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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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resserraient la France et la tenaient éloignée de ses frontières naturelles, des droits beaucoup plus étendus que les modestes conquêtes de la récente campagne.
    Informée de cette transaction, la Hollande offrit alors à Louis XIV un arrangement sur la base des résultats acquis. Il eût donc fallu que Louis XIV, pour conserver l’amitié des Hollandais, abandonnât le traité de partage, se liât les mains pour l’avenir et que la France renonçât à parfaire son territoire. Le sage Lionne lui-même conseilla de ne pas signer un pareil engagement qui détruisait la transaction conclue avec l’empereur et qui n’eût profité qu’à la maison d’Autriche. Alors la Hollande, comme si elle n’avait attendu que ce prétexte, se réconcilia avec l’Angleterre, chercha même à entraîner notre vieille alliée la Suède dans une coalition contre la France.
    Sur ces entrefaites, notre armée s’était emparée de la Franche-Comté presque sans coup férir. Louis XIV ne voulut pas aller trop vite et, au grand mécontentement des militaires, préféra ne rien hasarder. L’opposition qu’il avait rencontrée en Europe, cette ébauche de triple alliance hollando-anglo-suédoise à laquelle il ne s’était pas attendu, le rendaient circonspect. Il se hâta en 1668, de signer la paix d’Aix-la-Chapelle avec l’Espagne, à qui il restitua la Franche-Comté, ne gardant que ce qu’il avait pris en Flandre : Lille et Douai n’étaient pas des acquisitions négligeables. Aussitôt Vauban fortifia les places nouvelles, donnant ainsi leur sens à ces conquêtes destinées à mettre la France, sur son côté le plus vulnérable, à l’abri des invasions.
    Les historiens aiment tant à blâmer et contredire qu’ils reprochent en général à Louis XIV d’avoir été trop timide à ce moment-là, avant de lui reprocher d’avoir été plus tard téméraire. Ils disent qu’en 1668 la France pouvait s’étendre d’un coup jusqu’à Anvers, c’est-à-dire écraser dans l’œuf la future Belgique. Louis XIV jugea mieux qu’eux. Il savait que l’Angleterre n’avait renoncé à Calais qu’à contre cœur et nous souffrait difficilement à Dunkerque. À Anvers, c’était une hostilité certaine et la politique française avait besoin que l’Angleterre restât neutre pour exécuter un plan qui n’était en somme, que le plan de sécurité de Vauban. Les Français de cette époque rêvaient peu, ou leur imagination était réaliste. Ils se souciaient moins d’agrandir leur pays que de le protéger. La possession de Lille leur apparaissait surtout comme celle d’une bonne place de couverture. À chaque ville prise, Vauban creusait des fossés, construisait des courtines et des demi-lunes, et, depuis, ses travaux ont servi chaque fois que nous avons été attaqués. On comprend que Louis XIV ait écouté distraitement Leibniz qui lui conseillait de laisser les bicoques de la Meuse et de l’Escaut pour conquérir l’Égypte et l’Inde. On a même écrit avec dédain que la politique de Louis XIV avait été d’esprit terrien, c’est-à-dire terre à terre. On veut dire que, malgré le style ample du siècle et la manière majestueuse dont Louis XIV a parlé de sa gloire, cette politique était celle du bonhomme Chrysale, qui préférait la bonne soupe au beau langage.
    Nous nous sommes étendu sur la première grande opération politique et militaire que Louis XIV ait entreprise parce que le reste y est en germe. Que résultait-il de cette expérience ? Que, pour compléter la France du nord, il fallait venir à bout des Hollandais. Pour venir à bout des Hollandais, il fallait d’abord dissoudre leurs alliances. Le Stuart fut repris, en main. Pour la Suède, on mit l’enchère sur les florins de la Hollande. Les princes allemands furent en grand nombre gagnés par des subsides et nous étions comme chez nous chez notre allié l’électeur de Cologne. C’est ainsi qu’en 1672 la Hollande put être envahie par une puissante armée française. Cette campagne, qui s’annonçait comme facile, fut pourtant le début d’une grande guerre qui dura six ans.
    Tout eût peut-être été fini en quelques semaines si, par un excès de prudence, nous n’étions arrivés trop tard à Muyden où se trouvaient les principales écluses. La Hollande s’inonda pour se sauver et mettre Amsterdam hors d’atteinte. Elle fit plus : elle renversa la République bourgeoise, où nous gardions encore des amis, pour

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