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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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bien tranchés, mais en même, temps le profond désarroi d'une grande partie de la population. A gauche, le courant favorable à la défense des acquis de la Révolution a vu dans Napoléon le restaurateur des principes de 1789. Il s'est exprimé, dès le mois de mars, dans une série de démonstrations populaires qui ont impressionné l'Empereur. Ce mouvement se prolonge par la renaissance de clubs qui rappellent les grandes heures de la Révolution, mais leur nombre et leur activité restent réduits ; l'étouffement de la vie politique sous l'Empire a détruit en profondeur les réseaux jacobins. La génération de l'époque révolutionnaire a vieilli ou a disparu sans être remplacée.
    L'élan populaire de mars trouve cependant d'autres moyens pour s'exprimer, en particulier les groupes de fédérés. Ce mouvement des fédérés s'organise au cours des mois d'avril et mai. Il s'inspire à la fois de l'élan de 1790 et de la levée en masse de 1793. Il se répand à travers toute la France, mais il est particulièrement actif dans l'Ouest où les villes bleues craignent la victoire des royalistes, et dans l'Est où la menace étrangère est la plus forte. Les fédérés de 1815 réclament des armes pour lutter contre les ennemis de la Révolution, tant à l'intérieur du pays, notamment dans l'Ouest où l'insurrection a repris, qu'à l'extérieur. Le souvenir de 1793 est très présent dans leurs rangs et si l'on entonne volontiers la Marseillaise ou le Chant du départ, on conspue également les prêtres et les anciens nobles. L'anticléricalisme redevient un des ciments de ce courant jacobin. À Paris, le mouvement fédératif est populaire. Il réunit plusieurs milliers d'hommes, issus notamment des quartiers est de la capitale. Les héritiers des émeutiers du faubourg Saint Antoine reprennent la tradition de leurs pères. Le « parti jacobin », assoupi pendant l'Empire, se réveille. Il reconnaît en Napoléon 1'« homme de la nation », le « défenseur de la patrie ». Mais l'Empereur qui passe en revue quinze mille fédérés parisiens le 14 mai 1815
    refuse de leur donner des armes, préférant s'appuyer sur les seules troupes régulières. En outre, les notabl�s s'inquiètent de plus en plus de cette résurgence du jacobinisme. A Paris, la Garde nationale, formée d'éléments bourgeois, reste sur la réserve. En province également, ces mouvements inquiètent. Le préfet du Vaucluse signale ainsi : « Les partisans de l'Empereur tiennent des propos qui nous 430

LE CHANT DU CYGNE
    épouvantent. » À quoi le sous-préfet de Lunéville répond en écho :
    « C'est de la frénésie. On menace les prêtres et les nobles. En 1793 , les esprits n'étaient pas aussi montés qu'aujourd'hui. »
    Le surgissement de ce courant jacobin s'explique aussi par la persistance d'un parti monarchiste, resté fidèle à Louis XVIII. Il s'exprime notamment par des gestes ou des cris contre l'ordre établi, ou par des actes de désobéissance. Ces manifestations se déroulent notamment dans le Nord-Ouest, l'Ouest et le Sud, régions où la participation au plébiscite est la plus faible. Ici on arrache les affiches officielles pour les remplacer par les proclamations de Louis XVIII, là on arbore le drapeau blanc ou l'on s'en prend aux soldats de Napoléon. À Marseille, Bordeaux, Toulouse, le parti royaliste est de plus en plus difficile à contenir. Dans l'ensemble de l'Ouest et du Sud, les résistances à la conscription et au versement de l'impôt sont nombreuses. Un peu partout les maires font preuve d'inertie, quand ils ne favorisent pas ces mouvements de révolte.
    Nommés par le pouvoir impérial en 1812, souvent choisis au sein de l'ancienne noblesse, ces maires ont été pour la plupart conservé par la monarchie après s'être ralliés sans difficulté à Louis XVIII. Leur foi royaliste est souvent restée intacte, même s'ils acceptent de continuer l'administration de leur commune après le 20 mars.
    Informé de cette situation, Napoléon décide, le 30 avril 1815, de réformer le mode de désignation des maires et adjoints des communes de moins de cinq mille habitants, de loin les plus nombreuses. Les magistrats y sont désormais élus par un large collège électoral. En fait, cette mesure apparemment démocratique profite aux maires en place qui, forts de leur expérience et de leur popularité, parviennent à se faire réélire. Deux tiers des maires sont ainsi conservés en mai, mais ils tiennent

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