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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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n'avaient pas été consultés au préalable, mais leurs noms ne figurent pas par hasard dans ce document. En fait, ils représ'entent les diverses tendances de l'opposition à Napoléon. En tête vient le général Moreau qui serait chargé de présider ce gouvernement provisoire. pepuis la conjuration de Cadoudal, en 1804, il vit en exil aux Etats-Unis, mais ses sentiments à l'égard de Napoléon restent empreints d'une franche hostilité. Lazare Carnot, désigné comme vice-président, est également connu pour son attachement à la République, bien qu'il ait accepté une pension de Napoléon. Le maréchal Augereau apparaît également dans cette liste où figurent quatre sénateurs connus pour leur appartenance au groupe des Idéologues : Destutt de Tracy, Lambrechts, Garat et Volney. On y découvre deux membres du Corps législatif, Bigonnet et surtout Florent-Guyot dont Malet savait depuis 1808 qu'il complotait contre Napoléon, de même que l'ancien tribun Jacquemont.
    Enfin, le général Malet et l'abbé Lafon avaient fait entrer dans 371
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    ce gouvernement fictif deux royalistes notoires, Alexis de Noailles et Mathieu de Montmorency, tous les deux membres de l'association des Chevaliers de la foi. Ainsi, ce sont des opposants réels ou supposés à l'Empire qui se trouvent rassemblés dans ce gouvernement. Il faut ajouter que le sénatusconsulte était signé de Sieyès, Lanjuinais et Grégoire, trois autres sénateurs proches de l'opposition. Enfin, un fidèle de Moreau, le général Lecourbe, qui avait servi sous ses ordres en 1801 et lui avait apporté son soutien en 1804, était désigné pour prendre le commandement en chef de l'armée centrale. Il était alors exilé à Bourges. Ces hommes ne furent pas directement inquiétés par le gouvernement, car ils ne prirent aucune part à l'action menée par le général Malet, mais la présence de leurs noms sur ce texte venait rappeler à l'Empereur leur notoriété d'opposants. La réaction de Napoléon montre à quel point il prend au sérieux l'éventuel réveil de l'opposition. À
    Caulaincourt, il confie ainsi : « Remarquez combien la Révolution et l'habitude des changements continuels de gouvernement ont détruit toutes les idées d'ordre et de stabilité. J'ai encore beaucoup à faire pour réédifier l'ordre social 3. » Il s'y emploie dès son retour à Paris.

3. LA REPRISE EN MAIN
    C'est un homme fatigué, hagard, qui arrive à Paris, le 18 décembre 1812. Napoléon est accompagné de Caulaincourt qui n'a pas oublié leur entrée dans la cour des Tuileries. À peine reconnaissables, dissimulés sous des vêtements de voyage, ils provoquent la surprise en se présentant au palais. De fait, Napoléon a voulu presser l'allure pour surprendre son monde et pouvoir agir vite. L'Empereur a trois objectifs, lorsqu'il regagne la capitale : rétablir sa situation militaire, reconquérir l'opinion publique et raffermir les institutions en assurant la solidité de son trône. Sur le plan militaire, la situation française n'est guère brillante à la fin de 1812, mais il faut se garder de toute conclusion hâtive. Les armées françaises sont encore en Pologne. Napoléon a aussi conservé des troupes en Allemagne, en Italie et en France ; il lui reste enfin les soldats engagés en Espagne.
    Mais ces forces sont dispersées à travers l'Europe.
    L'Empereur reprend aussi les rênes du pouvoir. Il reçoit un à un tous les ministres, écoute la version de chacun, s'entretient notamment un long moment avec Savary, le plus menacé, mais qui parvient à sauver son portefeuille. Napoléon a pris conscience que l'évincer serait de peu de profit et qu'au contraire l'affaire Malet ne pouvait qu'aiguiser sa vigilance. Savary reste donc ministre de la Police. Il a finalement réussi à convaincre Napoléon que Malet avait agi quasiment seul et que donc la conjuration n'avait pas de 372
     

    UN POUVOIR ÉBRANLÉ
    ramifications étendues. Cette thèse avait l'avantage d'expliquer que la police n'ait pas eu vent du complot. Le ministre de la Guerre, Clarke, défendait quant à lui l'idée d'une ample conspiration. Sans doute exagère-t-il sa portée, mais il n'a probablement pas tort de penser que, derrière Malet, d'autres forces étaient prêtes à se soulever. Pour l'instant, Napoléon se refuse à rechercher trop avant les responsabilités. Si les anciens jacobins sont à nouveau traqués par Savary, les monarchistes

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