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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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exemple, il affiche le testament de Louis XVI sur la porte de l'église de la Madeleine, tendue clandestinement de noir par le chevalier de Toustain, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Louis XVI. Surtout, grâce au réseau qu'il a constitué à Paris, mais aussi à travers la France, il peut correspondre avec les chefs chouans encore en rébellion, comme avec le comité de Londres. Les royalistes comptent alors beaucoup sur l'insurrection de l'Ouest et pensent que la présence du comte d'Artois la renforcerait, comme l'écrit Hyde de Neuville : « Au premier rang des moyens d'action se plaçait à mes yeux l'indispensable présence de Monsieur en Vendée, comme base de toutes nos tentatives.
    C'était pour moi et mes amis une idée fixe 9. » L'abstention du futur Charles X qui se garde bien de venir en France, ajoutée à la pacification vendéenne, ruine les espoirs des royalistes de l'intérieur, même si des poches de résistance se développent en Normandie derrière Frotté, dans le Morbihan avec Cadoudal et dans le Maine 100
     

    LA LUITE CONTRE LES OPPOSITIONS
    derrière Bourmont. Ces trois chefs résistent quelque temps, inquiétant Bonaparte qui réclame à plusieurs reprises que des mesures énergiques soient prises contre eux. Finalement, Cadoudal et Bourmont se rendent, tandis que Frotté est fusillé après avoir déposé les armes. Mais, jusqu'à la victoire de Marengo, l'espoir demeure dans les rangs royalistes d'un possible sursaut militaire que viendrait appuyer une descente anglaise : « Je pouvais réunir douze cents hommes en vingtquatre heures, écrit le général d'Andigné, le reste de mon monde en quatre jours 10. »
    L'action militaire n'a donc pas cessé pendant l'échange de lettres entre Bonaparte et Louis XVIII en 1800. Le comte de Provence, frère de Louis XVI, se considérait comme le souverain légitime de la France depuis la mort de Louis XVII, l'enfant du Temple. Vivant à Varsovie, au palais Lazienski, il pensait que Bonaparte pourrait jouer le rôle qu'avait rempli Monk, à l'époque de la révolution anglaise, en rétablissant le roi Charles II sur le trône, après l'épisode de Cromwell. La nomination comme troisième consul de Lebrun, dont les liens avec la monarchie étaient connus, incitait à l'optimisme. Louis XVIII s'adressa du reste parallèlement à Lebrun et à Bonaparte. Dans une lettre du 20 février 1800, il invitait le premier à
    « sauver la France de ses propres passions » et à lui « rendr� son roi
    ». En Bonaparte, il saluait « le conquérant de l'Italie et de l'Egypte », lui demandant de mettre sa gloire au service de la royauté. Prudent, le Premier consul attendit son retour victorieux de la campagne d'Italie pour répondre à Louis XVIII, en des termes dénués de toute ambiguïté : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France, il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres », allusion à peine voilée au manifeste de Brunswick qui, en 1792, avait provoqué la réaction parisienne conduisant à la journée du 10 août et à la chute de la royauté. Pour Bonaparte, les Français ne veulent pas du retour de la monarchie, du moins telle que Louis XVIII la conçoit.
    Pourtant, ce dernier croit en une prochaine restauration. Trois jours après sa lettre à Bonaparte, il signe les lettres patentes instituant officiellement le Conseil royal de Paris, déjà en activité depuis un an, sous l'égide de Royer-Collard. Ce conseil « serait autorisé à se convertir [ ... ] en conseil de gouvernement » si les événements s'accéléraient. Dans l'immédiat, son rôle essentiel reste d'adresser des rapports au roi sur la situation française. À la différence de l'agence anglaise d'Hyde de Neuville, il n'organise ni complot ni action armée, mais se contente de faire connaître à Louis XVIII la situation du pays. Ainsi, le 27 février 1800, Royer-Collard lui adresse un rapport qui ne pouvait que le conforter dans ses projets de retour en France : « Le malaise général augmente chaque jour », pouvait-on y lire. Néanmoins, la répression contre le mouvement royaliste, qui touche en particulier l'agence anglaise, contraint le Conseil royal à la prudence. Il se dissout officiellement le 25 mai 1800, mais dans la pratique, il se met en sommeil, poursuivant 101
     
    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    l'envoi de rapports à Louis XVIII jusqu'en décembre 1803. La victoire de Marengo ébranle donc fortement les espoirs de

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