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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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arrive à Paris en 1808. Le gouvernement a pris conscience de cette carence.
    Au moment où il organise l'Université, il crée une faculté de théologie à Montauban, dans le but de favoriser le recrutement des pasteurs. La même politique conduit à la création de la faculté de Strasbourg pour les !uthériens. Comme pour la formation des prêtres catholiques, l'Etat octroie des bourses aux aspirants et les dispense de service militaire. Ces efforts sont encore insuffisants à la fin de l'Empire, même si le corps pastoral de 1814 compte cent nouveaux pasteurs, pour les deux tiers d'entre eux formés au séminaire de Lausanne, de médiocre réputation.
    Ces pasteurs, rémunérés par l'Etat, lui doivent aussi obéissance ; ils prêtent serment à Napoléon et doivent se soumettre aux demandes du gouvernement, à l'instar des prêtres catholiques. Ainsi, les pasteurs sont invités à célébrer chaque victoire de Napoléon ou les fêtes principales du régime, notamment le 15 août. Une vingtaine d'entre eux ont également été invités au sacre de Napoléon, manifestation autant civile que religieuse à ses yeux. Du reste, la participation à cette cérémonie n'a pas rencontré de difficultés chez ces pasteurs. Ils sont, comme leurs collègues catholiques, de fidèles interprètes du message napoléonien, chantant les louanges du nouveau Cyrus et appelant leurs coreligionnaires à se prêter à l'obligation de l'impôt comme de la conscription. Certes, les réformés regrettent leur ancienne organisation synodale, mais ils savent gré à Napoléon de leur avoir conservé leurs droits et d'avoir favorisé leur réorganisation, ce qui fait dire à Portalis : « Il s'agissait pour ainsi dire d'une création nouvelle ; toutes les mesures ne pouvaient qu'être agréables aux protestants qui recouvraient des droits perdus 8. »
    La relation entre Napoléon et les protestants est donc bonne, malgré la résistance affichée par Germaine de Staël ou Benjamin Constant. À Sainte-Hélène, Napoléon s'est pourtant défendu d'avoir envisagé une conversion au protestantisme, que certains de ses proches lui auraient conseillée au moment de son accession au pouvoir : « Il est sûr, rapporte-t-il à Las Cases, qu'au désordre auquel je succédais, que sur les ruines où je me trouvais placé, je pouvais choisir entre le catholicisme et le protestantisme ; et il est vrai de dire encore que les dispositions du moment poussaient toutes à celui-ci ; mais outre que je tenais réellement à ma religion natale, j'avais les plus hauts motifs pour me décider 9. » Parmi ces raisons, Napoléon avance la crainte d'une division du pays.
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    LE CONTRÔLE DES ÂMES
    « L'Empereur doit toujours être de la religion de la majorité », proclamait-il dès 1804 au Conseil d'État. Si la conversion n'est pas envisageable, en revanche l'idée d'un rapprochement des confessions chrétiennes a été plusieurs fois évoquée sous l'Empire. Elle provient tout d'abord d'un des principaux animateurs du courant réformé, Rabaut-Dupui, proposant en 1804 un rapprochement entre réformés et luthériens. La même année, le pasteur Lagarde envisage lui une union avec les catholiques, s'appuyant sur le dépérissement de la papauté : « On parle de l'abdication du pape et de son remplacement par le cardinal Feyz [sic] ; qui sait si nous ne sommes pas à l'aurore de quelque grand événement religieux », s'exclamet-il.
    L'archevêque de Besançon, Le Coz, lui fait écho. Cependant, tous ces projets, derrière lesquels se profile en fa!t le modèle de l'Église anglicane, placée sous la tutelle du chef de l'Etat, échouent, même si Napoléon y songe encore, à la fin de 1806, lorsqu'il impose sa loi à l'Allemagne protestante.

5. LA RECONNAISSANCE DU CULTE JUIF
    L'élargissement de l'Empire vers l'Allemagne a provoqué l'accroissement du nombre de Juifs sur son territoire. Ils forment alors une communauté d'environ soixantedix-sept mille membres, dont quarantesept mille dans la France hexagonale, où ils sont concentrés pour l'essentiel en Alsace (vingt-six mille) et en Lorraine (dix mille), à Paris (dix mille), et dans certaines villes du sud de la France, comme Lyon, Bordeaux ou Marseille qui comptent toutes trois plus de mille Juifs, tandis qu'Avignon n'en accueille qu'une centaine. Devenus citoyens français à part entière au début de la Révolution, les Juifs de France n'en restent pas moins en marge de la société, tant pour

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