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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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sortent quasiment indemnes de l'affaire. L'Empereur ne souhaite pas ouvrir un nouveau front dans l'opinion, en offrant des martyrs à la cause royaliste. On peut en effet s'étonner de l'impunité dont ont bénéficié les deux ecclésiastiques de l'affaire, de même que les frères Polignac ou Bénigne de Bertier, pensionnaires de la maison de santé Dubuisson, laissés en dehors de l'enquête alors que d'autres personnes de moindre envergure étaient arrêtées pour avoir croisé Malet. Comme à son habitude, Napoléon a délibérément minimisé la menace qui avait pesé sur sa personne et accrédité l'idée qu'elle relevait d'un acte de folie.
    En revanche, Frochot, préfet de la Seine, est sacrifié. Il n'a pas mis beaucoup d'énergie à résister aux exigences des conjurés venus l'interpeller dans son hôtel. De plus, il figurait sur la liste du gouvernement provisoire élaborée par Malet. Le préfet de la Seine est donc condamné pour les sympathies que lui avaient témoignées les conspirateurs. Il est destitué, au cours d'une séance du Conseil d'État dont il était membre, le 23 décembre 1812. Cambacérès n'avait pas non plus brillé par sa vigilance lors de cette fameuse journée. Après avoir pris connaissance des troubles, il s'était précipité à Saint-Cloud auprès de l'Impératrice, mais son sens de la décision ne s'était guère exercé. Napoléon lui en garde une certaine rancune. Après l'affaire Malet, Cambacérès ne retrouve plus les pouvoirs étendus qui étaient les siens en l'absence de l'Empereur. Son rôle politique tend alors à s'effacer, au profit d'un conseil de régence dont il reste cependant l'une des pièces maîtresses. La régence est pourtant en contradiction avec les principes énoncés dans la Constitution de l'an XII, mais c'est la seule solution que Napoléon a trouvée pour affermir sa dynastie. Il veut éviter qu'à l'avenir, on oublie sa femme et son fils. Le débat est engagé en janvier 1813. �l se clôt par le sénatusconsulte du 30 mars qui organise la régence, en la confiant à l'impératIice Marie-Louise, assistée d'un conseil où figurent l'archichancelier
    Cambacérès,
    l'architrésorier, Lebrun, l'archichancelier
    Eugène, le
    connétable, Berthier, et le grand chambellan, Talleyrand. Aux termes de ce texte, il revient à l'Impératrice de présider le Sénat, le Conseil d'État et le Conseil des ministres. Elle obtient ainsi un droit de regard sur les actes politiques effectués pendant l'absence de Napoléon, même si le pouvoir effectif est entre les mains de Cambacérès. Aussi symbolique soit-elle, cette dévolution du 373
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    pouvoir à Marie-Louise, en cas d'absence de l'Empereur, marque un pas supplémentaire dans l'édification de la monarchie. Elle acclimate l'opinion à l'idée qu'un autre monarque peut succéder à Napoléon. Pourtant, la régence n'a pas laissé de bons souvenirs dans l'esprit de Français.
    Dans les semaines qui suivent son retour en France, Napoléon semble par ailleurs vouloir redonner vie aux institutions de l'Empire et faire sortir le monde politique de sa torpeur. A la grande surprise des députés, il convoque le Corps législatif pour le 13 janvier 1813, alors qu'ils n'avaient pas été réunis l'année précédente. L'Empereur espère ainsi dissiper le malaise qui paraît gagner les rangs parlementaires. Il reconnaît, dans le discours qu'il prononce lors de l'ouverture de la session, le dimanche 14 février, l'échec subi en Russie, mais il se contente d'en attribuer la responsabilité aux conditions climatiques : « La rigueur excessive et prématurée de l'hiver a fait peser sur mon armée une affreuse calamité. En peu de nuits, j 'ai tout vu changer. J'ai fait de grandes pertes. Elles auraient brisé mon âme, si, dans ces grandes circonstances, j 'avais dû être accessible à d'autres sentiments qu'à l'intérêt, à la gloire et à l'avenir de mes peuples. » Pour le reste, Napoléon se déchaîne contre l'Angleterre et rassure ses auditeurs sur la solidité de l'Empire, signe qu'un ébranlement est perceptible : « C'est avec une vive satisfaction que nous avons vu nos peuples du royaume d'Italie, ceux de l'ancienne Hollande et des départements réunis, rivaliser avec les anciens Français, et sentir qu'il n'y a pour eux d'espérance, d'avenir et de bien que dans la consolidation et le triomphe du Grand Empire 4. »
    Et afin d'étayer sa démonstration,

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