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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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proposition de reprendre les armes est cependant repoussée par le gouvernement. Car la France est toujours en guerre contre les alliés. L'assemblée libérale refuse de reconnaître Louis XVIII, comme l'avait fait le Sénat en avril 1814. Elle poursuit la lutte, avant de capituler le 3 juillet. Louis XVIII rentre dans sa capitale le 8. Mais le gouvernement qui se forme, avec à sa tête Talleyrand et Fouché, conserve une allure très napoléonienne.
    L'Empereur déchu a pour sa part quitté les environs de Paris le 29 juin, à l'arrivée des troupes prussiennes. Il se dirige vers l'Atlantique où ses partisans l'engagent à poursuivre la lutte. Il s'y refuse, espérant pouvoir s'embarquer vers les États-Unis. C'est dans ce but que, confiant dans les traditions d'hospitalité des Anglais, il monte sur le Bellerophon, navire anglais croisant au large de l'île d'Aix.
    Quelques fidèles l'entourent encore, tels Savary, Bertrand, Las Cases, Montholon ou Gourgaud, ainsi que son valet Marchand. Ces derniers, sauf Savary, sont autorisés à l'accompagner dans son exil sur l'île de Sainte-Hélène. Parti en août, le Northumberland arrive en vue de Sainte-Hélène deux mois plus tard ; le 16 octobre 1815, Napoléon débarque sur cette île située au cœur de l'Atlantique, entre le Brésil et l'Afrique du Sud. Son exil commence ; il devait durer cinq ans et demi jusqu'à ce que la mort vienne le frapper, le 5 mai 1821.
    3. VENTRÉE DANS LA LÉGENDE
    Ni l'exil à Sainte-Hélène ni la mort de Napoléon ne provoquent l'oubli de celui qui fut pendant quinze ans le maître de la France, 434

LE CHANT DU CYGNE
    sinon de l'Europe. La trace laissée sur le continent est en effet indélébile. Napoléon a marqué à jamais de son empreinte l'histoire du continent. Il a tout d'abord contribué à en modifier les frontières et les institutions. Malgré les tentatives de restauration politique décidées par le congrès de Vienne, l'Europe de 1815 n'est pas celle de 1789. Le rétablissement des principales monarchies n'a pas éteint le sentiment national, né à l'époque de la Révolution et surtout de l'Empire. L'unification de l'Allemagne ou de l'Italie sont une conséquence indirecte des guerres napoléoniennes. Celles-ci ont aussi contribué à modifier les institutions des divers pays conquis. L'abolition des lois mises en place par les Français n'empêche pas le Code civil, par exemple, d'inspirer plusieurs codes établis en Europe, de même que le souvenir des constitutions élaborées sous l'Empire pousse les libéraux à l'action dans les premières années du XIXe siècle. Pour l'heure, l'Europe compte ses morts. Russes, Prussiens, Autrichiens et Allemands, Espagnols surtout, et dans une moindre mesure Italiens et Anglais ont subi des désastres incommensurables. Les pertes humaines des guerres napoléoniennes, ajoutées aux morts des guerres de la Révolution, provoquent en Europe un profond traumatisme, même si la reprise démographique est rapide.
    En France, le nombre des victimes s'établit entre six cent mille et huit cent mille hommes. La Restauration hérite de ce lourd bilan.
    Les pensions accordées aux veuves ou aux blessés de guerre grèvent pour de longues années le budget de la France. Ces bras font également défaut à l'heure de la reconstruction. La France doit aussi faire face, au lendemain des Cent-Jours, à des conditions de paix beaucoup plus draconiennes que celles édictées en mai 1814. Le second traité de Paris, signé le 20 novembre 1815, lui ôte en effet le comté de Nice et la Savoie qu'elle avait conservés en 1814, de même que plusieurs places fortes situées au nord du pays. La France doit en outre payer une importante indemnité de guerre garantie par l'occupation d'une partie de son territoire. Tous ces éléments auraient pu contribuer à jeter l'opprobre sur un homme rendu responsable de ce désastre. De fait, les pamphlets antinapoléoniens se multiplient pour dénoncer les méfaits de 1'« Ogre ». Ils ne parviennent pourtant pas à étouffer le sentiment bonapartiste chez une partie de la population.
    Le durcissement de la politique menée contre les partisans de l'Empire, après les Cent-Jours, l'explique sans conteste. L'instauration de la « terreur blanche » frappe les esprits. Dans plusieurs régions, celles du Sud notamment, elle touche à la fois des groupes de population supposés favorables à l'esprit révolutionnaire, en particulier les protestants, et des

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