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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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et la couverture qui, au nord et à l’est, lui manquaient cruellement. Après cela, Louis XIV devra défendre ses conquêtes. On peut dire que son histoire a deux parties distinctes et comme deux versants : avant et après la chute de Jacques II.
    Ces brèves explications permettent de suivre plus aisément les cours des guerres, qui eurent l’acquisition de la Flandre pour point de départ, jusqu’à l’affaire de la succession d’Espagne, qui remplit la fin du règne. Si l’on blâme chez Louis XIV le goût des conquêtes, si on lui reproche son ambition, alors il faut trouver les premiers Capétiens ambitieux parce qu’ils ont voulu s’avancer au-delà de Dreux et d’Étampes. Si l’on estime que Louis XIV a voulu aller trop loin, il faudrait dire à quels signes se fussent reconnues les limites auxquelles il devait s’arrêter. L’objet essentiel étant de protéger la France contre les invasions, de lui donner une ceinture solide, il était aussi rationnel d’avoir Mons, Namur et Maëstricht, que les places de l’Escaut et de la Sambre, Valenciennes ou Maubeuge, qui mettent à l’abri la vallée de l’Oise. Ce qu’on appelle les conquêtes de Louis XIV partait d’un plan stratégique et de sécurité nationale. Elles étaient en harmonie avec le système de Vauban et pour ainsi dire dictées par lui. Nous ne nous étonnons plus que des pays de langue flamande soient incorporés à la France. C’est ainsi que nous avons gardé Hazebrouck et Cassel. Il s’agissait, dit Auguste Longnon, de « fermer le plat pays compris entre la mer et la Lys ». L’invasion de 1914, les batailles de Charleroi et de l’Yser nous rendent ces raisons plus sensibles. Le véritable conquérant, c’était donc le technicien Vauban qui désignait les lieux et les lignes d’où la France était plus facile à défendre. C’est par des tâtonnements, des expériences, après des résistances vaincues ou reconnues insurmontables que notre frontière du nord et du nord-est s’est fixée où elle est. Rien ne l’indiquait sur la carte des Pays-Bas espagnols, où ont été mêlées si longtemps nos villes du Nord et les cités belges d’aujourd’hui.
    Quand le roi d’Espagne fut mort, les réformes de Colbert avaient porté leur fruit, la France avait des finances saines, une armée, les moyens de sa politique. Le moment était venu de passer à l’action extérieure et l’argument était tout prêt : la dot de Marie-Thérèse n’avait pas été payée. La renonciation subordonnée au paiement de cette dot était donc nulle et Louis XIV revendiqua l’héritage de son beau-père : toute cette procédure avait été réglée d’avance. Du point de vue militaire comme du point de vue diplomatique, l’affaire fut d’ailleurs longuement préparée, puisque, le roi d’Espagne étant mort en 1665, Turenne n’entra en campagne que deux ans plus tard. Elle fut menée ensuite avec une prudence extrême, au point qu’on s’étonna, au-dehors, du « défaut d’audace » des Français. Cependant l’Espagne était incapable de défendre ses provinces excentriques.
    En 1667, notre armée entra en Flandre comme elle voulut, puis l’année suivante, en Franche-Comté, mais par une action si mesurée qu’on aurait cru que l’Espagne était encore redoutable. Il faut avouer que cette modération, destinée à n’inquiéter ni la Hollande ni l’Angleterre, ne servit de rien et c’est peut-être ce qui, par la suite, rendit Louis XIV moins ménager de l’opinion européenne. Turenne n’avait même pas osé pousser jusqu’à Bruxelles. Cependant, parce que nous avions pris quelques places flamandes, les Hollandais, jusque-là nos alliés, se crurent perdus et ameutèrent l’Europe contre le roi de France qu’ils accusaient d’aspirer à la « monarchie universelle ». Notre diplomatie, habilement conduite par Hugues de Lionne, prit ses précautions. Le nouveau roi d’Espagne était maladif et débile. Il était probable qu’il ne laisserait pas d’enfants et que son héritage serait revendiqué par les maris de ses deux sœurs, l’une ayant épousé un Bourbon, l’autre un Habsbourg. Si l’empereur Léopold n’était pas pour le moment un compétiteur dangereux, il pouvait le devenir : ainsi la succession d’Espagne était déjà préoccupante. Un traité de partage éventuel fut signé avec Léopold pour prévenir ces difficultés futures et nous assura, sur les possessions espagnoles qui

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