Histoire de France
avaient eu le dessous dans la sanglante échauffourée qu’on a appelée le massacre de Vassy, crièrent à la persécution et prirent les armes. On était en mars 1562 : la véritable guerre civile commençait et un manifeste du prince de Condé l’ouvrit.
Cette guerre, François de Guise, avec sa décision ordinaire, voulut l’entreprendre dans de bonnes conditions. Il avait pour lui Paris qui restera jusqu’au bout catholique, et la résistance passionnée de la capitale annonce l’échec de la nouvelle religion, car déjà la France ne peut plus être qu’à l’image de Paris. Guise voulut encore autre chose : être sûr du gouvernement. Par un coup aussi calculé et aussi hardi que celui d’Orléans, il s’empara, à Fontainebleau, de la reine mère et du jeune roi, les conduisit à Paris, et reprit le pouvoir.
La tutelle et la surveillance que les Guise imposaient à la royauté et que Catherine subissait impatiemment, contre lesquelles Charles IX et Henri III se défendront plus tard, étaient fort illégales. Toutefois, sans cette dictature, la France eût couru de bien plus grands périls. Le coup d’œil de Guise était prompt et sûr. Il avait vu tout de suite la marche que les événements devaient suivre. Toute guerre civile introduit l’étranger dans les affaires d’un pays. Quand une guerre civile a en outre un principe religieux, elle prend un caractère international. La crainte des Guise était que les protestants de France n’eussent recours aux protestants du dehors, Comme nous avions encore de bonnes relations avec ceux d’Allemagne, les Guise cherchèrent à les convaincre qu’il y avait bien moins de différence entre luthériens et catholiques qu’entre luthériens et calvinistes. Le cardinal de Lorraine, par une politique qu’on lui a beaucoup reprochée, fit même, dans un entretien fameux sur la foi et le dogme, d’étonnantes concessions au duc de Wurtemberg. Cette politique réussit et les subsides aidant, on put voir les reîtres allemands combattre dans les rangs catholiques contre d’autres reîtres. Du côté de l’Angleterre, favorable au protestantisme, les Guise étaient sans moyens d’action. Mais une alliance s’offraient à eux, celle de l’Espagne. Philippe II avait pris position contre la Réforme en Europe. Élisabeth d’Angleterre était son ennemie. Ainsi, en France, chacun des deux camps trouvait des alliés.
Si les interventions étrangères étaient déplorables, celle de l’Espagne, semblait à ce moment la moins dangereuse. Catherine elle-même y avait recouru pour intimider le roi de Navarre, menacé dans son État, et la manœuvre avait été efficace. Ensuite l’entente du parti catholique avec l’Espagne se faisait par les voies régulières et diplomatiques, tandis que le parti protestant, parti rebelle, bien qu’il s’en défendît, était en mauvaise posture pour négocier. Élisabeth lui donna son appui moyennant des gages : la remise du Havre d’abord et plus tard la restitution de Calais. Condé et Coligny qui signèrent cette convention ont nié qu’ils eussent voulu trahir. Cependant ils livraient leur pays.
On a comparé l’année 1562 à 1793. Ce fut en effet une année de massacres et de terreur où aucun des partis n’épargna l’autre : Montluc et le baron des Adrets, dans le Midi, ont attaché leur nom à ces luttes impitoyables. Mais la Révolution a détruit moins de monuments, d’églises, de tombeaux et de statues, car les protestants s’en prenaient aux « images ». Beaucoup de lieux de France montrent encore les ruines de ce temps-là. Cependant la carte des opinions et des religions a sensiblement changé. Car si, au sud, catholiques et protestants, personnifiés par Montluc et des Adrets, sont toujours restés en présence, l’Ouest, en partie calviniste, au seizième siècle a vu la défaite de la Réforme. C’est en Normandie, où Condé et Coligny trouvaient leur appui principal, que la bataille se livra. Parti pour protéger le Havre contre les Anglais et reprendre Rouen, Guise rencontra Condé et Coligny près de Dreux et remporta une victoire difficile mais une victoire. Il lui restait à s’emparer d’Orléans, une des places du protestantisme, lorsqu’il fut assassiné par Poltrot de Méré (1563). À ce guet-apens, le fils de François de Guise répondra dans la nuit de la Saint-Barthélemy. À la guerre civile et religieuse, ce crime ajoutait la vendetta.
En attendant, les
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