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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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armées de Schwartzemberg et de Blucher étaient sur le point d’opérer leur jonction dans la Champagne. Privé de l’appui du peuple, qui demeurait en observation, Napoléon restait seul contre le monde entier avec une poignée de vieux soldats et son génie, qui n’avait rien perdu de son audace et de sa vigueur. Il est beau de le voir, dans ce moment, non plus oppresseur, non plus conquérant, défendre pied à pied, par de nouvelles victoires, le sol de la patrie en même temps que son empire et sa renommée   !
    Il marcha en Champagne contre les deux grandes armées ennemies. Le général Maison était chargé d’arrêter Bernadotte en Belgique   ; Augereau, les Autrichiens à Lyon   ; Soult, les Anglais sur la frontière d’Espagne. Le prince Eugène devait défendre l’Italie   ; et l’empire, quoique envahi au centre, étendait encore ses vastes bras jusqu’au fond de l’Allemagne par ses garnisons d’outre-Rhin. Napoléon ne désespéra point de rejeter, au moyen d’une puissante réaction militaire, cette foule d’ennemis hors de la France, et de reporter ses drapeaux sur le territoire étranger. Il se plaça habilement entre Blucher, qui descendait la Marne, et Schwartzemberg, qui descendait la Seine   ; il courut de l’une de ces armées à l’autre, et les battit tour à tour. Blucher fut écrasé à Champaubert, à Montmirail, à Château-Thierry, à Vauchamps   ; et lorsque son armée eut été détruite, Napoléon revint sur la Seine, culbuta les Autrichiens à Montereau, et les chassa devant lui. Ses combinaisons furent si fortes, son activité si grande et ses coups si sûrs, qu’il parut sur le point d’atteindre la désorganisation entière de ces deux formidables armées, et d’anéantir avec elles la coalition.
    Mais, s’il était vainqueur partout où il se portait, l’ennemi gagnait du terrain partout où il n’était pas. Les Anglais étaient entrés dans Bordeaux, qui s’était prononcé pour la famille des Bourbons   ; les Autrichiens occupaient Lyon   ; l’armée de la Belgique s’était réunie aux débris de celle de Blucher, qui paraissait de nouveau sur les derrières de Napoléon. La défection s’introduisait dans sa propre famille, et Murat venait de répéter, en Italie, la conduite de Bernadotte, en accédant à la coalition. Les grands-officiers de l’empire le servaient encore   ;mais mollement, et il ne retrouvait de l’ardeur, et une fidélité à l’épreuve que dans les généraux inférieurs et dans ses infatigables soldats. Napoléon avait de nouveau marché sur Blucher, qui lui échappa trois fois   : sur la gauche de la Marne, par une gelée subite qui raffermit les boues, au milieu desquelles les Prussiens s’étaient engagés et devaient périr   ; sur l’Aisne, par la défection de Soissons, qui leur ouvrit passage au moment où il ne leur restait pas une issue pour s’échapper   ; à Craonne, par la faute du duc de Raguse, qui empêcha de livrer une bataille décisive, en se laissant enlever dans une surprise de nuit. Après tant de fatalités, qui déconcertaient ses plans, les plans les plus sûrs, Napoléon, mal soutenu de ses généraux, et débordé par la coalition, conçut le hardi dessein de se porter sur Saint-Dizier pour fermer à l’ennemi la sortie de la France. Cette marche audacieuse et pleine de génie ébranla un instant les généraux confédérés, auxquels elle devait interdire toute retraite   ; mais, excités par de secrets encouragements, sans s’inquiéter de leurs derrières, ils s’avancèrent sur Paris.
    Cette grande ville, la seule des capitales du continent qui n’eût point été envahie, vit déboucher dans ses plaines les troupes de toute l’Europe, et fut sur le point de subir l’humiliation commune. Elle était abandonnée à elle-même. L’impératrice, nommée régente quelques mois auparavant, venait de la quitter et de se rendre à Blois. Napoléon était loin. Il n’y avait pas ce désespoir et ce mouvement de liberté qui seuls portent les peuples à la résistance, la guerre ne se faisant plus aux nations, mais aux gouvernements, et l’empereur ayant placé tout l’intérêt public en lui seul, et tous ses moyens de défense dans les troupes mécaniques. La fatigue était grande   : un sentiment d’orgueil, de bien juste orgueil, rendait seul douloureuse l’approche de l’étranger, et serrait tout cœur français en voyant le sol national foulé par des armées si

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