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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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états convoqués à Orléans, le roi de Navarre et Condé furent invités à s’y rendre. S’ils refusaient, ils s’avouaient coupables et se mettaient hors la loi. S’ils venaient avec des troupes, ils trahissaient une mauvaise conscience. S’ils venaient seuls, ils se livraient à leurs adversaires. C’est ce qui eut lieu. Le roi de Navarre, que son irrésolution rendait inoffensif, fut intimidé par un accueil glacial et une étroite surveillance. Quant à Condé, sommé par le roi d’expliquer sa conduite, il répondit qu’il était calomnié par les Guise. Arrêté, jugé, il fut condamné pour trahison. Les Guise avaient obtenu ce qu’ils voulaient. En frappant les princes de Bourbon, ils avaient frappé le parti protestant à la tête.
    La mort de François II, dans la même année 1560, atteignit les Guise au milieu de ce succès. Cette mort changeait tout, car le nouveau roi, Charles IX, étant mineur, la reine mère et L’Hospital prenaient la haute main. On peut croire que, de ce moment, l’idée d’un changement de dynastie hanta les Guise, comme elle était dans l’esprit des protestants. Et du changement de dynastie à la suppression du régime monarchique, il n’y a qu’un pas. Un état d’esprit révolutionnaire se répandait.
    Apaisement, réconciliation : c’était le programme de Catherine et de L’Hospital. Programme chimérique : les positions étaient trop nettes, les passions trop brûlantes. L’habileté de l’Italienne, le libéralisme du chancelier réussirent quelque temps à écarter les questions qui irritaient, les questions de personnes d’abord. Mais il n’était pas possible d’être si impartial que la balance ne penchât de quelque côté. Les Guise écartés du pouvoir, le roi de Navarre au conseil, Condé gracié, l’amnistie pour les calvinistes : la balance penchait du côté des protestants qui s’enhardirent, tandis que les catholiques s’alarmaient. L’Hospital s’était trompé sur la nature du problème ou plutôt il ne l’avait pas vue. Il n’avait pas distingué ce que Sainte-Beuve appelle « l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État ». L’Hospital ne crut pas seulement contenter les calvinistes par des concessions et des édits de tolérance. Ne distinguant pas le cours des événements, il affaiblit l’État au moment le plus mauvais. Il a ainsi une lourde responsabilité dans les massacres et les guerres civiles. L’ordonnance qu’il rendit, selon l’usage, après les états généraux d’Orléans, répondait aux réformes demandées par les députés bourgeois, effrayés surtout de la dépense et du déficit qui atteignait 43 millions, chiffre énorme alors. Le chancelier fit des économies, mais de l’espèce des économies ruineuses. Il diminua la force publique, licencia la garde écossaise. Les pensions réduites firent des mécontents et des « demi-solde ». Ce n’était pas tout. Les pouvoirs des municipalités furent accrus : c’est comme si, dans des temps troublés, la police intérieure était abandonnée aux communes. L’Hospital pensait que la liberté arrangerait tout : il désarmait le gouvernement, et il armait les partis. Michelet, presque malgré lui, traite ce libéral comme un imbécile : « Aux flots de la mer soulevée, aux éléments furieux, au chaos il dit : « Soyez rois. »
    Ces circonstances expliquent comment, presque d’un seul coup, la France flamba. En vain le chancelier multipliait les édits ; personne ne les observait. Les calvinistes ne trouvaient pas qu’il leur donnât assez et le parti catholique trouvait qu’il leur donnait trop. Les uns troublaient la messe, les autres le prêche sans qu’on sût jamais qui avait commencé. La singulière idée qu’eut L’Hospital de convoquer à Poissy un colloque d’évêques et de ministres pour rapprocher les deux religions s’acheva par une violente querelle et laissa penser aux catholiques que le pouvoir était prêt à sacrifier leur foi. Dans son rôle de conciliatrice, Catherine de Médicis se rendait suspecte. Déjà, le duc de Guise, le vieux connétable de Montmorency et le maréchal de Saint-André avaient formé une sorte de gouvernement à côté du gouvernement, le triumvirat. Un incident plus grave que les autres, où le duc de Guise fut personnellement mêlé, donna le signal de la guerre civile. Les protestants, dont les coreligionnaires

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