillers de son père, qu’on appelait par dérision les marmousets. Jean de Vienne, Clisson vivaient encore. Avec eux il entreprit d’achever la libération du territoire. Mais le jeune roi n’avait pas la prudence de Charles V : il voulut en finir d’un coup avec l’Angleterre, l’envahir, recommencer Guillaume le Conquérant. Depuis sept ans, la flotte, faute d’argent et de gouvernement, avait été négligée. L’expédition, par le mauvais vouloir des ducs, ne fut pas prête à temps. Elle ne partit jamais. Mis sur leurs gardes, les Anglais, qui ne pouvaient guère mieux que cette diversion, excitèrent la Bretagne. C’est en allant châtier le parti anglais de Montfort que Charles VI fut frappé de folie dans la forêt du Mans (1392).
    Le roi fou : étrange et funeste complication. Ailleurs, le malheureux eût été déposé. La France le garda avec une curieuse sorte de tendresse, par respect de la légalité et de la légitimité, chez certains avec l’idée secrète que cette ombre de roi serait commode et laisserait bien des licences. Les oncles se hâtèrent de revenir. La France, en effet, va être libre, libre de se déchirer dans les guerres civiles.
    Toute guerre civile est une guerre d’idées où se mêlent des intérêts. Dans le drame qui commence, il y a la querelle du schisme, l’intervention, auprès des deux papes, de l’Université de Paris, la grande puissance intellectuelle de la France d’alors, la grande remueuse des esprits, forte de son ancienneté, de son éclat et de ses privilèges, mi-cléricale et mi-laïque, presque internationale par la foule des étudiants étrangers qu’elle attirait. La papauté était divisée, l’Université prit le rôle d’arbitre du conflit, et, pour forcer les deux papes rivaux à céder, décida de sa propre autorité qu’il ne convenait plus d’obéir ni à l’un ni à l’autre. Cependant la monarchie française continuait à soutenir le pape d’Avignon. Cette politique était celle du duc d’Orléans, fière du roi fou, et nouveau venu dans le conseil de régence où les autres ducs avaient dû l’accueillir à regret. Que Louis d’Orléans, dans ce conseil de princes, ait représenté l’intérêt de la France et la tradition nationale, il n’en faut pas douter. « On ne peut nier, dit Michelet, que le parti d’Orléans ne fût le seul qui agît pour la France et contre l’Anglais, qui sentît qu’on devait profiter de l’agitation de ce pays, qui tentât des expéditions. » Louis d’Orléans eut contre lui l’Université, à cause de l’affaire du pape ; les contribuables, parce que, pour continuer Charles le Sage, il fallait lever des impôts, enfin le duc de Bourgogne, parce que ce prince, par ses possessions de Flandre et des Pays-Bas, se trouvait engagé dans un système qui n’était plus français. Ce nouveau duc, Jean sans Peur, cousin germain du roi et duc d’Orléans, n’était déjà plus des nôtres, il était nationalisé Flamand. Sous les apparences d’un Français, il y avait un étranger au conseil de régence. Il était désigné pour rallier les mécontents.
    Entre Louis et Jean sans Peur, ce fut d’abord une lutte sourde. Ce que faisait Orléans, Bourgogne le défaisait. Orléans établissait des taxes : elles étaient supprimées par Bourgogne. Moyen de popularité facile. Moyen aussi de ménager l’Angleterre, comme la politique permanente des Flamands le voulait. Le roi anglais, Richard II, était devenu pour nous un ami. Il avait épousé la fille

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