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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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l'état major du général Hulin ne se laisse pas abuser par les propos du général Malet. L'un des officiers, le commandant Laborde, reconnaît Malet et comprend la mystification. Il ordonne à ses hommes de se saisir de sa personne. A 9 heures du matin, le général Malet est entre les mains des soldats. La conspiration a échoué. Elle ne pouvait se poursuivre dans la mesure où elle reposait uniquement sur l'annonce de la mort de Napoléon. La vérité rétablie, les soldats trompés n'ont plus aucune raison de lier leur destin à celui d'un prisonnier d'État. Ils l'abandonnent donc à son sort. En quelques heures, tous les conjurés sont interpellés, sauf les abbés Lafon et Cajamano qui échappent opportunément aux recherches. Quatre jours plus tard, le 27 octobre, une commission militaire juge vingt et un prévenus, à savoir les trois premiers conjurés, Malet, Boutreux et Rateau, les deux généraux GuidaI et Lahorie et une quinzaine d'officiers ayant obéi aux ordres de Malet. Ils sont accusés de lui avoir obéi sans discernement et sans vérification. Douze d'entre eux sont fusillés le 27 octobre, parmi lesquels le colonel Soulier et plusieurs des officiers qui avaient participé, en toute ignorance, au complot. Seuls échappent à la mort le colonel Rabbe et le caporal Rateau qui obtiennent leur grâce à la faveur de protections familiales. L'affaire s'achève donc avant même que Napoléon n'en connaisse la teneur.
    Pourtant, elle n'a pas fini de faire parler d'elle.
    La fureur de l'Empereur éclate lorsqu'il apprend la nouvelle. Il est vrai que ses échecs militaires en Russie ne contribuent pas à adoucir son caractère. Ce n'est pas tant la tentative de coup d'État qui l'émeut que la réaction de ses principaux collaborateurs.
    Trois des plus hauts personnages de l'État se sont fait surprendre dans leur sommeil et emprisonner. Un quatrième, Cambacérès, pourtant chargé en principe d'assurer la direction des affaires politiques, a brillé par son absence. Une nuée d'officiers s'est laissé circonvenir par les propos du général Malet. À aucun moment, l'un ou l'autre de ces hommes n'a opposé le nom du roi de Rome aux éventuels décrets pris par le Sénat. Aucun non plus n'a mis en doute la nouvelle de la mort de Napoléon, comme si les rumeurs qui 370
     

    UN POUVOIR ÉBRANLÉ
    couraient alors dans Paris sur les déboires militaires de l'Empereur avaient conva}ncu l'opinion d'une fin prochaine. Même au plus haut sommet de l'Etat, on a donc envisagé la possibilité d'un changement de régime. Il faut dire à la décharge des intéressés que depuis une vingtaine d'années, ils avaient pris l'habitude des revirements politiques soudains. Bonaparte lui-même ne s'était-il pas prévalu d'un ordre du Conseil des Anciens pour prendre le contrôle militaire de la capitale au soir du 18 brumaire ? Ainsi, les efforts �e Napoléon pour construire une monarchie héréditaire auraient été vains. C'est du moins le sentiment qu'il retire de cette affaire.
    La conspiration de Malet révèle aussi la persistance d'une opposition irréductible à l'Empire. Certes, dans l'action, Malet est resté isolé, mais il savait pouvoir bénéficier du soutien d'une partie de l'opinion. Son entreprise est apparue rocambolesque parce qu'elle a échoué, mais, aux yeux des contemporains, elle n'était pas nécessairement vouée à l'échec. Du reste, tous les textes préparés en prison en vue du coup d'État révèlent le caractère extrêmement sensé du général Malet et sa parfaite connaissance de l'état de l'opinion publique en France. Le faux sénatusconsulte qu'il avait rédigé permet en effet de se faire une idée des principales aspirations des opposants à l'Empire, en même temps qu'il dessine les contours de cette opposition. Il annonce le changement de régime, met les hauts dignitaires de l'Empire hors la loi et, pour ne pas mécontenter l'armée il prévoit le maintien de la Légion d'honneur. Ce sénatusconsulte promet également la paix avec l'étranger, une amnistie générale et la liberté de la presse. L'abbé Lafon n'a pas oublié non plus d'introduire un article consacré à la réconciliation avec le pape qui regagnerait Rome. Le sénatusconsulte annonce enfin la formation d'un gouvernement provisoire et la rédaction d'une nouvelle Constitution destinée à être soumise au peuple français. Naturellement, les quinze membres désignés pour faire partie du gouvernement provisoire

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