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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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épouvantée et des sections soumises, n’eut point le même résultat.
    Les conjurés instruits par le mauvais succès des émeutes du 1 er et du 12 germinal, n’oublièrent rien pour suppléer à leur défaut d’organisation et de but. Le 1 er prairial, au nom du peuple insurgé pour obtenir du pain et reprendre ses droits, ils décrétèrent l’abolition du gouvernement révolutionnaire, l’établissement de la constitution démocratique de 93   ; la destitution des membres actuels du gouvernement, et leur arrestation   ; la mise en liberté des patriotes   ; la convocation des assemblées primaires pour le 25 prairial   ; la convocation de l’assemblée législative destinée à remplacer la convention pour le 25 messidor   ; la suspension de toute autorité non émanée du peuple. Ils décidèrent de créer une nouvelle municipalité pour leur servir de centre commun, de s’emparer des barrières, du télégraphe, du canon d’alarme, des tocsins, des tambours, et de ne se rasseoir qu’après avoir assuré la subsistance, le repos, le bonheur et la liberté de tous les Français. Ils invitèrent les canonniers, les gendarmes, les troupes à pied et à cheval, à se ranger sous les drapeaux du peuple   ; et ils marchèrent sur la convention.
    Celle-ci délibérait dans ce moment sur les moyens d’empêcher l’insurrection. Les attroupements journaliers qui avaient lieu à cause de la distribution du pain et de la fermentation populaire, ne lui avaient pas permis d’apercevoir les préparatifs d’une grande émeute, et de prendre ses mesures à cet égard. Les comités vinrent à la hâte l’avertir du danger. Sur-le-champ, elle se déclara en permanence, rendit Paris responsable de la sûreté des représentants de la république   ; fit fermer ses portes, mit tous les chefs d’attroupement hors la loi, appela tous les citoyens des sections aux armes, et nomma, pour se mettre à leur tête, huit commissaires parmi lesquels étaient Legendre, Henri Larivière, Kervelegan, etc. À peine étaient-ils partis, qu’un grand bruit se fit entendre au dehors. Une des portes extérieures venait d’être forcée, et les femmes se précipitèrent dans les tribunes, en criant   : Du pain et la constitution de 93   ! La convention les reçut avec une contenance ferme. « Vos cris, leur dit le président Vernier, ne changeront rien à notre attitude, ils ne hâteront pas d’un seul moment l’arrivage des subsistances, ils ne serviront qu’à l’empêcher. » Un tumulte affreux couvrit la voix du président et interrompit les délibérations. On fit alors évacuer les tribunes. Mais les insurgés des faubourgs parvinrent bientôt jusqu’aux portes intérieures, et les trouvant fermées, ils les frappaient à coups redoublés de hache et de marteau. Les portes cédèrent   ; et la foule ameutée pénétra au milieu même de la convention.
    L’enceinte des séances devint alors un champ de bataille. Les vétérans, et les gendarmes auxquels était confiée la garde de l’assemblée, crient aux armes   ; le député Auguis, le sabre nu à la main, se met à leur tête, et parvient d’abord à repousser les assaillants. On leur fait même quelques prisonniers. Mais les insurgés plus nombreux retournent au pas de charge, et envahissent de nouveau l’enceinte de la convention. Le député Féraud rentre précipitamment poursuivi par les insurgés, qui tirent plusieurs coups de fusil dans la salle. Ils couchent en joue Boissy d’Anglas qui siégeait au fauteuil à la place de Vernier. Féraud s’élance à la tribunepour le couvrir de son corps   : il y est assailli à coups de piques et de sabre, il tombe dangereusement blessé. Les insurgés l’entraînent dans les couloirs, et le confondant avec Fréron, ils lui coupent la tête qu’ils placent au bout d’une pique.
    Après ce combat, ils s’étaient rendus maîtres de la salle. La plupart des députés avaient pris la fuite. Il ne restait que les hommes de la Créte et Boissy d’Anglas, qui, calme, couvert, insensible aux outrages et aux menaces, protestait toujours, au nom de la convention, contre les violences populaires. On lui présenta la tête sanglante de Féraud, et il s’inclina avec respect devant elle. On voulut le forcer, les piques sur la poitrine, à mettre aux voix les propositions des insurgés, et il leur opposa constamment le plus courageux refus. Mais les Crétois qui approuvaient l’émeute s’emparèrent des

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