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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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des raisons économiques que culturelles. En outre, la Terreur a désorganisé les communautés juives. Elles peinent à se restructurer sous le Consulat ; on ne dénombre alors que cent cinquante synagogues, mais surtout le manque de rabbins est criant et la qualité de ceux qui sont en place souvent médiocre, les écoles talmudiques ont disparu. Cette véritable anarchie conduit à envisager un nouveau cadre pour le développement du culte israélite. L'idée est lancée par Portalis dès 1800. Mais il faut attendre 1806 pour que le problème soit véritablement posé, signe des réticences nombreuses que suscitait cette reconnaissance, notamment dans les milieux catholiques.
    Napoléon s'empare de la question en 1806, après avoir traversé Strasbourg où il a entendu les plaintes de créanciers contre l'usure pratiquée par les prêteurs d'origine juive. Cette question de l'usure est en effet l'un des éléments du débat qui s'ouvre ; elle ranime un vieux fond d'antisémitisme qui ne s'est jamais totalement éteint 235
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    dans le pays. Pour régler ce problème, l'Empereur décide de réunir à Paris une assemblée de notables juifs. Composée de cent onze personnes, désignées par les préfets et venues de tout l'Empire, y compris des régions italiennes, elle commence ses travaux en juillet 1806. Elle doit répondre à douze questions, sur le mariage, la polygamie, l'organisation du culte, censées prouver le degré d'intégration des Juifs à la nation. Au vu des réponses favorables apportées par cette assemblée, Napoléon décide de faire renaître le Grand Sanhédrin, disparu au début de notre ère, afin de soumettre ses projets d'intégration à une autorité religieuse. La mesure est spectaculaire, pour ne pas dire théâtrale, car ce Sanhédrin n'a aucune fonction religieuse. Les formes anciennes sont cependant respectées ; soixante et onze personnes, dont deux tiers de rabbins, prennent part aux travaux de cette assemblée, présidée par le rabbin alsacien David Sintzheim. Elle examine une série de projets susceptibles de permettre l'intégration des Juifs à la société fran
    çaise, et se sépare après la publication de Décisions doctrinales, censées s'appliquer à tous les Juifs. Après, un mois de réunion, le Grand Sanhédrin est dissous en mars 1807. L'assemblée des notables qui avait continué ses activités est également renvoyée en avril de la même année. Le gouvernement peut alors faire connaître les décisions prises. Comme lors de la discussion du Concordat, l'acte d'autorité suit la négociation, sans en respecter toutes les composantes.
    Le 17 mars 1808 paraissent trois décrets réorganisant le culte et précisant le statut juridique des Juifs. L'organisation de base est calquée sur le modèle protestant. Le territoire national est divisé en dix circonscriptions qui forment un consistoire, avec à leur tête une assemblée composée de notables et de religieux, chargée d'organiser le culte, de recruter les rabbins, de les rémunérer également car, contrairement au c!ergé catholique et protestant, les rabbins ne sont pas payés par l'Etat. Chaque consistoire doit regrouper au moins deux mille Juifs. Enfin, au sommet, un consistoire central, dont les membres sont nommés par le ministre des Cultes, sert d'intermédiaire entre la communauté juive et le gouvernement. La religion juive reçoit ainsi un statut comparable à celui des catholiques et des protestants, les Juifs acceptant en contrepartie de devenir des citoyens français à part entière, en se faisant inscrire sur les registres d'état civil et en adoptant la législation contenue dans le Code civil. Ils doivent aussi accepter des mesures drastiques sur le plan économique, puisqu'une partie des dettes qui étaient dues aux Juifs de l'Est est éteinte, en même temps que l'accès à la profession de commerçant est soumis à une autorisation des préfets. Ces mesures portent atteinte au principe d'égalité de tous les citoyens devant la loi, mais elles ont été prises par Napoléon pour faire taire les dissensions, fortes dans l'Est, entre les diverses communautés.
    Ainsi, par des mesures d'organisation, mais aussi des mesures 236
     

    LE CONTRÔLE DES ÂMES
    d'autorité, l'Empire a tendu à favoriser l'assimilation des Juifs de France.
    Ce cadre légal sert à contrôler les divers cultes, il est aussi un moyen de permettre le développement de rapports

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