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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Napoléon affirme que l'Angleterre a évacué l'Espagne, alors que la guerre continue à y faire rage.
    De même, il annonce aux députés la récente signature du concordat de Fontainebleau avec le pape. Il se déclare enfin en faveur de la paix, mais annonce en même temps qu'il proposera aux législateurs le vote d'un budget en nette augmentation : « J'ai besoin de grandes ressources pour faire face à toutes les dépenses qu'exigent les circonstances. » Il n'est évidemment pas question de prononcer le mot
    « guerre », mais chacun a compris vers quoi Napoléon tournait ses regards.
    Au-delà des législateurs, ce discours vise l'opinion éclairée de la nation. L'Empereur veut montrer qu'il reste le maître de la situation et que son échec en Russie n'est pas dû à la mauvaise fortune des armes, mais aux seules rigueurs de l'hiver. Or, dans un pays encore majoritairement rural, chacun connaît la force des variations climatiques. En regard de ce constat d'impuissance, le gouvernement, par la bouche du ministre de l'Intérieur, met en avant les projets réalisés depuis deux ans. Ignorant les effets de la crise qui sévit depuis 1810, Montalivet se lance dans un plaidoyer qui brosse un portrait idyllique de la situation française : « Vous verrez avec satisfaction, déclare-t-il aux législateurs, que malgré les grandes armées que 374
     
    UN POUVOIR ÉBRANLÉ
    l'état de guerre maritime et continentale oblige à tenir sur pied, la population a continué de s'accroître ; que notre industrie a fait de nouveaux progrès ; que jamais les terres n'ont été mieux cultivées, les manufactures plus florissantes ; qu'à aucune époque de notre histoire la richesse n'a été plus répandue dans les diverses classes de la société S. » Dans son exposé, Montalivet met notamment l'accent sur les progrès du commerce et les efforts entrepris par le gouvernement en faveur des travaux publics. Puis les députés passent au vote du budget. Le comte Molé, chargé de le présenter, légitime la nette augmentation qui leur est proposée, puisque ce budget est fixé pour 1813 à un milliard cent cinquante millions de francs, soit cent vingt millions de plus qu'en 1812. Pour faire face aux nouvelles dépenses, Molé suggère de vendre une partie des biens appartenant aux communes, à l'exception des bois, pâturages et tourbières. L'argent récolté serait versé à la Caisse d'amortissement, les communes recevant en échange une rente proportionnelle à la valeur locative des biens vendus. Molé justifie ce projet par la nécessité d'accroître le nombre de propriétaires. Le gouvernement reste donc attaché à l'idée que les propriétaires doivent constituer le socle du régime, Molé notant « qu'il y a toujours dans la société une sorte de lutte entre ceux qui possèdent déjà et ceux qui ne possèdent pas encore, et qu'on ne saurait trop fortifier les premiers pour que la société ne soit jamais compromise, et même pour assurer les droits et la liberté de tous 6 ». Quelques bruits de fronde circulent, mais le budget est voté à une écrasante majorité. Seuls vingt-six législateurs sur trois cent vingtneuf votants ont refusé d'apporter leur soutien au gouvernement. Napoléon a réussi à préserver l'essentiel, à savoir la cohésion des députés face à la crise militaire qui secoue le pays. La session du Corps législatif s'achève le 25 mars.
    Pendant ce temps, l'Empereur a mis à contribution les sénateurs.
    Il n'oublie pas que les noms de plusieurs d'entre eux figuraient sur les projets du général Malet. Pour autant, aucun des complices involontaires de Malet n'est inquiété. Napoléon préfère l'apaisement, d'autant plus qu'il a besoin du Sénat pour la mise en œuvre de ses projets militaires. La destruction de son armée en Russie le contraint en effet à de nouvelles levées. C'est ce qu'exprime Cambacérès dans la séance du 10 janvier 1813 : « La Nation se dispose d'elle-même à des mesures qu'elle juge nécessaires pour le maintien de sa gloire et pour la conservation de sa prépondérance dans l'Europe. De tous les points de ce vaste Empire, des adresses se succèdent, des offres se multiplient, la volonté publique est prête à devancer les appels de l'autorité souveraine 7. » Cambacérès retrouve les accents patriotiques de l'époque révolutionnaire pour justifier ces nouvelles levées d'hommes. Le Sénat accepte en effet une mobilisation de trois cent cinquante mille

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